Revêtue de sa plus belle robe, du moins dans la partie où des assaillants des événements du 17 mai dernier, lors de l’évasion spectaculaire enregistrée à Kinshasa avaient laissé leurs empreintes, la Prison Centrale de Makala a reçu, hier lundi, 26 juin 2017, la visite de la Ministre des Droits Humains, Marie-Ange Mushobekwa. C’était à l’occasion de la célébration de la Journée Internationale de Lutte contre la Torture. Dans sa ronde dans les pavillons 1, 7, 8, 9 et 10 pour mineurs, la ministre a pris son temps pour s’entretenir avec des détenus, parmi lesquels Eddy Kapend, le Colonel Mukalayi, le Député Franck Diongo, le Bâtonnier Jean-Claude Muyambo, Thomas Lubanga et tant d’autres. Au-delà de la détention, il appert qu’ils sont en pleine forme physique. C’est au pavillon des mineurs que la Ministre a été informés des cas aussi bénins, comme celui d’un enfant dont l’âge oscille entre 12 et 14 ans et qui a été placé en détention, pour avoir perdu trois bols de maïs, alors qu’il travaillait dans un moulin. Pour Mme la ministre, c’était donc une occasion d’exprimer sa solidarité et son soutien aux victimes de la torture sous toutes ses formes, non seulement de cette prison centrale située dans la capitale, mais à travers elle, toutes les prisons de l’ensemble du territoire et dans d’autres centres de détention. Dans son allocution devant un parterre des détenus ainsi que des responsables de cette maison d’arrêt, Mme la ministre a fait un distinguo parmi les victimes. « Parfois, les détenus sont victimes de torture, traitement cruels, inhumains et/ou dégradants de la part des gardiens de prison, mais aussi de la part des autres codétenus», a-t-elle fait savoir. Et, d’ajouter d’autre part, que certains détenus font également subir des actes de torture à certains personnels pénitenciers. Dans l’un comme dans l’autre cas, Mme Mushobekwa a dit avec fermeté que tous ces actes doivent cesser. C’est dire qu’il est envisagé une panoplie des sanctions, à l’endroit de tous les auteurs des actes de torture dans tous les milieux carcéraux à travers la République Démocratique du Congo. Par ailleurs, la ministre a annoncé la poursuite de la sensibilisation sur les actes contre la torture au courant de ce mois. Ministre des Droits Humains, Mushobekwa Likulia a informé la population carcérale que de concert avec le Ministre de la Justice, il sera déployé à la Prison Centrale de Makala, dès cette semaine déjà, une équipe constituée de l’Inspecteur Général Judiciaire ainsi que des Magistrats, pour évaluer la situation personnelle de chaque détenu. Pour finir, elle a promis une assistance en vivres et non vivres notamment, quelques matelas, pour le pavillon 9 où sont incarcérées les femmes lors de la célébration de la fête du 30 juin prochain. Ci-après, l’allocution de la Ministre.

Mesdames et Messieurs, Distingués invités ;

Je remercie toutes les Ongs ici présentes d’avoir répondu à l’invitation du Ministère des Droits Humains, en cette journée du 26 juin, décrétée par les Nations Unies pour le soutien aux victimes de la torture.

En effet, la République Démocratique du Congo a adhéré à la convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants le 18 mars 1996, à l’instar des autres Etats membres des Nations Unies. En 2010, elle a également ratifié le protocole facultatif se rapportant à ladite convention.

Le 11 juillet 2011, le Président de la République, Joseph Kabila, a promulgué la loi portant criminalisation de la torture en République Démocratique du Congo. Cette loi érige les actes spécifiques de torture en infraction autonome.

Cela traduit à suffisance la volonté des autorités congolaises de la nécessité de s’engager dans ce combat de tous les Etats membres des Nations unies, en vue d’éliminer totalement la torture dans le monde.

Justement, c’est dans le même ordre d’idées que j’ai choisi de venir commémorer aujourd’hui la journée internationale de lutte contre la torture, à la Prison Centrale de Makala, pour exprimer la solidarité et le soutien du ministère des Droits Humains aux victimes de la torture sous toutes se formes dans notre pays.

Nous sommes conscients que malgré l’application de la loi criminalisant la torture en République Démocratique du Congo, et que les juridictions congolaises se soient déjà approprié sa mise en œuvre à travers certaines décisions judiciaires qui ont condamné certains auteurs de torture, beaucoup de choses restent encore à faire.

Surtout ici, en milieu carcéral où, parfois les détenus sont victimes de torture, traitements cruels, inhumains et/ou dégradants de la part des gardiens de prison, mais aussi de la part des autres codétenus. D’autre part, certains détenus également font subir des actes de torture à certains personnels pénitenciers. Ceci sans compter certains cas d’abus sexuels en prison, portés à notre connaissance. Tout cela doit cesser.

Au-delà des discours, la seule manière d’éliminer la torture en milieu carcéral ; c’est la sanction. Nous allons demander la sanction contre tous les auteurs de torture à la prison de Makala ainsi que dans tous les autres milieux carcéraux à travers la République Démocratique du Congo.

Ce mercredi, 28 juin 2017, j’aurai l’honneur d’ouvrir ici à Kinshasa, un séminaire de renforcement des capacités des Officiers de Police Judiciaire ainsi que des Magistrats, dans la lutte contre la torture en République Démocratique du Congo.

Mais en attendant, mobilisons-nous tous ensemble, plus que jamais, pour lutter efficacement contre la torture sous toutes ses formes.

Je vous remercie.

Marie-Ange Mushobekwa Likulia

Ministre des Droits Humains
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