Lors de sa toute fraîche parution devant la presse, un exercice d’une rareté accrue, Joseph Kabila a voulu aborder les choses de manière schématique, tel un professeur d’université confiant en ses acquis et connaissances.

Dans la pratique, on serait tenté de dire que le président congolais se sent un peu plus à l’aise dans son rôle. D’entrée de jeu, il commence par mettre à l’aise l’assistance. Une sorte de mise en confiance qui permet à l’adversaire de pointer le canon de l’arme plutôt vers le bas.

“Je n’aimerais pas que ça soit une Conférence de presse. Moi, je préfère que ça soit une conversation. On va appeler ça “une conversation avec le président”, pas nécessairement une Conférence de presse”.

En langage facile ça donne : “Je suis le président. Je me sens à l’aise dans mon fauteuil. Soyez de même à l’aise dans votre rôle”. Rideau.

Une sortie présidentielle pour le moins inédit non annoncée à l’avance : une quasi surprise au point que jusque 5 minutes avant qu’il ne fasse son entrée, personne n’était en mesure d’affirmer que c’est le président en personne qui prendrait la parole.

“ Personne n’est sûr ici que c’est Kabila qui devrait parler. On attend tous!” (Patient Ligodi, ACTUALITE.CD)

Casting et choix des mots plutôt réussis

Quand on connaît un peu Joseph Kabila, on sait qu’il est loin de ne rien maîtriser. Le président congolais s’est toujours montré à l’aise dans son rôle devant la presse. Une aisance qui se manifeste verbalement dans le choix de embrayeurs et déictiques qui confèrent à son discours un caractère privé.

“Je constate que depuis plusieurs années, on vous a tout dit, alors tout sur le Congo, sauf la vérité. Alors d’une façon schématique et très brièvement, je donne mon point de vue et ma lecture de la situation, et ma position aussi, en ce qui concerne la situation politique”.

La vérité sur la RDC, le président la détient, en d’autres termes. Dans une pédagogie pensée et assimilée, Joseph Kabila donne sa leçon, dépeint le tableau, relève les faiblesses des adversaires et donne un signal : “je suis présent et bien installé”.

Élections ou développement, un choix à faire?

Quand Joseph Kabila parle de son avenir politique, il prend soin de ne pas le lier à son fauteuil pour ne pas donner l’impression de s’y accrocher. Vantant être le seul défenseur du “OUI” au référendum constitutionnel de 2005, il n’hésite pas à y renvoyer ses détracteurs. Il va même jusqu’à demander une copie du texte fondamental pour une consœur.

En réalité, le problème est plutôt ailleurs et Joseph Kabila ne va pas tarder à le révéler.

“Aujourd’hui, on tend vers la fin des opérations d’enrôlement dans le Kasaï. Nous sommes à plus ou moins 46 millions d’électeurs enrôlés. En Angola, c’était 20 millions. Nos frères juste en face (Congo Brazzaville, Ndlr), c’était 1,2 millions. Au Gabon, il y avait 500 ou 600 000, au Kenya, c’était 24 millions d’électeurs avec un taux de participation de 30 % , cela veut dire 8 millions d’électeurs. Donc, les élections dans ce pays la République démocratique du Congo, vu l’étendue, est une vaste opération et par expérience, nous avons l’obligation de préparer minutieusement ce processus. Le budget des élections est de 1,2 milliards USD. Je le dis assez souvent, les élections dans ce pays commencent à nous coûter beaucoup plus cher que même le développement du pays. À un certain moment, on sera obligé de lever l’option. Est-ce qu’il faudra que l’on soit cité à travers le monde comme le pays le plus démocratique ou bien est-ce que c’est le développement qui compte? Sinon, il faut trouver l’équilibre entre les deux”.

Une sortie des plus inattendues dans un contexte où une bonne partie de l’opinion lui conteste le droit d’être encore à son poste. Mais Joseph Kabila a appris sa matière et là, prend le courage d’avancer des perspectives politiques, et pas des moindres.

Le coût des élections se met en opposition du développement réclamé par tous. Et par conséquent, il faut choisir entre l’une ou l’autre, à défaut de trouver le juste milieu, pense le président congolais. Pour lui, la médaille de la plus grande démocratie importe peu face au besoin développement. Quitte à ne faire aucune élection? La question se pose au sein de l’opinion.

Mais le président a manqué de dire que le coût des élections fixé à 1,2 milliards par CENI couvre un cycle qui s’opère en 5 ans. En d’autres termes, sur un budget annuel de 6 ou 7 milliards USD, les élections prendraient plutôt un paquet de 220 millions l’année. C’est dire aussi que les différents gouvernements depuis 2011 n’ont pas pris soin de préparer ces importantes échéances.

“Prendre des options et des décisions les plus courageuses”

Face au défis des “élections qui commencent à coûter beaucoup plus cher que le développement”, Joseph a sa solution : “Il faut prendre des options et des décisions les plus courageuses pour ne pas tomber ou retomber dans la situation avec un budget d’1,2 milliard pour les élections, alors qu’on a un budget total de 6 ou 7 milliards USD”.

Quelles sont donc ses options et ces décisions à prendre?

Au sein de l’opinion, ça spécule. Le président irait-il jusqu’à bannir carrément les élections en RDC? Pas très sûr! Il faut probablement aller chercher du côté du mode du scrutin.

De l’avis des observateurs, la RDC se dirige droit vers le système parlementaire dite de Westminster, plus fréquent dans les pays du Commonwealth. Le président n’aura plus de pouvoir réel pour peser sur le pays. Il devrait se référer à l’avis de son premier ministre pour toute décision.

À voir avec quel sérieux la MP, PPRD en tête, semble prendre au sérieux la détermination d’une victoire parlementaire aux élections prochaines, il faudrait refuser d’ouvrir ses yeux pour ne pas voir le pot aux roses.

Jacques Kini

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