L’information est tombée mercredi 14 juin 2017, presqu’au même moment où était rendue publique la réplique du gouvernement rd congolais contre les sanctions européennes visant des personnalités politiques proches du pouvoir de Kinshasa. Alexis Thambwe Mwamba, le ministre d’Etat en charge de la justice et garde des sceaux, en séjour en Europe justement, est poursuivi par la justice du Royaume de Belgique. Non pas pour son action au sein des gouvernements rd congolais dont il fait partie depuis le 1er ministre Matata Ponyo. Ni, encore moins, pour son passé mobutiste-kengiste. Non.
Thambwe Mwamba, c’est pour avoir revendiqué, au nom de la rébellion du RCD/Goma dont il avait fait partie avec tant d’autres personnalités aujourd’hui passé à l’opposition katumbiste comme… Endungo Bononge, l’attaque par missile d’un avion de ligne de Congo Airlines. Une compagnie rd congolaise d’avion privée, qui comptait justement José Endundo Bononge parmi ses actionnaires.
Un avion abattu par l’armée du RCD pro Kigali
Les faits reprochés au plénipotentiaire rd congolais de la justice remontent à 1998, lorsque les troupes du RCD pro Kigali approchent de la ville de Kindu, dont décolle l’aéronef avec une cinquantaine de personnes à son bord, des civils essentiellement, qui fuyait l’approche des rebelles. Le Boeing 727 est atteint par un tir de missile Sam 7 tiré par des éléments de troupes qui, on le sait aujourd’hui, étaient encadrés par l’Armée Patriotique Rwandaise de Paul Kagame.
Porte-parole de cette rébellion portée à bouts des bras par Kigali, dirigée par des hommes de paille comme Ernest Wamba dia Wamba, Dr Ilunga et autres, que coachaient dans l’ombre des éminentes grises du régime de Kigali comme les Ruberwa Azarias, Thambwe Mwamba avait justifié l’abattage de l’avion par le fait qu’il aurait transporté des renforts de Kinshasa sur Kindu.
Bruxelles déterre donc un dossier qui date de près de 20 ans aujourd’hui, et engage des poursuites contre un exécutant de bas rang, dont il est quasi certain qu’il n’avait aucune emprise sur des troupes dirigées par le Général rwandais James Kabarebe. Une mauvaise direction de l’action judiciaire, comme diraient les juristes, compte tenu du fait qu’il devrait s’avérer impossible d’établir de lien de commandant à commandés entre Alexis Thambwe Mwamba et les troupes au sol. Mais là n’est sans doute pas la préoccupation de la justice belge qui, en l’espèce, se révèle extrêmement dépendante du politique.
Mauvaise direction de l’action judiciaire
Par l’Union Européenne interposée, dont elle instrumentalise manifestement les représentants, la Belgique s’est récemment lancée dans une série de sanctions contre des personnalités politiques du régime en place à Kinshasa.
Des officiers généraux de l’armée et de la police, des responsables des services de sécurité et des membres du gouvernement se sont vus interdits de séjours dans l’Union Européenne, de même que leurs avoirs sur le vieux continent ont été gelés. Des sanctions dites ciblées qui ont en commun avec les poursuites engagées contre Alexis Thambwe Mwamba, le fait qu’elles visent des exécutants.
Dans l’affaire Thambwe Mwamba, les poursuites ont été annoncées au moment où l’homme était censé séjourner à Bruxelles (Uccle). Les autorités belges, qui ont confié le dossier à un juge, Michel Claise, qui a déjà eu maille à pâtir avec le ministre rd congolais dans une autre affaire, espéraient manifestement interdire au ministre de la justice de quitter le territoire belge. Mais l’homme se trouverait déjà en Suisse au moment du déclenchement des procédures, selon des sources crédibles dans son cabinet.
Effusion dans la motivation des poursuites
Les motifs justifiant l’ouverture d’un dossier à charge d’Alexis Thambwe Mwamba ne paient pas de mine. Un certain M. Rachidi, dont le frère a trouvé la mort dans le Boeing abattu le 18 octobre 1998, aurait déposé une plainte pour crime contre l’humanité. « J’ai reçu des procurations de plusieurs familles qui ont aussi perdu les leurs dans ce tir de missile », explique-t-il à nos confrères de La Libre Belgique. Mais ce n’est pas tout.
Parce que la plainte porte aussi sur … des détournements de biens publics rd congolais, selon le même sieur Rachidi : une fille de l’incriminé aurait remporté un appel d’offres en RD Congo pour la distribution des repas dans les prisons. Et la justice belge se saisit de l’affaire en poursuivant le père d’une adulte.
Impossible de ne pas s’apercevoir que derrière l’affaire Thambwe Mwamba s’affairent les néolibéraux au pouvoir en Belgique, Moïse Katumbi Chapwe, leur candidat à la présidence de la République, et sa plate-forme politique dont fait partie José Endundo Bononge, le propriétaire de l’aéronef abattu en 1998.
Un lapsus du quotidien bruxellois est révélateur à cet égard. De Thambwe Mwamba, nos confrères rappellent non sans une pointe de rancœur que « c’est aussi lui qui était apparu sur les écrans de la RTBF l’été dernier pour dénoncer une tentative de coup d’Etat orchestrée par Moïse Katumbi, principal opposant à Joseph Kabila, avec l’aide de mercenaires dont le nombre fluctuait de 600 à …12 selon le média qui interrogeait le ministre.
Un seul ressortissant américain, Daryl Lewis, avait finalement été arrêté au Congo dans ce dossier. Lors de son séjour dans les geôles kinoises, l’homme avait été torturé avant d’être relâché sous la pression de Washington. En rentrant au pays, Lewis avait déposé plainte contre X, tout en visant le ministre de la justice Thambwe et le patron des services de renseignements, M. Kalev ».
« On se croirait en présence des véritables motivations des poursuites engagées contre un acteur politique qui était tout ce qu’on veut, sauf un commandant des troupes du RCD pro Kigali », commente auprès du Maximum une âme charitable qui lui a fait parvenir l’article de La Libre Belgique. Et on a de la peine à ne pas le croire.
Discrédits
Il reste qu’à force de tirer sur la corde des affaires intérieures de la RD Congo, avec force maladresses comme ces sanctions dont les motivations farfelues ne convainquent que les fanatiques d’une certaine opposition, la Belgique, vénérée par des générations de rd congolais se discrédite. Une partie de plus en plus grande de l’opinion publique découvre, désabusée, que le modèle colon, ce n’était que de la contenance de façade. Et leur fameuse justice, manipulable … comme partout au monde, finalement.
Sont également discrédités pour longtemps, ceux des acteurs politiques rd congolais qui offrent de servir une ancienne puissance coloniale réduite à sa plus simple expression en recourant à n’importe quelle magouille politico-judiciaire pour parvenir à ses fins. Même si peu ose se l’avouer aujourd’hui. Rien de flatteur dans la Belgique des Néolibéraux.

Le Maximum
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