* Dans la perspective de la prochaine élection présidentielle, cette question sera, sans doute, la grande interrogation dans les mois à venir.

L’Opposition politique en RD Congo ressemble depuis peu à un candélabre. Plus métaphoriquement encore, on dirait qu’elle s’apparente à un « monstre » à plusieurs têtes. Une Opposition plurielle, moule de plusieurs cartels aux idéologies parfois clair-obscur et contradictoires. Moralité : à chaque acteur se réclamant de l’Opposition en RD Congo, son Opposition. Un clin d’œil, même furtifsur la classe politique du pays cher à Joseph Kabila, suffit pour comprendre tout le reste.

Historiquement, tout semble être parti des premières élections démocratiques post- Mobutu, organisées enjuillet 2006. Sur le terrain, les réalités sont bien évidentes. Le très emblématique et charismatique leader Etienne Tshisekedi, pour raison de santé, n’est candidat à aucune élection. Mais bien avant cela, il lance un appel au boycott du processus électoral à tous les Congolais. Pendant que l’opinion s’interrogeait constamment sur le candidat de l’Opposition, en l’absence d’Etienne Tshisekedi, c’est alors que Jean-Pierre Bemba Gombo arrivait au-devant de la scène.
Fils du défunt président du patronat Zaïrois, Jeannot Bemba Saolona, Jean-Pierre Bemba postule comme candidat Président de la République, sur les 33 en lice. A l’issue du 1er tour du scrutin, il est classé 2ème, avec un score de 20,3%, après le candidat Joseph Kabila, qui réalise 44,81% des suffrages exprimés. Par conséquent, les deux meilleurs perdants s’affrontent au second tour de l’élection en octobre 2006. Depuis, une faction de l’opinion nationale lui fit porter la couronne royale de l’Opposition.
Cependant, après son arrestation le 24 mai 2008 et sa remise à la Cour pénale internationale (CPI), le 3 juillet de la même année, Jean-Pierre Bembalaisse derrière lui une Opposition acéphale et presque totalement déstructurée. Entre 2006 et 2011, l’Opposition traverse,sinon une sorte de dépression, du moins, un moment de passage à vide. Toujours pas de porte-parole qui serait son Candidat naturel à l’élection présidentielle de 2011. Remis de ses ennuis de santé, Etienne Tshisekedi pose sa candidature parmi les 11 postulants à la présidentielle. Comme en 2006, dix candidats de l’Opposition doivent affronter, cette fois-ci, Joseph Kabila, candidat unique de la Majorité présidentielle au pouvoir. On connaît la suite.

L’ENTREE EN SCENE DE KATUMBI COMME OPPOSANT
Quelque trois années après le scrutin de 2011, soit en 2014, une défection de taille nait au sein de la MP. Moïse Katumbi Chapwe quitte son ancienne famille politique. Par conséquent, il démissionne de ses fonctions de Gouverneur de l’ex-province du Katanga. En même temps, nait une nouvelle plateforme de sept partis politiques : le G7. D’où, l’arrivée d’un nouvel opposant : Moïse Katumbi.
L’homme n’est donc pas n’importe qui. Acteur politique très connu aussi bien en Afrique qu’à travers le monde, Moïse Katumbi Chapwe est un grand homme d’affaires. Ancien Gouv de l’ex-province cuprifère de la RD Congo, au Sud-est du pays, Moïse Katumbi Chapwe doit aussi sa célébrité au très renommé club lushois, le Tout-Puissant Mazembe Englebert, qu’il dirige depuis plusieurs années. Même s’il n’a pas été physiquement présent à Genval, Moïse Katumbi a été cependant aux côtés d’Etienne Tshisekedi, le grand ordonnateur de la grand’messe de la banlieue bruxelloise.
Présentement, au pays tout comme dans la plupart des capitales occidentales, Moïse Katumbi est considéré comme l’unique candidat valable de l’Opposition au prochain scrutin présidentiel. Dans ses escarcelles, il a le Groupe de sept partis politiques (G7) et l’Alternance pour la République (AR). Loin d’être un procès d’intention, Moïse Katumbi ne fait plus mystère de ses ambitions de postuler au sommet de l’Etat. Il le dit et le déclare plusieurs fois à la presse, chaque fois que l’occasion lui en donne.

FELIX TSHISEKEDI, L’HERITIER
La contreperformance de l’Opposition à l’issue de l’élection présidentielle de 2011, face au candidat unique de la Majorité présidentielle (MP) au pouvoir, a servi d’opportunité à ses ténors. Sonne alors l’heure de faire bloc. Etienne Tshisekedi bat le rappel de ses affidés à Genval. Ainsi naît la méga plateforme de l’Opposition, dénommée Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement.
Après le décès de l’incontestable et inamovible président national de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le 2 février 2017, l’Opposition, telle une tumeur, atteint sa phase de métastase. Le Rassemblement éclate en deux ailes. D’un côté, le groupe de Limete conduit par Félix Tshisekedi. De l’autre, le camp de l’avenue de l’Enseignement, dans la commune de Kasa-vubu, sous la conduite de Joseph Olenghankoy. L’aile dite Kasa-vubu ayant convolé en justes noces avec la Majorité présidentielle, à la faveur de l’application de l’Accord de la Saint Sylvestre, Félix Tshisekedi est resté le seul à incarner la frange du Rassemblement qui s’oppose au pouvoir.
Le vivant tenant le mort au vif, Fatshi a l’avantage d’avoir hérité de l’actif, notamment la base sociologique de son défunt père Etienne Tshisekedi. Il est, de fait, leader de l’UDPS. C’est à ce titre qu’il a été désigné Président du Rassemblement.

SINDIKA DOKOLO, PEU CONNU MAIS…
Aux côtés de Félix Tshisekedi et de Moïse Katumbi, voici depuis un certain temps, une nouvelle figure : Sindika Dokolo. Comme les deux acteurs politiques précédents, Sindika Dokolo n’est pas non plus n’importe qui. Certes, peu connu des Congolais, il est le fils du défunt Augustin Dokolo Sanu, homme d’affaires prospère que tout le pays et toute l’Afrique connaissent très bien. Il compte parmi ceux considérés comme nés avec une cuillère d’argent dans la bouche.
En plus de la fortune légendaire de son pater, l’histoire retiendra aussi que Sindika Dokolo a épousé la fille du Président sortant de l’Angola, Edouardo Dos Santos. Quand bien même qu’il n’aurait pas encore clairement exprimé ses ambitions politiques, Sindika Dokolo a été vu à la manœuvre à la rencontre de Chantilly, en France. Certains le considèrent comme l’inspirateur de cette réunion qui a décerné un certificat de naissance au « Manifeste congolais ».C’est tout comprendre.
Tout bien considéré, les Congolais voient venir trois grandes figures, prétendant le poste de leader de l’Opposition. L’enjeu, si pas la grande question, est celle de savoir qui de Félix Tshisekedi, de Moïse Katumbi ou de Sindika Dokolo, incarnera l’Opposition politique en RD Congo ? Qui s’effacera au profit de qui ? Ce sera sans doute la grande question des mois à venir. En tout cas, du côté de l’Opposition.
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