Jamais dans l’histoire récente de la nation congolaise la Saint Église n’aura autant pris position. Dupée par le pouvoir du président Joseph Kabila, en faisant d’elle l’artisan d’un glissement sans fin, l’Église Catholique lance la révolte et se positionne à présent à la tête d’une fronde qui prend de l’ampleur.
Laurent Mosengwo Pesinya, vieux cardinal vénéré de Kinshasa à Vatican et fin connaisseur des arcanes politiques congolaises, en tête, la CENCO ou encore son autre hydre du Comité Laïc de Coordination (CLC), viennent de mettre en place une véritable prise en tenaille du pouvoir congolais. L’archevêque de Kinshasa ne cache plus sa posture contre Kabila. Il demande au « médiocre » de quitter. Avant lui, le CLC a mis sa menace en exécution en se déployant dans les rues de Kinshasa le 31 décembre dernier, d’une manière comme jamais vue.
Forte présence des diplomates occidentaux à une messe de Monsengwo dédiée aux victimes du 31 décembre, désormais "jour des martyrs de l’accord de la Saint-Sylvestre" https://t.co/HNWJFp1NdS— POLITICO.CD (@politicocd) January 12, 2018
Loin des manifestations avortées de l’opposition en perte de vitesse, les Catholiques ont préféré jouer sur les symboles, piégeant Kabila en le poussant jusqu’à sortir les unités d’élite de sa garde personnelle dans les rues de Kinshasa, contre des prêtres et des fidèles armés que des chants. Les hommes en uniformes, en superpuissance et surexcités, ont même eu la gâchette facile, faisant plusieurs morts.
#RDC Les Catholiques appellent à une nouvelle marche pour le dimanche 21 janvier https://t.co/SLzXcZIbbA pic.twitter.com/sRcP2fBJ4w— POLITICO.CD (@politicocd) January 13, 2018
Nouveau rendez-vous pour le 21 janvier
Depuis, les catholiques ne décolèrent pas. Ils annoncent une nouvelle marche le 21 janvier, au point de mettre le gouvernement sur les nerfs. Pour autant, dès l’aube du 31 décembre, le Pouvoir a mis le CLC en garde contre toute nouvelle manifestation qu’il qualifie de tentative d’insurrection.
Par ailleurs, le mouvement incarné par les Catholiques constitue le plus grand danger pour Joseph Kabila, puisqu’il pourrait réussir là où l’opposition politique a échoué. L’Église n’étant pas à la merci de dédoublements et débauchages, elle constitue un adversaire redoutable pour la majorité au pouvoir .
De plus, les actions des Catholiques ont su se fondre au sein de l’opposition, qui n’a pas hésité à se joindre au mouvement, formant une très large coalition. Les mouvements citoyens, très actifs depuis le debut de la crise, apportent eux aussi leur soutien aux actions des Catholiques.
#RDC Tirs et panique après une messe des Catholiques à Kinshasa https://t.co/rrjxfxbixF pic.twitter.com/27CGh0iKCY— POLITICO.CD (@politicocd) January 12, 2018
Un ultime test est donné le 21 janvier prochain. Joseph Kabila doit une fois de plus faire face à la contestation populaire, tout en tirant les conséquences de la répression sanglante du 31 décembre; une situation qui place le Président congolais sur la mauvaise posture. De leur côté, les Catholiques devraient connaître une adhésion beaucoup plus importe que lors de la première manifestation. Le décor est planté pour un nouvel épisode dans cette lutte interminable.
Une chose reste cependant sûre, l’arrivée de l’Eglise dans la contestation contre Kabila vient peut-être de jeter les gerbes d’une révolution qui prend petit-à-petit forme.
Gaston Engbaka.