Ca bouge en Afrique centrale et australe sur le front constitutionnel. Depuis 2015, des référendums s’enchaînent dans nombre de pays de cette région du Continent. Du Congo-Brazza au Burundi, en passant notamment par le Rwanda et le Tchad, que de mutations politico-institutionnelles ! Spécialiste du droit public international et très porté sur la géopolitique, fin connaisseur des Grands-lacs, Célestin Tunda Ya Kasende est connu pour son dénuée du mimétisme et du prêt-à-porter ambiant, qui structurent les analyses de certains intellectuels et commentateurs africains. A ce copier - coller venu d’ailleurs, ce fin connaisseur de l’espace Grands-lacs oppose une grille de lecture qui tienne compte des réalités concrètes des pays africains dans leur complexité sociologique. L’épilogue du long feuilleton burundais qu’il avait prédit il y a longtemps, in tempore non suspecto, vient de valider sa démarche. Au lendemain de la victoire sans appel du " oui " à la consultation référendaire burundaise normal donc que « Forum des As » sollicite, une fois de plus, son éclairage sur les changements en cours dans la région. Et tout naturellement, les leçons à en tirer pour la RDC. Entretien. Forum des As : Au Burundi, le oui l’emporte largement. Que vous inspire cette victoire ? Me Tunda : En effet, le peuple burundais vient de se prononcer à une majorité écrasante, soit 73%, pour la révision de la Constitution, notamment en ce qui concerne la limitation du nombre de mandats présidentiels . Je note que ce triomphe du " oui" vient d’être réalisé en présence des observateurs et malgré les dispositions de l’Accord d’Arusha, parrainé par la communauté internationale. Venons-en aux leçons à tirer… Ceci étant dit, pour la grande majorité des Burundais, le Président Pierre Nkurunziza reste encore le ciment de la Nation pour la cohabitation entre Tutsi et Hutu. Pour le coup, les aspects juridiques ne sont pas au -dessus de l’impératif du vivre ensemble pour un peuple qui a connu des affres des guerres fratricides sur fond des massacres à vaste échelle. Ce que vous décrivez renvoie un peu au cas rwandais… Justement, mutatis mutandis, fort du souci de préserver l’esprit de la réconciliation et de l’unité nationale, le peuple rwandais s’était assumé en décembre 2015 en révisant la loi fondamentale, afin de dégager le mécanisme de blocage. Et ce, en dépit de l’existence du compromis, négocié là aussi à Arusha, en Tanzanie. Vu des réalités rwandaises post-génocide (1994), le Président Paul Kagame le ciment de l’unité dans son pays. Il y a peu, le Tchad s’est adonné au même exercice. Votre commentaire... Effectivement, fin avril 2018, le Parlement tchadien a adopté la nouvelle Constitution qui est entrée en vigueur le 4 mai courant. Ici, le Président Idriss Déby et les élus tchadiens ont privilégié l’intérêt vital de leur pays. Un pays dont la situation géographique et la composition sociologique requièrent en ce moment un leadership fort pour faire face aux menaces de terrorisme et de déstabilisation. Pour cet intérêt supérieur de la nation, les Tchadiens ont pris leurs responsabilités. Mais bien avant le Tchad, notre voisin d’en face, le Congo-Brazza avait, en 2015, opéré sa mue constitutionnelle au regard de l’accord formel du Président français d’alors, François Hollande. La communauté internationale s’était montrée très circonspecte sur les considérations du droit. Il fallait de la stabilité pour notamment ne pas contrarier l’ambitieux programme de la municipalisation accélérée, initiée par le Président Sassou qui voit les régions du Congo se doter d’infrastructures en particulier dans la perspective de la célébration, mi -août, chaque année de la fête nationale appelée " les trois glorieuses" . Un enseignement général ? Je dis bravo à tous ces peuples qui ont su s’assumer. Ce, en considérant uniquement les intérêts de leurs pays respectifs. Au demeurant, la souveraineté ne signifie rien d’autre que le fait qu’au dessus d’un Etat, il n’y a aucune autre puissance à l’intérieur ni à l’extérieur. Chaque pays, chaque peuple est appelé à exercer sa souveraineté. Impossible de ne pas vous demander de mettre en parallèle votre lecture avec l’équation rd congolaise Depuis son indépendance, notre pays, la RDC, se trouve face à des défis majeurs surtout d’ordre sécuritaire sur fond de complicités des puissances extérieures. Par conséquent, si nous devons faire des choses sous pression et, dans l’intérêt, de ces puissances, nous allons le regretter. A ce sujet, le cas libyen est là pour nous donner matière à réflexion. Posons la question de leur destin aux Libyens. En définitive, ce qu’il faut comprendre c’est que la stabilité d’un Etat et la survie d’un peuple priment sur toutes les autres considérations.
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