L’audience d’hier mardi 27 février, à la prison militaire de Ndolo, a essentiellement tourné autour de la prétendue réunion du 16 mai 2017. Le prévenu Kabangu Kazadi, propriétaire de la parcelle où s’est tenue cette rencontre, a affirmé devant le tribunal militaire de garnison Kinshasa/Gombe qu’il ne s’agissait nullement d’une réunion préparatoire de l’attaque de la prison de Makala. Il a soutenu que la présence de plusieurs personnes dans sa résidence en cette date s’expliquait par la levée du deuil de son petit frère, abattu le 11 du même mois au Kasaï. Un seul prévenu a comparu hier à la prison militaire de Ndolo. Huit préventions ont été retenues à sa charge. Le tribunal a précisé, d’entrée de jeu, son rôle présumé dans le Mouvement insurrectionnel Kamwina Nsapu, en offrant sa parcelle comme cadre de la tenue de la réunion préparatoire aux attaques qui ont endeuillé la mégapole congolaise des mai et juillet 2017. Répondant aux questions du tribunal, Kabangu Kazadi Pascal a nié en bloc les faits pour lesquels il est poursuivi. Il dit ne rien connaître des attaques du 17 mai 2017 à la prison de Makala, du 10 et du 29 juin aux Commissariats de la Police nationale congolaise de Mont Amba et de la Funa, du 14 juillet au Marché central de Kinshasa et bien d’autres. UNE RÉUNION CONSACRÉE AUX PRATIQUES FÉTICHISTES Il s’est dit ne plus avoir en tête un seul nom des membres de sa famille qui auraient pris part à ce qu’il considère être la cérémonie de clôture des obsèques de son frère. Invité à la barre, le prévenu Ntumba Ntumba Romain a affirmé avoir été dans l’enceinte de la parcelle de son cousin Kabangu Kazadi dans la soirée du 16 mai 2017. Il a aussi avoué avoir reçu ce dernier, le jour suivant chez lui dans la matinée et ils ont parlé de l’assaut qui venait d’avoir lieu à la prison de Makala. L’officier du ministère public voit dans les déclarations du prévenu Kabangu des contrevérités. "Les prévenus sont tous passés aux aveux lors des auditions sur PV. Ils ont confirmé que cette réunion avait pour objectif d’initier les adeptes aux pratiques fétichistes en perspectives des attaques qui ont eu lieu par la suite. Pour preuve, après attaque de la prison de Makala, Kabangu Kazadi et Ntumba Ntumba Romain se sont retrouvés dans la matinée pour fêter leurs exploits", a-t-il déclaré. L’organe de la loi a ensuite brandi les témoignages à charge des membres de famille de Kabangu Kazadi, confirmant que cette réunion n’avait pour but que la préparation mystique des adeptes. Selon les dépositions du petit-fils du prévenu, Nathan, les obsèques dont parle son grand-père avaient déjà été clôturés depuis avril 2017. Ce, avant d’affirmer que lui et tous les autres membres de la famille sont allés passer la nuit ailleurs, se sentant gênés par les pratiques fétichistes auxquelles s’adonnaient les adeptes dudit mouvement. Les conseils du prévenu Kabangu sont revenus sur les irrégularités observées dans la procédure. Me Kabengela a, dès sa prise de parole, demandé au Ministère public de brandir d’autres preuves matérielles en sus des PV d’audition. Il a encouragé le tribunal à faire une réquisition auprès des entreprises de télécommunications, afin d’obtenir les relevés téléphoniques de tous les prévenus. Ne voyant pas les liens d’imputabilité qui existent entre son client et les faits lui reprochés, Me Kabengela a émis sa consternation de constater que son client a été verbalisé en Tshiluba par un auditeur qui, explique-t-il, ne maîtrise pas cette langue. Il s’est ensuite interrogé sur ce qui expliquerait le fait que son client, arrêté le 22 mai 2017, soit poursuivi pour des faits postérieurs à son arrestation. " Le droit pénal est différent de la sociologie. Les faits ne suffisent pas. Encore faut-il rapporter des preuves tangibles qui établissent le lien d’imputabilité. Dans les PV, l’OMP a déclaré avoir entendu mon client en Tshiluba et qu’il a traduit ses réponses en français, lui qui ne maîtrise pas le Tshiluba. C’est la preuve que le contenu de ces PV n’a pas de valeur probante. Nous exigeons aussi des relevés téléphoniques afin de savoir où était chacun des prévenus au moment où se produisaient ces faits", a indiqué Me Kabengela Ilunga Jean-Marie. Pour l’organe de la loi, chercher à ce que son client soit dispensé d’autres faits, c’est avouer quoiqu’ implicitement qu’il est responsable d’autres faits. Textes de loi à l’appui, le colonel Alpha Limbaya a démontré que les aveux se situent au sommet de la pyramide des preuves en droit. Réagissant à la question de la défense, il brandit les PV de constat et d’autres pièces versées dans les dossiers comme éléments probants de base. "En Droit, les aveux constituent les moyens de preuve par excellence. A ce stade de l’instruction, point n’est question de revenir sur la question de la valeur de ces PV, dès lors que le tribunal s’était déjà prononcé là dessus à travers un jugement avant dire Droit. Aussi, il faut savoir que si le prévenu Kabangu est poursuivi pour des faits antérieurs à son arrestation, c’est pour la simple raison que la réunion ayant conduit auxdits faits a été tenue dans sa résidence", a précisé Me Mpasi Mazowa. Le tribunal militaire de garnison de Kinshasa Gombe a levé la séance au cœur d’un débat houleux entre l’Officier du ministère public et les avocats de la défense. Il a renvoyé la cause au jeudi 1er mars prochain.
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