La visite de Félix Tshisekedi au Rwanda a fait couler beaucoup d'encre et de salive et c'est loin d'être fini. Celui que les Congolais ont surnommé le « président nommé » s’est incliné devant le mémorial de Gisozi dédié aux victimes du génocide à Kigali. Si le geste a été salué par les autorités rwandaises, en RDC, il a suscité colère et indignations. Pour de nombreux Congolais, Félix Tshisekedi n’avait pas à se prêter à cet « exercice » à cause du rôle joué par le Rwanda dans la déstabilisation et la mort de plusieurs millions de Congolais. Un argument que rejettent les soutiens et sympathisants de Tshisekedi fils qui font valoir que la démarche de leur « champion » s’inscrit dans un cadre strictement diplomatique. Selon un certain Nzakomba du site d’information ScoopRDC, les détracteurs de Félix «ignorent complètement que le comportement des hommes d’État n’est pas à confondre avec celui des citoyens ordinaires, émotionnés et parfois ignorants ». Et M. Nzakomba de conclure : « La leçon à tirer de cette visite de Fatshi au mémorial du génocide rwandais est que ce dernier est président de la république. Il se comporte en homme d’État selon les principes diplomatiques et des relations internationales. »














Cet argument est recevable à certaines conditions, et on ne saurait le servir à toutes les sauces. En effet, le fait d’être le président d’un État n’autorise pas que l’on se prête à n’importe quel exercice au nom d’on ne sait quels «principes diplomatiques». Il y a deux ans, les divergences croissantes entre la France et la Russie à propos du conflit syrien avaient conduit Vladimir Poutine à annuler une visite prévue en France. Les divergences au sujet du conflit ukrainien avaient conduit les pays occidentaux à boycotter le 70e anniversaire de l’armistice de 1945 qui s’était tenu en Russie. Les exemples sont légion.
















Les principes fondamentaux qui guident la politique extérieure de tout pays dépendent d’un certain nombre de facteurs (commerce et investissements, promotion de l’image et de la culture du pays, contact avec la diaspora, etc.), lesquels s’articulent principalement autour des intérêts de celui-ci. Quand on sait que le Rwanda fait preuve d’une incroyable intransigeance lorsqu’on aborde la question de la déstabilisation du Congo et du pillage de ses ressources naturelles par son armée, comment comprendre et/ou interpréter la posture de Félix Tshisekedi lors de sa visite dans ce pays ? Les « principes diplomatiques » autorisent-ils le chef de l’État congolais, fut-il non élu, à renforcer les relations diplomatiques avec un Rwanda qui ne s’est jamais excusé pour ses crimes au Congo ?


En diplomatie, la représentation est un facteur important. Celle-ci s’articule principalement autour de deux éléments : le langage (diplomatique), qui est une variante du langage politique, et la gestuelle (posture). Cette dernière est un langage non-verbal et inconscient qui renseigne beaucoup sur une personne. C’est parce qu’on ne la contrôle pas vraiment qu’elle transmet beaucoup d’informations à vos interlocuteurs ou toute personne qui vous observe. En un mot, vos gestes parlent pour vous plus que vous ne pouvez l’imaginer.


En analysant le langage et la gestuelle de Félix Tshisekedi durant son périple rwandais, il se dégage une tendance à la subordination qui ne dit pas son nom. Sa manière de baisser la tête devant le mémorial de Gisozi, sa « phrase choc » à l’effet que les millions de morts congolais sont les « effets collatéraux » du génocide rwandais, et sa propension à dédouaner le régime de Kigali de tous les crimes commis sur le territoire congolais sont des signes qui ne trompent pas. Tout porte à croire que Félix voulait à tout prix plaire à son homologue rwandais, se comportant davantage comme un « nègre de service » qu’un chef d’État digne de ce nom. Avec lui, la diplomatie, la vraie, a cédé le pas à ce qu’il conviendrait de qualifier de « nègrerie à la congolaise ». Pourquoi ?


C’est la question que se posent des millions de Congolais depuis le périple rwandais du numéro un congolais.


Félix Tshisekedi chercherait-il à faire de Paul Kagame son allié régional dans le bras de fer à bas bruit qui l’oppose désormais à Joseph Kabila ? Négocierait-il la tête de ce dernier auprès de son mentor rwandais qui contrôle, via ses marionnettes locales, des segments importants des institutions civiles et militaires du Congo ?


Le moins que l’on puisse dire, c’est que Félix Tshisekedi est prêt à toutes les compromissions pour se débarrasser de Joseph Kabila. C’est la raison pour laquelle il n’hésite pas à tenir des propos et à adopter des postures qui choquent la population congolaise, pourvu que cela plaise au maître de Kigali. Même Joseph Kabila, qui est réputé être le « cheval de Troie » de ce dernier au Congo, n’est jamais allé aussi loin...


Félix contredit les rapports des Nations Unies et des institutions congolaises et internationales qui attestent que le Rwanda déstabilise le Congo, en affirmant dans une interview accordée à des journalistes congolais à Kigali que ce pays n’est pas responsable de l’instabilité au Kivu. Il fait la promotion d’une coopération économique avec le Rwanda — pourtant premier responsable de l’instabilité au Kivu — qui ne saurait être bénéfique pour la RDC. Cette coopération, qui s’articule autour de la mise en place d’un marché commun régional dominé par le Rwanda, revient en réalité à confier au pays des mille collines le leadership économique de la région des Grands Lacs au détriment du Congo producteur des richesses, comme l’a souligné en son temps le consultant américain Alain Bischoff.


Quand Félix affirme vouloir renouer avec le Rwanda pour mettre fin à l’instabilité à l’est du Congo, il ment. C’est la population congolaise qui a un problème à régler avec le régime de Kigali et non la classe dirigeante congolaise qui a toujours roulé et agit en conformité avec les intérêts rwandais. Félix est dans la continuité de la Kabilie. C'est un fait. Si Joseph Kabila a été le « mercenaire » par excellence de la cause rwandaise au Congo, Félix Tshisekedi se révèle être pour sa part un véritable « nègre de service » à la solde des intérêts rwandais.


À la différence du « nègre de maison », qui est un aliéné mental prêt à tout pour ressembler à son maître, le « nègre de service », lui, agit volontairement en prêtant allégeance au bourreau de sa communauté. Il ferme ses yeux, fait taire sa conscience, endurcit son cœur, et bouche ses oreilles pour ne pas entendre les cris plaintifs de son peuple sous l’étouffement de l’ordre cannibale. Il préférera privilégier la sécurité matérielle et le « pouvoir-os » que de préserver sa dignité, son honneur et la survie de son peuple. C’est le rôle que Félix Tshisekedi a accepté d’endosser pour se débarrasser de celui qui l’a fait roi (Joseph Kabila) et jouir en toute quiétude des avantages matériels que procure le «pouvoir-os». C’est dans cette optique qu’il faut interpréter son prochain voyage aux États-Unis où il sera notamment reçu par le chef de la diplomatie US Mike Pompeo.


Contrairement à ce que laissent entendre les Tshisekedistes, il ne sera nullement question de «partenariat stratégique» à ce stade de la rencontre. Les États-Unis, comme j’ai eu à le souligner il y a quelques semaines, manœuvrent pour tirer Félix des griffes de la Kabilie. Ils veulent jouer Félix contre Joseph. Reste à savoir si le « nègre de service » congolais saura concilier les intérêts des États-Unis et d’un Rwanda, qui vit de l’instabilité du Congo, d'avec ceux du peuple congolais saigné aux quatre veines pour le bonheur de quelques-uns. Reste aussi à savoir si l'homme de Kingakati va regarder Félix agir sans sourciller. « Joseph Kabila peut se montrer patient face aux petites provocations, mais comme avec Bemba ou Tshisekedi père, il peut finir, le cas échéant, par lui tordre le cou », confie un Kabiliste cité par RFI.


Le moins que l’on puisse dire, c’est que ça promet...
PS: Désolé pour les coquilles. Pas eu le temps de revoir le texte 
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