Patrick Nsakala Malezi est secrétaire général de l’Union démocratique africaine Originelle -UDA-Originelle-, parti dirigé par Claudel-André Lubaya, membre de l’Alliances des mouvements du Kongo -AMK- et d’Ensemble. Dans une interview accordée à «AfricaNews» mardi 21 août, le collaborateur de Claudel André Lubaya fait savoir que le pouvoir s’acharne inutilement contre Moïse Katumbi qu’il accuse faussement d’être Italien, pourtant il est RD-Congolais. Pour preuve, le SG Nsakala évoque le mandat d’arrêt international lancé contre Katumbi. Il réaffirme la volonté de l’Opposition d’aller aux élections, mais sans la machine à voter. «Aller aux élections avec cette machine, la Majorité a déjà gagné d’avance et l’Opposition a déjà perdu d’avance», prévient-il, en évoquant les 10 millions d’électeurs sans empreintes digitales qui seraient des voix en réserve pour la Majorité au pouvoir. Entretien.



Votre plateforme politique, l’Alliances des mouvements du Kongo -AMK- a déposé ses candidatures à la députation provinciale et nationale, pas à la présidentielle, car son candidat, Moïse Katumbi, président d’Ensemble pour le changement est contraint à l’exil à l’extérieur du pays. A quoi est-ce que vous vous attendez?
D’abord au niveau de l’AMK, notre plateforme qui regroupe 14 partis politiques, nous nous attendons à une victoire à l’issue de ces élections. C’est ainsi que nous avons décidé d’aller aux élections et de présenter les candidats dans toutes les provinces du pays à la députation provinciale et nationale.

Depuis mardi 20 août, la Commission électorale nationale indépendante a publié les listes des candidats à la députation provinciale. Avez-vous eu des petits soucis avec peut-être le rejet de certains candidats sur vos listes à travers les 26 provinces?
A l’AMK, nous n’avons pas eu des soucis majeurs étant donné qu’au niveau de notre cellule électorale, les choses ont été bien ficelées. Notre plateforme s’est bien préparée pour gagner ces élections car elle prône la rupture.








Gagner c’est votre objectif majeur. Mais à la présidentielle, votre plateforme politique est orpheline jusqu’à présent car son candidat, Moïse Katumbi, est toujours contraint à l’exil et n’a pas pu regagner le pays pour déposer sa candidature à la magistrature suprême?
L’AMK n’est pas seule. Elle fait partie d’une méga plateforme politique, Ensemble pour le changement, aux côtés de l’Alternance pour la République -AR-, le Groupe de 7 -G7- ainsi que le MCC pour soutenir la candidature unique de Moïse Katumbi. Curieusement, la majorité au pouvoir qui a ses candidats à la présidentielle, pense que notre candidat n’a pas droit à la cité. Elle lui a interdit de rendre au pays pour l’empêcher de postuler à la présidentielle. Nous disons que ce n’est qu’une partie remise. Nous disons clairement à l’AMK, car c’est elle qui devrait présenter la candidature de Katumbi à la présidentielle, qu’avec les manœuvres dilatoires utilisées par le pouvoir, les choses vont prendre une autre allure. Toutefois, l’inclusivité des élections en RD-Congo en 2018 voudrait que la candidature de Moïse Katumbi soit bel et bien déposée.

Comment réagissez-vous aux propos du régime selon lesquels Katumbi est un sujet italien, il est sous le coup de la justice RD-congolaise dans l’affaire de recrutement des mercenaires et de spoliation de maison?
Ce sont de gesticulations d’un régime finissant. Cette question de la double nationalité risque d’être la boîte à pandore qu’on va ouvrir et ça va faire du mal à tout monde. D’ailleurs où en sommes-nous avec le moratoire qui a été soulevé à l’Assemblée nationale sous Vital Kamerhe? Pourquoi doit-on indexer les uns et favoriser les autres? Ce régime nous aura tout appris. Dans un sens ou dans un autre, l’AMK pense que la question de la double nationalité de Moïse Katumbi est un faux problème. Pour preuve, le président du Sénat, Léon Kengo wa Dondo, a déclaré mardi 21 août sur les ondes d’une radio périphérique que la question est purement politique, qu’on laisse Moïse Katumbi rentrer au pays en homme libre, c’est un citoyen RD-congolais. Voilà que le pouvoir l’empêcher de retourner. Je me pose la question de savoir: «si Moïse Katumbi était Italien, que vient faire ce mandat international lancé contre lui par le pouvoir en place?». S’il était Italien, pourquoi le mandat est lancé contre lui comme un citoyen RD-congolais? Voilà la confusion qui règne aujourd’hui même dans la tête du ministre ayant en charge la Justice de la RD-Congo. Et cette confusion frise la médiocrité.

Pour vous, ce que le pouvoir dit sur Katumbi n’est pas vrai. Pouvez-vous le démontrer?
Bien sûr que oui. Le pouvoir ne fait que s’acharner sur Katumbi. Cela veut tout simplement dire ceci: «Quand tu es avec nous dans le même camp, tu es notre frère et quand tu nous quitte, tu deviens notre ennemi. Nous ferons tout pour t’achever». C’est cette logique là qu’incarne la majorité au pouvoir. Moïse Katumbi a compris qu’il ne fallait pas continuer avec ce régime, il a démissionné de poste de gouverneur du Katanga et a certes choisi la voie du peuple, voilà qu’aujourd’hui il devient un homme à abattre. Mais cette façon de le traiter ne passera pas car il est fils du pays et a droit à la cité.

A l’allure où vont les choses à 4 mois de l’organisation du triple scrutin présidentiel, législatif national et provincial, pensez-vous que le climat sera-t-il apaisé pour des élections crédibles et démocratiques?
L’opinion doit savoir que jusqu’à ce jour, l’Accord politique global dit Accord de la Saint-Sylvestre n’est pas totalement appliqué. A en croire le Cardinal Monsengwo et d’autres langues qui se sont levées dont celles de l’Opposition et de la Société civile, c’est seulement à 30% que cet accord est appliqué et les 70% souffrent encore d’application. Je vais citer, entre autres la question de la décrispation politique, les prisonniers emblématiques croupissent toujours en prison, la question du retour des exilés politiques dont Moïse Katumbi en est le cas, la question des élections crédibles et apaisées et inclusives. Nous comprenons alors que la CENI, dans sa forme actuelle, est une cellule électorale de la majorité au pouvoir, car elle n’obéit qu’aux ordres du pouvoir.

Vous avez cité le Cardinal Monsengwo qui a évoqué l’application de l’Accord de la Saint-Sylvestre à 30%, mais le président de la CENCO, Mgr Utembi a, pour sa part, dit que cet accord est appliqué dans une bonne mesure. Qui croire alors?
Personnellement, je ne partage pas l’avis du Mgr Utembi. Dire que l’Accord du 31 décembre 2016 est appliquée dans une bonne mesure, je me pose la question: laquelle? Au contraire, le Cardinal Monsengwo dit la vérité qui saute aux yeux de tout le monde. Cet accord est floué par la Majorité présidentielle qui voudrait en faire un chiffon entre ses mains et l’utiliser comme il veut. Si cet accord a été appliqué dans une bonne mesure, pourquoi la Communauté internationale, notamment l’ONU, l’Union européenne, la SADC et autres continuent à demander qu’il soit strictement appliqué? Un homme politique doit rester constant dans sa logique et surtout son idéologie en défendant les valeurs républicaines. Nous avons signé l’accord, nous devons tous l’appliquer intégralement et non l’appliquer à moitié sur base des articles qui nous sont favorables.

Le gouvernement RD-congolais va financer seul les élections pour préserver la souveraineté nationale. La CENI dit qu’elle va utiliser la machine à voter pour diminuer le coût de ces élections et faciliter leur tenue. Pourtant, l’Opposition politique et certains paritaires de la RD-Congo s’opposent à l’utilisation de cette machine à voter. N’est-ce pas là des obstacles qui pourraient conduire au report de ces élections?
Le pouvoir en place a érigé le mensonge en mode de gestion. C’est ce que les évêques avaient dénoncé lors d’une messe à la Cathédrale Notre dame du Congo. Dire que Kinshasa va seul organiser ces élections, c’est faux. La question de la machine à voter est sur toutes les lèvres. Quant à nous, nous parlons de la machine à voler et nous n’en voulons pas du tout. Le président de la CENI dit que sans la machine à voter, il n’y aura pas d’élections. Mais nous, nous ne voulons pas de cette machine à tricher et l’Opposition pèsera de tout son poids pour que cette machine ne passe pas. Aussi le fichier électoral est totalement corrompu. Le rapport de l’Organisation internationale de la Francophonie a été clair à ce sujet. Comment voulez-vous que nous allions aux élections avec un fichier qui contient 10 millions d’électeurs sans empreintes digitales? Et la CENI dit qu’il s’agit de manchots et de personnes qui ont perdu leurs empreintes à cause des travaux champêtres. C’est un gros mensonge de la part des autorités de ce pays. Il y a également 6 millions de doublons. S’il faut aller aux élections avec toutes ces conditions là, ce sont des élections perdues d’avance par l’Opposition et déjà gagnées d’avance par la majorité au pouvoir. Le dauphin a déjà fait 14 millions de voix pour lui et il est déjà élu d’office Président de la République. Leurs candidats en provinces sont déjà dans les Assemblées provinciales et leurs candidats députés nationaux à l’Assemblée nationale. Il y autre juste un vote trompe-l’œil.

A suivre vos propos, l’Opposition, même si elle a déposé des candidatures à tous les niveaux, n’est pas prête pour affronter les joutes électorales?
Je n’ai pas dit ça. L’Opposition est prête pour aller aux élections. Hélas, elle refuse de cautionner la tricherie mise en place par la Majorité présidentielle. La CENI a dit que la dernière machine arrivera au pays le 15 août. Et aujourd’hui, elle dit que la dernière machine arrivera au mois d’octobre prochain. Il faut avoir 3 mois pour transporter ces machines à travers le pays, car la logistique va demander 3 mois. A compter du mois d’octobre, les 3 mois seront atteints au mois de janvier 2019. A considérer cela, la CENI nous fait comprendre qu’avec la machine à voter, les élections n’auront pas lieu en décembre prochain comme prévu.

Sans élections le 23 décembre sous-entend qu’il y aura un énième dialogue, n’est-ce pas?
L’Opposition dans son ensemble est à féliciter aujourd’hui, car elle a contourné le piège de la Majorité présidentielle qui croyait que l’Opposition allait boycotter le processus électoral et trouver un prétexte que cette Opposition n’a jamais été prête pour les élections. L’Opposition a déposé les candidatures sur l’ensemble du territoire national aux législatives nationales et provinciales. Elle veut aussi contourner le piège de la machine à tricher que tente d’imposer le président de la CENI, Corneille Nangaa sans qu’il y ait consensus.

Propos recueillis par Octave MUKENDI
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