Les forces armées congolaises (FARDC) ont annoncé avoir « neutralisé » le principal chef militaire de la milice hutue des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), Sylvestre Mudacumura. Plusieurs médias occidentaux ont affirmé que cette élimination est un coup dur pour la milice hutue, ce qui n’est pas du tout vrai.

En effet, le FDLR n’ont jamais représenté une réelle menace pour le Rwanda de Paul Kagame. Appelés en renfort dans un premier temps par Laurent-Désiré Kabila pour servir de chair à canon à l’armée congolaise dans sa guerre contre l’agression rwando-ougandaise de 1998, les FDLR vont être « écartés » par Joseph Kabila une fois au pouvoir. Ce dernier va commencer par livrer leur chef, Tharcisse Renzaho, au Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR) en 2002, où il sera condamné à la prison à vie pour sa participation présumée dans le génocide rwandais. Il en sera de même pour plusieurs autres responsables de la rébellion hutue sacrifiés par Joseph Kabila.

En décembre 2018, deux cadres des FDLR ont été appréhendés à Bunagana dans l’est de la RDC lors d’une opération menée par les FARDC et transférés à Kinshasa où ils devraient être jugés. Mais dans le plus grand secret, ils ont été « expédiés » à Kigali. L’auteur de ces lignes a suivi de très près ce dossier à la demande des proches d'une des personnes arrêtées. Il a été en contact avec des avocats, qui devaient défendre l'un des cadres des FDLR, et des agents de la DEMIAP qui lui ont confié que ce dossier était directement traité au plus haut sommet de l'État, autrement dit au niveau de la présidence de la République d’alors dirigée par Joseph Kabila. Je ne saurais dire si les personnes extradées au Rwanda par le Congo sont toujours en vie.

Donc lorsque certains journalistes étrangers ou même le journaliste congolais Fabien Ambingson Kusuanika affirme que l’élimination de Sylvestre Mudacumura est la preuve que Félix Tshisekdi se démarque de Joseph Kabila et est déterminé à mettre fin à l’impunité à l’est du Congo, il se trompe. Félix est trop proche de Kigali pour renverser la donne dans le Kivu. On peut même se demander si l’élimination de Mudacumura n’a pas été « téléguidée » ou exigée par Kigali.

Les FDLR, j’insiste, n’ont jamais représenté une réelle menace pour la sécurité du Rwanda. Bien au contraire. Paul Kagame s’est toujours servi de la présence de cette milice hutue au Congo pour envahir et piller l’est de ce pays. De l’avis de Deus Kagiraneza, ancien membre du bureau politique du FPR, la menace que constituent les soi-disant «génocidaires hutus» présents au Congo est en réalité volontairement entretenue par les caciques du pouvoir tutsi qui s’en servent à double titre : comme prétexte pour leur présence au Congo et comme « main-d’œuvre gratuite » dans le Kivu.

Soulignons par ailleurs que l’un des fondateurs des FDLR, le général-major Paul Rwarakabije, et son adjoint, le colonel André Bizimana, considéré comme le « cerveau » politique du mouvement ─ ainsi qu'une bonne partie du commandement des FDLR ─ se sont ralliés au régime de Kigali depuis novembre 2003. Pendant des années, les deux hommes ont entretenu des contacts permanents avec des membres des FDLR restés au Kivu; ce qui accrédite les soupçons d’infiltration et d’instrumentalisation des rebelles hutus, ou disons de certains d’entre eux, par Paul Kagame.








Impliqués dans l’instabilité et dans le pillage des ressources naturelles de la RDC, les FDRL sont aussi les témoins gênants des activités illicites à l’est de la RDC. En 2009, ce sont eux qui ont révélé le double-jeu des autorités de Kinshasa et de Kigali durant l’opération militaire conjointe controversée rwando-congolaise « Umoja Wetu ». Dans leur communiqué, les FDLR écrivent : « Les FDLR démentent les déclarations du général Numbi, chef de la coalition APR/FARDC selon lesquelles le dernier soldat rwandais aurait quitté la RDC. Les FDLR informent encore une fois le public et les médias que 12000 soldats de Kagame sont toujours présents dans la région du Kivu en RDC […] Les FDLR informent le public et la communauté internationale que les troupes de Kagame présentes en RDC portent actuellement des uniformes de l’armée régulière congolaise mis à la disposition de l’APR par le général John Numbi pour le camouflage. C’est la raison pour laquelle ni les autorités congolaises ni les autorités rwandaises n’ont jamais donné un chiffre des militaires rwandais entrés et sortis de la RDC.» Le communiqué de poursuivre : « Les FDLR rappellent au public que la clique au pouvoir à Kigali, avec la complicité de certains hauts dirigeants des FARDC et politiciens congolais, a mis sur pied une structure mixte rwando-congolaise pour l’exploitation des mines dans le Kivu et que ce n’est pas étonnant que ces mêmes officiers et politiciens congolais trompent l’opinion internationale et leur propre peuple en déclarant que tous les soldats rwandais qui étaient intervenus en RDC sont retournés chez eux. »

Ce que les autorités congolaises doivent encourager, c'est la réconciliation au Rwanda et non agir selon les désidératas ou directives de Paul Kagame, qui reste le seul grand responsable de la déstabilisation de la région des Grands Lacs. Pendant qu'on y est, pourquoi Félix Tshisekedi n'exige-t-il pas l'extradition de Laurent Nkundabatware et de certains membres du M23 présents à Kigali en RDC pour y être juger ? Ce serait le signe que le remplaçant de Joseph Kabila tient à mettre fin à l'impunité qui perdure en RDC...
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