Ils sont allés vite en besogne, les exégètes rd congolais et étrangers de la dernière déclaration politique de la plateforme katumbiste, « Ensemble pour le changement ». Face aux signaux indiquant que la coalition et son ‘candidat unique’ appartenaient désormais à l’histoire, un point de presse de clarification s’est tenu le 26 février 2019 à Kinshasa sous la direction du G7 Pierre Lumbi Okongo, sans se prononcer clairement sur la question laissée en l’état. Simplement parce que la coalition créée par de puissants groupes miniers et des nébuleuses occidentales avides des ressources minières de la RD Congo demeure suspendue sur la tête des nouvelles autorités comme un épouvantail à agiter chaque fois que de besoin.
A la différence des affirmations répandues aux quatre vents ces dernières 48 heures, Ensemble pour le Changement a certes reconnu le nouveau président de la République, mais en qualité d’adversaire politique à affronter dans le cadre d’une opposition républicaine. Et sans doute dans d’autres sphères beaucoup moins avouables. La déclaration rendue publique à cet effet est sans équivoque. Si la plateforme de Katumbi constate que Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a été proclamé président de la République par la CENI, validé et investi par la cour constitutionnelle, elle assure néanmoins que « … comme en 2006 et en 2011, les élections ont été entachées de beaucoup d’irrégularités, en violation de la constitution et de la loi électorale, ce qui entache la crédibilité et la légitimité des institutions qui en sont issues ». Pour ces katumbistes-là, Fatshi n’est donc pas un Chef d’Etat légitime et, ils avancent des conditionnalités qui, selon eux, amélioreraient sa posture politique : « Ensemble pour le changement rappelle au président Félix Tshisekedi sa responsabilité personnelle dans la situation actuelle et l’invite à prendre des initiatives fortes pour régler cette question de l’illégitimité des institutions et de leurs animateurs », écrivent-ils, le mettant en garde contre toute velléité de révision constitutionnelle qui conforterait ce qu’ils considèrent comme une dictature en RD Congo.
Reconnaissance conditionnelle







C’est donc une reconnaissance conditionnelle que Pierre Lumbi et ses affidés ont exprimé mardi 26 février 2019, inscrivant parmi les signaux forts attendus du président de la République, la libération des prisonniers dits politiques (Frank Diongo, Firmin Yangambi, Diomi Ndongala) et le retour des exilés politiques (Moïse Katumbi, Mbusa Nyamwisi et Jean-Pierre Bemba, même si ce dernier, revenu au pays en juillet dernier et retourné en Europe sans problèmes n’en est certainement pas un !).
La plateforme créée à Johannesburg par l’ancien gouverneur du Katanga est et demeure donc ce qu’elle a toujours été : un groupe de pression contre le pouvoir, fut-il celui de Félix Tshisekedi. L’ancien sécurocrate de la kabilie, Pierre Lumbi, l’a revendiqué sans ambages en soutenant que le groupe représentait « … la première force politique de l’opposition issue des élections 2018 avec ses 66 députés nationaux et 97 députés provinciaux. Ensemble pour le Changement est résolu à poursuivre sa lutte pour l’établissement d’un Etat de droit démocratique, le respect des libertés et de la dignité humaine, la lutte contre la corruption et les antivaleurs ».
La déclaration, qui réitère son soutien à Moïse Katumbi, se montre toute aussi réservée vis-à-vis de la plateforme Lamuka de Martin Fayulu, dont elle invite les principaux leaders à une évaluation sans délais de l’action et à la définition de nouvelles orientations. Des observateurs avisés sont d’avis que les katumbistes ambitionnent de prendre la tête de la plateforme née à Genève compte tenu de leur représentativité dans les institutions issues des derniers scrutins. Katumbi et les siens veulent diriger l’opposition politique en RD Congo, simplement.
Première force politique de l’opposition
Jeudi 28 février 2019, le directeur de cabinet de Moïse Katumbi, Olivier Kamitatu, a publié un communiqué annonçant des formalités de son mentor en vue de récupérer son passeport biométrique à l’ambassade de la RD Congo en Belgique et son retour prochain au pays. Sans attendre ni dépendre de quelque décision présidentielle ou gouvernementale que ce soit. « Il s’agit ici de rétablir une situation anormale puisque jusque-là, l’Etat congolais privait Moïse Katumbi, pourtant citoyen congolais, de l’établissement de son passeport biométrique », explique-t-il sur le ton d’une injonction sur le nouveau pouvoir en place à Kinshasa.
Ce n’est pas la première du genre depuis l’entrée en fonction du président de la République élu. En marge des manifestations estudiantines, le 18 janvier 2019, Moïse Katumbi en personne lançait une salve bien sentie conte le nouveau pouvoir, qu’il appelait à ouvrir un procès public contre les policiers responsables de mort d’hommes sur le campus de l’université de Lubumbashi. « Les revendications des étudiants de Lubumbashi sont légitimes et manifester pacifiquement est un droit. Une université n’est pas un champ de bataille et il n’est pas acceptable que chaque manifestation en RDC soit réprimée dans le sang », tranchait-il à l’intention des nouvelles autorités du pays.
Au-delà la phraséologie de la déclaration lue par Pierre Lumbi mardi dernier, le vrai problème qui se pose et se posera entre Félix Tshisekedi et Moïse Katumbi est le même que celui qui les a opposé au terme du conclave de à Genève en novembre dernier : les intérêts miniers qui ont présidé à la désignation de Martin Fayulu à la tête de l’opposition pour tout remettre à plat en RD Congo. Y compris la législation minière en cours. C’est connu depuis des lustres, Katumbi, c’est l’homme de main des entreprises minières occidentales qui opèrent essentiellement dans l’ex province du Katanga dont il fut gouverneur durant près de 10 ans. Sa collaboration avec le nouveau pouvoir dépendra du sort réservé au nouveau Code minier : il n’y aura pas de concession possible à ce sujet, estime-t-on.
J.N.

Le Maximum
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