Face à la menace à l'intégrité du territoire national, les Congolais n'éprouvent pas tous la même appréhension. Un camp assure, "pas de panique, il n'y a rien ". L'autre tire la sonnette d'alarme et affirme que le risque est réel ". Par rapport à la partition, là où ils se rejoignent, c'est qu'aucun cm2 du pays ne soit aliéné.
A l'Est de la RDC, particulièrement à Beni, des populations sont victimes de massacres attribués, depuis maintenant cinq ans, aux rebelles ougandais ADF-NALU. Ces tueries, affirment des sources, concourent à un risque de balkanisation de la RDC, sur sa façade orientale.
Rien de tel, assure le chef de l'Etat. Lors de la 17ème réunion ordinaire du Conseil des ministres tenue le 9 janvier courant à la Cité de l'Union Africaine, le Président Félix Tshisekedi avait déclaré haut et fort que tant qu'il sera à la tête de l'État, la balkanisation de la RDC n'aura pas lieu. Il a ainsi fait valoir sa fermeté de ne pas laisser partir un seul mètre carré du territoire national tant qu'il dirigera le pays.
Félix Tshisekedi n'est pas le seul à penser qu'il n'y a rien. A la suite du Président de la République, le député Delly Sesanga demande aux défenseurs de la thèse de balkanisation "d'arrêter de surfer sur les peurs de notre population". Le leader du parti Envol estime que les idées avancées par certains de ses contemporains politiques rd congolais sur la menace à l'intégrité du territoire et de l'indépendance nationale, seraient de nature à semer la peur et le doute au sein de l'opinion.
Pour l'élu de Luiza, le drame que vivent les populations de Beni rappelle aux Congolais, de manière effroyable, la nécessité de "devoir mieux organiser nos forces pour assurer le respect de nos 2.345 409 km2 ".
Ce juriste chevronné estime que " la Charte des Nations Unies et le sacro-saint principe de l'Union Africaine sur le respect de l'intangibilité des frontières héritées de la colonisation, devraient constituer le cadre de défense de l'intégrité territoriale. Pour le reste, souligne Sesanga, il faut renforcer notre outil de défense pour en sauvegarder le maintien".
S'exprimant sur le même sujet, l'ancien Premier ministre, Bruno Tshibala a qualifié "d'illusion", l'idée de partition du pays. Selon Tshibala, l'intangibilité des frontières des pays africains, héritées de la colonisation, reste un principe sacro-saint de l'Union africaine. " L'Union africaine et la communauté internationale ne laisseront jamais un pays, soit-il le Rwanda, s'accaparer des terres d'un autre pays."
LE DANGER A NOS PORTES
Il se trouve, cependant, des Congolais qui soutiennent la thèse contraire à celle du Chef de l'Etat en affirmant que "le danger est à nos portes". Pour ce camp, la balkanisation de la RDC n'est pas une chimère ou une invention de l'élite patriotique congolaise. Et cette opinion est portée par des hommes dont les voix comptent. A l'instar du primat de l'Eglise catholique congolaise, le cardinal Fridolin Ambongo.
Après son séjour au Nord-Kivu, le 4ème cardinal de l'histoire de l'Eglise catholique romaine de la RDC, Fridolin Ambongo, tire la sonnette d'alarme. " Ce sont des actes réfléchis, planifiés… Le constat montre clairement que l'objectif de tous ces comportements c'est la balkanisation de notre pays", alerte-t-il.
L'archevêque dit avoir noté des mouvements suspects de population: "Cela se vérifie à travers le remplacement de la population déplacée par des populations généralement rwandophones ou ougandophones et cela se complique ".
Le cardinal n'est pas le seul à tenir ce type de propos, partagés par le numéro 1 de l'Eglise protestante, mais, lui, insiste pour que des actions diplomatiques soient menées à l'égard des pays voisins.
"Il appartient à notre gouvernement de déployer son arsenal diplomatique pour convaincre les pays voisins, particulièrement l'Ouganda, le Rwanda et le Burundi, d'arrêter de déverser ces populations au Congo", plaide l'archevêque métropolitain de Kinshasa. Cette alerte survenait au lendemain de la position du tandem Fayulu-Muzito et qui par la suite a tenté d'organiser une marche contre la balkanisation.
Une autre voix forte, c'est celle de l'ECC, l'Eglise du Christ au Congo, dont le président, le Rév. André Bokundoa, réclame des concertations nationales. C'était au cours du culte œcuménique qu'il a présidé le jeudi 16 janvier en la Cathédrale du Centenaire où il a décrié le projet de balkanisation du pays.
Le Pasteur Bokundoa explique que ces concertations nationales n'ont rien à voir avec " des pseudos dialogues dont la finalité viserait essentiellement le partage du portefeuille et le repositionnement des uns et des autres, sans possibilité de sortir le pays de la crise ".
L'intérêt de ces concertations, telles que conçues par l'Eglise du Christ au Congo est double, selon le numéro 1 de l'ECC. "Premièrement, créer un corps solide et uniforme de plaidoyer en vue de faire entendre et expliciter les causes nationales de la RDC dans des sphères d'influences décisionnelles tant au niveau national qu'international", dit-il.
" Deuxièmement, poursuit-il, il y a lieu de créer des mécanismes de discussions sur des réformes substantielles à apporter dans notre système politique et judiciaire… ".
Mais quelle que soit la thèse que l'on défend, il y a une constante chez tous, aucun mètre carré du territoire ne doit être aliéné. Comme le dit si bien Bruno Tshibala : "Quiconque tenterait de s'accaparer même d'un seul mètre carré du Congo se verrait combattu par tous les Congolais indistinctement". Car ajoute-t-il, "notre hymne national nous recommande de léguer un Congo meilleur à notre postérité, mais pas un Congo amputé". Didier KEBONGO
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