* Intervenant hier sur TV5MONDE, Corneille Nangaa exclut l’hypothèse d’aller aux élections sans les deux provinces du Kasaï.

Dès lors que l’Accord du 31 décembre prévoit l’éventualité d’un report de scrutin, il appartient désormais à la classe politique de créer des conditions d’un compromis pour des élections crédibles et apaisées.

A cinq mois et 21 jours, est-il encore techniquement possible d’organiser les élections en RD Congo avant le 31 décembre 2017 ? Si la question était directement posée à Corneille Nangaa, il y répondrait sans doute par la négative. Non sans raisons. Le Président de la Commission électorale nationale indépendante évoque des contraintes techniques rendant impossible la tenue effective des élections cette année. Soit au plus tard décembre prochain, conformément à l’Accord de la Saint sylvestre. Depuis, la tension monte dans le camp de l’opposition.
Pour les sociétaires du Rassemblement, le délai doit être maintenu. En d’autres termes, le scrutin ne devra, sous aucun prétexte, être repoussé d’un seul jour ! Par contre, les acteurs politiques de la coalition au pouvoir soutiennent la démarche de la CENI. Dans leur argumentaire, les dignitaires de la Majorité présidentielle mettent en exergue, les difficultés techniques auxquelles se bute présentement la Centrale électorale. Au nombre de celles-ci, figure notamment le retard dans l’opération d’identification et d’enrôlement dans la province du Kasaï. L’opinion sait qu’à cause de l’insécurité créée par des actions terroristes des miliciens Kamuina Nsapu dans cette partie du territoire national, la CENI s’est vue dans l’incapacité d’y mener les opérations préélectorales.

DEJA 33 MILLIONS D’ELECTEURS ENROLES
Le temps passe vite. Et même très vite. Aux yeux de l’Opposition, le mois de décembre prochain passe pour l’échéance butoir. Un point de vue que partage l’Eglise catholique locale qui maintient la pression sur le pouvoir en place. Toujours à ce même sujet de la tenue des élections, une autre pression est celle des puissances occidentales. En tout cas, sans user d’un moindre euphémisme, des lobbys européens insistent sur le respect de la date de l’organisation du scrutin, conformément à l’Accord du 31 décembre dernier.
En sus de la pression de l’Eglise catholique, la réunification du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement demeure à ce jour une chimère. Eclatée en deux ailes (Limete et KasaVubu), cette méga plateforme de l’Opposition Genvaliste ressemble présentement à un dragon bicéphale. Fort de ce tableau partiellement peint, nombre d’observateurs se demandent si les Congolais doivent absolument aller aux élections dans ce contexte de pressions.
Evoquant la situation dans le Kasaï, les mêmes analystes pensent qu’il serait de mauvais droit, d’organiser les élections avec une partie du pays, à l’exclusion d’une autre. " La province du Kasaï étant une partie de la RD Congo, on ne saurait en même temps prétendre organiser un suffrage universel et ne faire participer les Congolais du Kasaï au vote ". Légitime.
Interrogé sur la question du Kasaï hier dimanche 9 juillet sur le plateau de TV5MondeAfrique, Corneille Nangaa s’est voulu le plus clair possible. " Les deux provinces du Kasaï constituent 10% de l’électorat. Et donc, par principe d’équité et d’inclusion, l’hypothèse d’organiser les élections sans l’électorat Des deux Kasaï n’est pas à envisager ", précise le numéro 1 de la centrale électorale rd congolaise. Selon Corneille Nangaa, l’opération d’identification et d’enrôlement des électeurs dans les deux provinces du Kasaï sera lancée dans les prochains jours. " Il n’y a pas que les eux Kasaï. Mais aussi, deux territoires de la nouvelle province du Haut-Lomami, issue du démembrement de l’ex-Katanga ", renchérit-il.
En attendant la clôture des opérations préélectorales en cours dans certaines provinces et leur lancement dans les entités indiquées ci-dessus, Corneille Nangaa déclare que la CENI a franchi le cap de 33 millions d’électeurs identifiés et enrôlés. " En termes de listes, ces chiffres représentent 80% de l’ensemble ", précise le Président de la Ceni.

LE REPORT NE VIOLE PAS L’ACCORD
Un vieux principe soixante-huitard renseigne qu’ " il est interdit d’interdire ". Il s’agit, pour le coup, du débat actuel sur l’éventualité d’un report des élections en RD Congo. La question est de savoir si l’ajournement du scrutin énerve l’Accord du 31 décembre. Sur ce point précis, Corneille Nangaa salue le travail abattu par les acteurs politiques autour de l’épiscopat catholique. En même temps, il invite les parties prenantes signataires dudit compromis politique, à revisiter l’esprit et la lettre de ce texte.
Corneille Nangaa rappelle que l’Accord du 31 décembre n’exclut pas la possibilité de reporter les élections. " La Ceni est la seule institution technique chargée de l’organisation des élections. A la fin des opérations préélectorales, le Gouvernement, le Conseil national de suivi de l’Accord (CNSA) et la Ceni devront procéder à l’évaluation, préalable à l’élaboration du calendrier électoral ", poursuit le numéro 1 de la centrale électorale.
Or, il se trouve qu’à ce jour, on en est encore au stade des tractations sur la désignation du Président et des membres du Cnsa. Par conséquent, le retard connu dans la mise en place de cette institution d’appui à la démocratie, ne peut que se répercuter sur la suite du processus. Logiquement donc, en l’absence du Cnsa, le Gouvernement et la Ceni ne sauraient seuls évaluer le processus électoral en cours.
Il n’y a pas eu d’élections en décembre 2016, il n’en y aura pas non plus en décembre prochain…de report en report, cette situation ne va-t-elle pas se détériorer ? A cette question de la presse, Corneille Nangaa répond sans détours : " La situation ne va pas dégénérer. Nous sommes devant la première chance d’une alternance démocratique apaisée. On ne peut pas aller aux élections sans une partie du pays (Ndlr : les deux Kasaï et les deux territoires du Haut-Lomami). Nous avons 90 jours pour identifier et enrôler les électeurs dans chaque province. L’étape du Kasaï bouclera la boucle des listes électorales. A la fin, le calendrier sera proclamé ",ajoute déclare Corneille Nangaa.
A tous égards, le report de l’élection est prévu dans l’Accord de la Saint sylvestre. Il n’énerve donc en rien ce compromis politique qui fait office de bréviaire en cette période de transition en RD Congo. " En ma qualité de Président de la Ceni, je serai fier de présenter le nouveau Président de la république élu, les nouveaux députés nationaux et les nouveaux députés provinciaux ", conclut Corneille Nangaa. Le report des élections étant désormais une évidence, il appartient à la classe politique de créer les conditions d’un consensus.
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