* "La nation amputée, la démocratie violentée", clame le numéro un de Les Progressistes.

A l’examen des faits, tant sur le plan de la sécurité que du risque sanitaire lié au virus Ebola, la décision unilatérale et brutale de la CENI n’apparaît pas justifiée. C’est une décision grave qui fait suite à d’autres décisions prises par la CENI, sans aucun consensus des forces politiques, sans consultation de la population. Plus grave encore, elle compromet à long terme la légitimité des autorités publiques à Beni, Butembo et Yumbi, dont la population serait privée du droit fondamental à choisir ses dirigeants.

La CENI vient d’exclure Beni, Butembo et Yumbi de l’élection présidentielle. Population martyre de la République, frappée dans sa chair, laissée pour compte, privée de sécurité et d’ordre public, elle ne choisira pas ses dirigeants.
La CENI a, une nouvelle fois, agi seule. Sans consensus des forces politiques. Sans consultation de la population locale. En a-t-elle même le droit ? C’est une décision grave dont il est difficile de mesurer les conséquences, très probablement irréparables.
Privée de sécurité, premier des droits humains. Privée maintenant d’un autre droit humain fondamental, le droit à la participation à la direction des affaires publiques de son pays. Ce droit est, pourtant, consacré à l’article 21 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948, dont on vient de fêter le 70ème anniversaire le 10 décembre.

FAIBLESSE DE L’ETAT
L’article 21 dispose que la volonté du peuple est le fondement de la légitimité des autorités publiques.Il ne fait que peu de doute que l’insécurité est liée à la faiblesse de l’Etat et de la légitimité des autorités publiques.
La décision de la CENI ajoute un problème à une situation déjà critique. Quelle légitimité auront les autorités publiques nationales à Beni, Butembo et Yumbi, alors que la population n’aura pas pu les choisir ?
A cela s’ajoute des conséquences extrêmement sérieuses sur le résultat des élections. Sans Beni, Butembo et Yumbi, les résultats des législatives nationales peuvent-ils être proclamés ? Et quand ?
Concernant Ebola, quelles sont les chiffres et preuves d’un risque majeur de santé publique, d’une telle gravité, qui pourraient justifier d’exclure la population de l’élection présidentielle, lui interdisant de choisir ses dirigeants ? La Céni a-t-elle des éléments significatifs de la part de l’Organisation Mondiale de la Santé ?

COUP DE POKER CONTRE LA DEMOCRATIE
Comment expliquer encore que la population ait été enrôlée, que la campagne ait eu lieu, que la Monusco est sur place, avec les FARDC, que les habitants se rendent à leur travail, au marché, à l’école ; bref, ils mènent leurs activités normalement ?
Il semble que, paradoxalement, Ebola ne paralyse pas l’activité économique et sociale de Beni et Butembo. Il semble même que la décision solitaire de la CENI perturbe plus la vie économique et sociale que le virus Ebola lui-même.
Il faut une réunion de toute urgence de la CENI, des autorités sanitaires nationales et provinciales, des médecins des hôpitaux de Beni et Butembo, avec l’OMS et MSF, de l’état-major de l’armée, des représentants de la société civile, en présence des candidats à l’élection présidentielle pour mettre sur la table, tous les éléments qui pourraient justifier ou exclure une décision, telle que la CENI vient de prendre sans aucun consensus.
La CENI mesure-t-elle l’impact de sa décision solitaire ? Après le report des élections du 23 au 30 décembre et l’arrêt brusque de la campagne, c’est un nouveau coup de poker contre la démocratie. Agissant seule et sans justification, toujours dans le sens d’une restriction (ou répression ?) des droits fondamentaux, la CENI diminue encore la transparence et la confiance dans le processus électoral.

UNE RECUPERATION POLITIQUE INACCEPTABLE
Séparer Beni et Butembo de la République est un acte grave. Contre l’unité de la République. Contre la souveraineté de la Nation. Contre notre démocratie en construction que la CENI est chargée par la Constitution de renforcer, de faire vivre et rayonner pour notre développement à toutes et à tous.
C’est un acte grave qui fait suite à une série de décisions qui divisent la Nation jusqu’à la pousser au bord du chaos. Il y a eu le choix de la machine à voter. Il y a encore un fichier électoral en partie corrompu. Il y a le report des élections et l’arrêt de la campagne. Maintenant, la division, au sens littéral, du territoire, avec l’exclusion de Beni, Butembo et Yumbi.
Il semble tout à fait inconcevable que les autorités soient incapables d’assurer la sécurité, même temporaire, d’une journée d’élection. Avec l’armée et l’ensemble des forces de sécurité, avec l’aide de la Monusco, est-ce qu’il n’est pas concevable que la sécurité publique ne puisse être garantie, ne serait-ce que pour 24 heures ?
La décision de la CENI est, en réalité, une récupération politique inacceptable de la misère et de l’insécurité de la population de Beni et Butembo. Et par-delà, c’est une décision qui va faire perdurer la crise de légitimité des autorités publiques en RDC. Samy Badibanga Ntita
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