C’est hier lundi 4 septembre que le Gouvernement congolais a donné le go de la rentrée scolaire 2017 - 2018. ’’Comme c’est le cas à la veille des rentrées des classes de vingts dernières années, les principaux syndicats des enseignants ont appelé au boycott, en déclenchant une grève générale pour inciter les gouvernants à répondre positivement à leurs revendications’’, ricane un analyste politique congolais. Sur le terrain, les bleus-blancs ont été quasiment invisibles aussi bien dans plusieurs écoles que sur les grandes artères de la ville de Kinshasa.

A l’école primaire EP3 Lemba Sud, mitoyenne à la paroisse catholique Saint Benoît, au quartier Terminus, le terrain est tout désert en ce début de matinée de lundi 4 septembre. Plusieurs classes sont vides et des cadenas sont bien visibles sur les différentes portes en bois. Seuls quelques enseignants et parents sont rassemblés en grappes et se taillent bavettes en toute tranquillité dans cette cour d’ordinaire animée.
Ici, aucun élève ne s’est pointé et les enseignants n’ont donc pas eu l’occasion d’aller donner cours. A la place, quelques administratifs s’activent à ranger des dossiers des écoliers sur des bancs disposés sur le terrain sablonneux, sous les regards curieux d’une dizaine de parents, venus remplir des formalités pour leurs enfants.

NON A L’APPEL DES SYNDICALISTES
Arrivé dans cet établissement scolaire dès les premières heures, M. Bivalu, Directeur de l’école, est à l’oeuvre en dehors de son bureau, donnant des injonctions à un administratif ici et discutant avec des parents là-bas. "Comme vous le voyez, la rentrée scolaire est bien effective dans notre école. Tous nos enseignants sont arrivés, bien que les élèves ne se soient pas pointés", nous déclare-t-il.
"Nous n’avons que faire de ces syndicalistes qui appellent chaque année au boycott de la rentrée scolaire pour convier, par après, les enseignants à vite reprendre le chemin de l’école, une fois que le Gouvernement leur aura glissé quelques billets. Que gagnent nos enseignants dans ces pourparlers entre syndicalistes et gouvernants ? Eh bien, rien. Car, la situation demeure pire qu’avant. Dans d’autres pays, quand les syndicalistes appellent à la grève, c’est à eux de s’arranger pour payer les enseignants qui demeurent à domicile", lâche le Directeur Bivalu, visiblement hostile au boycott de la rentrée scolaire.

HALTE AU MARCHE DES DUPES !
Plusieurs autres établissements scolaires de Lemba et ceuc d’autres communes de Kinshasa ont connu la même ambiance hier. Dans des écoles publiques comme Sainte Christine et Armée du Salut, dans la commune de Makala, aucune activité n’était au rendez-vous. On ne pouvait voir ni élèves ni enseignants. Même constat à l’Institut presbytérien, à l’école kimbanguiste et à l’école de l’Armée du salut au niveau de rond-point Ngaba. La rentrée scolaire n’était pas non plus effective à l’Institut de Selembao (IDS) et à l’Institut littéraire de Selembao (ILS).
Abordés, certains enseignants des écoles conventionnées et publiques nous ont déclaré qu’ils suivent à la lettre le mot d’ordre des syndicalistes. Enseignant à Kitokimosi, dans la commune de Selembao, M. Kitumba Charles a été formel à ce propos : "Nous avons suivi le mot d’ordre de notre syndicat le Syeco. Nous ne reprendrons les cours qu’avec le mot de nos responsables…".
Enseignant du primaire dans une école officielle à Yolo, Pierre Nkum se montre sceptique lorsqu’il nous brandit son papier contenant le mot d’ordre de grève. "Chaque fois que nous sommes en grève, le Gouvernement nous propose toujours une amélioration des salaires. Mais, dès que nous reprenons les cours, ils n’accomplissent pas leur promesse. En cette année, nos syndicalistes nous ont demandé de suivre le mot d’ordre jusqu’à la prochaine réunion, prévue pour le 15 septembre ".
"En ce premier jour, le mot d’ordre a été suivi à la lettre, se réjouit toutefois Pierre Nkum. Notre souhait est que le Gouvernement change son attitude, qui consiste à tromper les enseignants chaque fois que nous allons sur la table de négociations".
Bien ailleurs, dans certaines écoles publiques, les enseignants et leurs élèves ont choisi de faire "l’école buissonnière". Sans nécessairement s’occuper du mot d’ordre des syndicats. A Ngaba, par exemple, les écoles comme Institut Into Ngaba, St Adrien et Institut Bulambemba, élèves et enseignants étaient absents.

LES PROBLEMES DE CONJONCTURES
Bien sûr, il y a eu le mot d’ordre de grève que certains syndicats n’avaient pas encore levé. Notamment, la Synergie des syndicats des enseignants et le Syeco. Mais pas seulement. Il y a aussi le problème de conjoncture. Des parents ont gardé leurs enfants à la maison, faute de moyens. Fonctionnaire de l’Etat, Luampula Georges, affirme attendre avoir un peu d’argent pour envoyer ses trois enfants à l’école. Son salaire du mois d’août n’ayant pas encore été payé jusqu’au jour de la rentrée scolaire. Il continue ainsi à se débattre pour que sa progéniture reprenne le chemin de l’école.
Pour leur part, les élèves se plaignent de ne pas disposer encore d’objets classiques, et surtout des frais de scolarité… Elève en sixième année littéraire, Charlotte Kadima ne s’est pas rendue en classe, estimant qu’elle n’avait pas encore des frais pour payer à l’école. "J’attends que mon père m’offre l’uniforme et les objets classiques, en plus du minerval", a-t-elle confié à Forum des As.
Résidant dans la commune de Ngaba, Mme Sylvie Ndomba a jugé utile d’accompagner sa fille à l’école, au quartier Malandi, à Matete. Mais, l’un des responsables de l’école lui a demandé de rentrer avec sa fille, l’avertissant qu’une menace d’insécurité entourait la rentrée scolaire. Elle a, dès lors, dû rebrousser chemin avec sa fille.
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