Comme l’on s’y attendait, c’est à un autre « bloody Sunday » qu’on a assisté hier, 21 janvier 2018, en République démocratique du Congo (RDC), trois semaines exactement après les tueries perpétrées le dimanche 31 décembre 2017 par les alguazils à la gâchette facile et à la solde de Joseph Kabila, suite à la manifestation qu’avait organisée le clergé catholique contre le maintien au pouvoir du dictateur sanguinaire.

Hier, c’est sous l’égide du Collectif des laïcs catholiques que des Congolais de Kinshasa et des autres provinces ont battu le pavé pour exiger du locataire du Palais de marbre, une déclaration sans ambiguïté sur sa décision irrévocable de ne plus rempiler à la tête de ce pays-continent, conformément à l’accord dit de la Saint-sylvestre arraché in extremis le 31 décembre 2016 par le Cardinal Laurent Monsengwo et les siens.

Cette manifestation, interdite comme les précédentes, a drainé du monde à Kinshasa même et dans les capitales provinciales ; ce qui a évidemment ulcéré les partisans de Kabila et donné l’occasion à la Police et à l’armée congolaises de démontrer encore une fois ce qu’elles savent faire le mieux, c’est-à-dire réprimer dans le sang, des populations civiles qui n’ont pour armes que leurs bibles, leurs chapelets et leurs sifflets.

Le bilan à l’heure où nous tracions ces lignes, faisait état de six morts, de blessés et de nombreuses arrestations.

En tout cas, les jours à venir risquent d’être particulièrement agités, d’autant que le dictateur Kabila semble jouer son va-tout pour rester au pouvoir après la date butoir du 23 décembre 2018, alors qu’en face, ce sont quasiment toutes les composantes sociopolitiques du pays qui sont vent debout contre la dictature qui s’est bonifiée, pardon, qui s’est avariée au fil des années.

Le glas pourrait bientôt sonner pour le « natif » de Hewa Bora
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le compte à rebours a commencé pour celui qui rêve toujours d’un troisième mandat, puisque ses soutiens traditionnels comme le Zimbabwéen Robert Mugabe et l’Angolais Dos Santos ne sont plus aux affaires, le Sud-africain Jacob Zuma est sur le point de faire ses valises, alors que l’Ougandais Yoweri Museveni, le Rwandais Paul Kagamé et le Tanzanien John Magufuli ne lui pardonnent pas son incapacité à faire régner l’ordre et la sécurité dans les provinces congolaises qui jouxtent leurs pays respectifs.

A l’intérieur même du Congo, c’est une coalition de plus en plus large d’opposants, qui entend désormais faire barrage aux velléités monarchiques de celui qui est entré dans l’histoire du pays par un cruel concours de circonstances, en remplaçant au pied levé son père au lendemain de son assassinat, il y a dix-sept ans presque jour pour jour.

La tâche sera d’autant plus difficile pour Joseph Kabila que cette fois-ci, ce sont les religieux qui mènent la fronde, avec l’Eglise catholique en première ligne.

Certes, ce n’est pas la première fois que les prélats congolais outrepassent leur devoir d’évangélisation pour opiner sur la vie politique de leur pays, mais cette fois-ci, ils ne portent pas de… soutane pour le faire, en demandant ouvertement au dicateur de débarrasser le plancher à la fin du « temps additionnel » qui lui a été donné pour préparer sa sortie.

Et quand les Musulmans et les Protestants, habituellement inaudibles sur les sujets politiques, ruent eux aussi dans les brancards, on peut dire que le glas pourrait bientôt sonner pour le natif de Hewa Bora, dans le Sud-Kivu.

La seule inconnue reste la manière dont il va plier bagage et sortir de la résidence présidentielle, c’est-à-dire s’il subira le sort de ses prédécesseurs qui ont quitté la scène de la manière la plus honteuse ou la plus violente possible, ou s’il fera preuve de réalisme et de lucidité pour abandonner la partie et favoriser l’alternance comme le lui demandent les religieux et les opposants politiques congolais, de même que la communauté internationale.

Mais à voir le déploiement hier à Kinshasa et dans les capitales provinciales des gardiens du Temple que sont la Police et l’armée, on peut imaginer que le quadragénaire, formé très tôt au métier des armes, ne remettra pas civilement le pouvoir à un candidat même régulièrement élu, quoi qu’il lui en coûte, puisqu’il a passé plus de la moitié de sa vie dans le maquis et dans le très luxueux palais de la Nation, son actuelle résidence officielle.

Une chose est sûre, s’il continue avec cette périlleuse option de répression tous azimuts, il risque de faire les frais d’un « coup d’Etat innovant », pour reprendre les termes de l’homme politique burkinabè Hermann Yaméogo, en référence à la destitution de Robert Mugabe par la hiérarchie militaire du Zimbabwe.

La pression conjuguée et grandissante de la communauté internationale, de l’opposition politique, des religieux et de la société civile congolaise sera fatalement intenable et pourrait ouvrir les portes de l’enfer pour le « major-général » Joseph Kabila, du moins s’il ne renonce pas, dans les meilleurs délais, à son désir suicidaire de ruser avec son peuple et avec la Constitution de la RDC. A bon entendeur, salut !

HG/LP/LC
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