Une semaine après la marche des catholiques du 31 décembre en République démocratique du Congo et la répression brutale par les forces de l’ordre, les fidèles étaient de retour en masse dans les églises pour apporter leur soutien aux prêtres et “pour dire que le temps n’est plus à la négociation”, nous explique un fidèle.
Dans la plupart des églises, les prêtres ont tiré à boulets rouges sur le pouvoir en place. Dans nombre de paroisses, les prêtres n’ont pas hésité à citer nommément certains acteurs politiques qui ont, selon eux, des responsabilités évidentes dans les événements de ces dernières semaines.
Les curés ont lu une lettre du cardinal Monsengwo, redevenu, depuis ce début d’année, le chantre de l’opposition au régime. “A la lecture de ce texte, chaque phrase, chaque mot était repris par les fidèles très déterminés”, poursuit un autre fidèle qui avoue qu’il avait “un peu déserté les cultes depuis un an et la signature de l’accord de la Saint-Sylvestre entre la majorité présidentielle et l’opposition sous l’égide des évêques de la Cenco. Ils se sont fait rouler par le régime. C’était prévisible mais ils n’ont rien entendu. Cette fois, les choses ont changé. Le temps n’est plus à la négociation.”
A la sortie de la messe, nombre de fidèles, qui n’ont pas lésiné sur les applaudissements durant l’office, ont supplié les curés de ne pas retourner à la table des négociations.
Une négociation que le président hors mandat Joseph Kabila aimerait pourtant relancer, lui qui, sans publicité, tente de renouer le contact avec le cardinal Monsengwo. Samedi, c’est son directeur de cabinet, Néhémie Mwilanya Wilondja, qui a tenté d’intercéder en faveur d’une rencontre entre son patron et le cardinal. Comme d’autres avant lui, il s’est vu éconduire.
Durant l’office, les prêtres ont rappelé qu’ils allaient poursuivre leur “opération cloches” du jeudi qui consiste à faire sonner les cloches de toutes les églises du pays, tous les jeudis à 21 heures pour demander le respect de l’accord de la Saint-Sylvestre et l’alternance à la tête de l’Etat, et donc le départ de Joseph Kabila. “Cette opération est devenue une obligation, sourit un prêtre, contacté ce dimanche en début d’après-midi. “Ceux qui ne respecteront pas le mot d’ordre devront se justifier auprès de leurs supérieurs.”
Rendez-vous le 12 janvier
L’église catholique congolaise n’entend pas laisser retomber la pression. Outre “l’opération cloches” de jeudi, les prêtres ont donné rendez-vous vendredi 12 janvier à 10 heures du matin, à la cathédrale Notre-Dame du Congo sur le boulevard du 24 novembre pour une messe en mémoire des martyrs tombés ce 31 décembre lors de la marche des catholiques. Toutes les églises de Kinshasa ont lancé l’appel à la mobilisation pour ce rendez-vous de prières et de recueillement. “Notre action est et demeure pacifique”, poursuit le prêtre. “Mais l’histoire nous donnera raison. Le régime a trop tué, trop affamé, il faut que cela change. Le temps des Kabila est révolu. Le peuple se prend en mains et personne ne l’arrêtera.”
Tout est parti d’un courrier des laïcs congolais qui demandaient le respect de l’accord de la Saint-Sylvestre et à Joseph Kabila de s’engager pour le 15 décembre à ne pas se représenter pour un troisième mandat non constitutionnel alors que son second mandat s’est terminé en décembre 2016. Une réponse qui n’est jamais venue. “Aujourd’hui, comme l’ont dit les laïcs au lendemain de la marche du 31 décembre, il n’y a plus de marche arrière possible. Kabila peut s’entêter. Il peut encore réprimer, tuer, mais la machine est en marche et l’issue de ce combat ne fait plus de doute. Il faut cesser de penser que les Congolais sont des peureux. Ils ont face à eux une machine répressive incroyable mais ils se sont levés le 31 décembre et personne ne les fera rasseoir comme des moutons.”
afrique.lalibre.be
LIENS COMMERCIAUX

[VIDEOS][carouselslide][animated][20]

[Musique][vertical][animated][30]

 
Top