La Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) a qualifié « d’insultes » l’acquittement de l’ancien vice-président congolais, Jean-Pierre Bemba, par la Cour pénale internationale (CPI) qui l’avait déjà condamné à 18 ans de prison pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

“Ce verdict qui repose principalement sur le fait que Bemba n’était pas présent à Bangui au moment des exactions est une insulte aux milliers de victimes de l’armée qu’il a équipée, dirigée et envoyée semer la désolation en Centrafrique”, a déclaré dans un communiqué parvenu le samedi 9 juin à ACTUALITE.CD , Karine Bonneau, cheffe du Bureau Justice internationale de la FIDH.

La chambre d’appel a acquitté Bemba (58 ans), considérant “de sérieuses erreurs commises par la chambre de première instance qui font entièrement disparaître sa responsabilité pénale”, selon la juge Christine van den Wyngaert.

Bien qu’acquitté, le leader du Mouvement de libération du Congo (MLC), ancienne milice devenue parti politique en avril 2003, est resté en détention à la Cour.

Il sera jugé mardi 12 juin dans une autre affaire dans laquelle il a été déclaré coupable d’atteintes à l’administration de la justice. En première instance, il avait été condamné à 12 mois de prison.

“Il y a quelques mois, nous sortions un rapport sur les rescapés des troupes de Bemba, estimées à plus de 5000 victimes. Les rescapés rencontrés attendaient anxieusement les réparations pour les horreurs subies. Aujourd’hui, les juges viennent de leur voler leurs derniers espoirs d’indemnisation et les renvoient à leur solitude et précarité”, a ajouté Bonneau.

La Cour s’est apaisée sur le fait que Bemba, chef du MLC (milice à l’époque), n’avait pas le contrôle de ses troupes déployées en Centrafrique pour soutenir le président Ange-Félix Patassé face à une tentative de coup d’Etat menée par le général François Bozizé.

Les crimes du MLC contre la population civile centrafricaine «furent massifs et systématiques. Les violences sexuelles et particulièrement le viol ont été utilisés comme une arme de guerre, dans le but d’humilier, terrifier et punir la population civile centrafricaine, accusée de complicité avec la rébellion», affirme la Fédération.

En mars 2016 lorsqu’elle condamnait Bemba à 18 ans de prison, la chambre de première instance de la CPI avait qualifié ces crimes de «cruauté particulière».

Dans son communiqué, la FIDH étaye le mode de commission de ces crimes : « entrée brutale dans l’habitation, racket d’argent, terreur infligée par des tirs sporadiques ou mises en joue, viols collectifs ».

Au terme de l’audience vendredi, le procureur de la CPI, Fatou Bensouda, a déploré « un écart important et inexplicable de la jurisprudence de la Cour ».

La magistrate gambienne de 58 ans a cependant dit « respecter » la décision de l’acquittement de Bemba mais l’a qualifié de « regrettable » et de « problématique« .

Christine Tshibuyi
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