Participants actifs à la rencontre qui vient de réunir, à Chantilly dans la région parisienne, des activistes de la société civile par les mêmes lobbies qui ont constitué le Rassemblement, les évêques catholiques étaient plutôt au cœur de cette messe où son fameux plan « B » vient de prendre corps à travers le manifeste signé à Paris.



Comme le plan « B » des catholiques, ce manifeste prévoit l’éviction de Kabila et la désignation d’un animateur d’une transition pour l’organisation des élections. Si le manifeste ne cite pas cet animateur, le plan « B » de la Cenco, lui, désigne nommément Mgr Marcel Utembi. Des ressemblances que vient corroborer la dernière déclaration de la Cenco qui, aujourd’hui, résonne comme le déclencheur de la croisade tant évoquée par les calotins.

En date du 30 janvier 2017, congovirtuel.org avait publié en exclusivité un document présenté alors comme le fameux plan « B » que la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) évoquait à répétition chaque fois qu’il s’observait un blocage dans les négociations qu’elle menait sur demande du Président de la République. Ce document était obtenu de source généralement hors de soupçons et intitulé « les dix points de l’accord proposé », avec un sous-titre : « Dialogue conduit par la Cenco et le Rassemblement », ce dernier étant autrement identifié comme « alliés ». Le document portait la signature de Mgr Marcel Utembi, Président de la Cenco, et était daté du 8 décembre 2016. Il se présentait comme une alternative, le fameux plan « B », a un éventuel échec des négociations que les évêques catholiques avaient de la peine à faire aboutir et qu’ils échoueront, plus tard, à faire aboutir.



Le résumé du plan « B » de la Cenco

Ce document faisait des projections suivantes en résumé : Kabila « Président représentatif » sans contrôle du Gouvernement et des autres institutions, Mrg Marcel Utembi « leader de la transition et Chef du Gouvernement » au plus tard le 19 décembre 2016 et avec comme seule « autorité supérieure » le peuple congolais jusqu’à l’entrée en fonction du prochain Président ; les Ministres suspendus dès le 20 décembre 2016 au profit des membres de la Cenco qui auront pour titres « gestionnaires de ministère » jusqu’à la mise en place du nouveau gouvernement issu des élections ; la Cenco dirigée par Mgr FridolinAmbongo de Mbandaka-Bikoro comme certificateur de la seule élection présidentielle projetée pour juin 2017 ; période de transition de 6 mois allant du 19 décembre 2016 à la fin du second mandat du Président Kabila, etc. (Pour toutes fins utiles, ce document peut être consulté à ce lien : http://congovirtuel.org/index.php/photos/110-revelations-voici-le-plan-b-de-la-cenco-qui-fache )

La publication de ce document qui, du reste, avait fait le buzz sur la toile, avait suscité une vive réaction de la Cenco à travers un communiqué de son chargé de communication. Celui-ci sera relayé, quelques temps plus tard, par une autre déclaration tout aussi virulente de M. Crispin Nlanda, Président du CALCC. Tous en dénieront l’authenticité, préférant la considérer comme un montage visant à ternir l’image de l’église catholique.

Il ne reste, cependant, pas moins que le contenu de ce document traduisait, de manière troublante, les préoccupations de l’église catholique dont les princes n’avaient de cesse de promettre un plan « B » au-delà des conciliabules entre politiciens, conciliabules dont ils ne cachaient plus leur dépit face aux atermoiements des uns et des autres. Ces préoccupations se traduisaient également dans les différents messages issus des réunions des évêques catholiques.



Plan « B » et manifeste de Paris : tout en un

Le tout dernier de ces messages, intitulé, résonne comme le déclenchement d’une croisade qui tentait tant l’église catholique. Et les événements qui ont suivi sa publication sont venus conforter les observateurs dans leurs appréhensions. Une conviction assise aussi bien sur les personnages en action que sur le discours et les objectifs d’une ressemblance troublante. L’élément central de tout ceci n’est autre que la réunion qui vient de réunir à Chantilly, dans la région parisienne en France, des membres de la société civile, réunion à laquelle la CENCO a activement pris part. Ce n’est, d’ailleurs, pas la première fois que l’église catholique s’implique dans ce genre de démarches. Elle l’avait fait une fois à l’île de Gorée au Sénégal avant de récidiver à Limete, au conclave du Rassemblement qui était encore uni à l’époque.

Ici comme là-bas, et hier comme aujourd’hui, le fil conducteur est demeuré le même, s’enlaçant autour d’une logique tout aussi commune : faire partir Kabila du pouvoir, organiser une transition en dehors des principes constitutionnels en vue d’une transition devant servir à l’organisation des élections pour désigner de nouveaux animateurs, à commencer par le Président de la République.

Mais la réunion de Chantilly a ceci de particulier qu’elle se présente comme la manifestation, ou la matérialisation du fameux plan « B » de la Cenco qui, désormais, est déclenchée. Le manifeste issu de cette réunion traduit, à quelques détails près, le cheminement ou les projections de la Cenco contenu dans son brûlot publié en son temps par congovirtuel.org.



« Debout congolais » : le déclencheur de la croisade

En effet, comme la Cenco dans sa toute dernière déclaration, le manifeste signé à Paris dans les locaux de la FIDH par d’un constat selon lequel les élections ne pourront plus se tenir en décembre prochain comme prévu dans l’accord de la St Sylvestre. Comme dans la même déclaration de l’église catholique, les signataires de ce manifeste attribue cette situation à Kabila qu’ils décident de démettre. Et comme projeté dans le plan « B » de la Cenco, mais avec quelques différences, Joseph Kabila doit être remplacé, pour une période de transition, par une personnalité que seul le peuple va désigner, mais le manifeste n’indique pas par quel mécanisme cela se ferait. Mais le plan « B » de la Cenco propose déjà de confier la direction du pays à Mgr Marcel Utembi.

Dans les deux cas, ces projections sont basées sur un retentissant appel à la mobilisation des populations sur base de l’article 64 de la Constitution. Et ce n’est certainement pas un hasard que vient de naître, à Londres et dans cette même période, un mouvement dit « citoyen » appelé « les Congolais debout », pratiquement le même intitulé de la dernière déclaration des évêques catholiques.



Pourquoi la Cenco ?

En fin de compte, c’est avec raison que congovirtuel.org considérait récemment qu’à Paris, la Cenco venait d’ouvrir officiellement sa croisade politique contre Joseph Kabila. L’on comprend, dès lors, pourquoi les évêques catholiques avaient délibérément joué de leurs stratagèmes pour faire échec au dialogue de la cité de l’Union africaine avant de prendre la conduite des négociations du Centre Interdiocésain sans les faire aboutir, pendant que, tout au long de ces négociations, les mêmes évêques n’avaient de cesse à manifester des penchants partisans plutôt curieux.

Mais on peut se demander ce que la Cenco pouvait bien faire au milieu de tous ces activistes qui, pour la grande majorité, sont des jeunes fougueux connus pour leur arrimage aux lobbies occidentaux dont, particulièrement l’Open Society Foundation, l’Usaid ou encore la Fondation Carter qui financent des mouvements comme Filimbi et Lucha. La raison en est simple : la Cenco a un profond encrage sociologique à travers le Congo et constitue ainsi une force morale, fédératrice et mobilisatrice dont les stratèges occidentaux ont besoin pour drainer des foules. Exactement comme ce fut le cas avec l’Udps qui fut détournée des négociations de la cité de l’UA pour aller apporter son poids sociologique au nouvel attelage des politiciens fédérés au sein du Rassemblement. Même si, aujourd’hui après la mort de Tshisekedi, l’Udps s’est nucléarisée.



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