Le programme de 100 jours du chef de l’État bat de l’aile. À Kinshasa, la population s’agace à cause d’interminables travaux de construction des sauts-de-mouton lancés aux quatre coins de la capitale. Et les tirs croisés entre le directeur de cabinet du chef de l’Etat, Vital Kamerhe, et le ministre des Finances, Sele Yalaghuli, tous intervenants sur les ondes de la radio Top Congo FM, traduisent de graves malentendus entre les acteurs de la coalition gouvernementale. Une énième preuve que de fortes turbulences secouent la coalition.

LP

La présidence de la République, via le directeur de cabinet du chef de l’Etat, se plaint que le financement du programme d’urgence ne soit pas considéré comme une priorité par le gouvernement.

Selon elle, depuis le mois de septembre, le programme n’a reçu aucun sous, le mécanisme de désignation des dépenses prioritaires à liquider étant méconnu et confié au seul ministère des Finances. La présidence apprend comme toute autre personne que le ministère des Finances a instruit les banques commerciales de ne pas accorder les crédits à l’économie.

Le ministre des Finances n’a pas tardé à réagir pour réfuter toutes les accusations. Sele Yalaghuli a indiqué que « les priorités sont les paiements des salaires et des régies qui mobilisent les ressources ».

Il a expliqué que depuis septembre, le programme a reçu 10 millions de dollars et que les priorités sont établies sur base de la trésorerie du gouvernement, ce qu’il appelle « dépenses sur base caisse ». Le ministère n’a jamais demandé aux banques commerciales de refuser de prêter aux commerçants, souligne le ministre des Finances. Sa lettre est motivée par le souci de contrôler l’endettement public car le FMI demande à la RDC de réduire son endettement. Le souci, selon Sele Yalaghuli, est de prévenir les banques commerciales contre le risque d’insolvabilité des institutions publiques et des provinces.

S’agissant de la construction des sauts-de-mouton, le ministre des Finances note qu’à ce jour, le niveau d’exécution des travaux ne correspond pas à la réalisation financière, c’est-à-dire l’ensemble de fonds décaissés depuis mars 2019, date de lancement du Programme de 100 jours. Le Programme de 100 jours n’est exécuté qu’à concurrence de 50% en moyenne et les entreprises qui l’exécutent refusent de présenter des factures au ministère des Finances au motif qu’elles sont tenues de les présenter au ministère des Travaux publics, a-t-il dénoncé. Les propos de Sele Yalaghuli jettent le doute totalsur les affirmations de la présidence. Vital Kamerhe avait, quant à lui, indiqué que « le programme est financé à 70% et le taux de réalisation de 70% ».

Réunion de clarification

Pour aplanir les divergences, une rencontre est prévue incessamment autour du Premier ministre pour définir une nouvelle feuille de route du Programme de 100 jours du chef de l’Etat, a annoncé Sele Yalaghuli.

À cette rencontre, outre le Premier ministre, la présidence de la République, sans doute représentée par le directeur de cabinet du chef de l’Etat, le vice-Premier ministre en charge du Budget, le vice-Premier ministre en charge des Infrastructures et le ministre des Finances seront également conviés.

À l’issue de cette réunion, avec l’adoption d’une nouvelle feuille de route, on s’attend à une nouvelle dynamique dans la mise en œuvre de grands projets d’infrastructures retenus dans le Programme de 100 jours du chef de l’Etat.

Dans tous les cas, la passe d’armes entre les deux personnalités (dircab du chef de l’Etat et ministre des Finances) est révélatrice de l’absence de symbiose entre le Programme du président de la République et celui du gouvernement.

Cette absence de symbiose caractérise également les deux camps. Au CACH, on ne jure que sur le Programme d’urgence du Président de la République alors qu’au FCC, c’est visiblement le mépris. Le programme d’urgence de Félix Tshisekedi est perçu dans ce camp comme un programme d’enrichissement de certaines personnes au profit desquelles les décaissements se font en urgence et de manière opaque.

De l’avis des analystes, le problème n’est pas entre le ministère des Finances et la présidence de la République. Le fait que le ministre des Finances souligne qu’il travaille sous le leadership du Premier ministre, est une manière indirecte de renvoyer la présidence de la République à la Primature. L’entente doit s’opérer à ce niveau pour que le ministre des Finances exécute les ordres. Le problème est donc clair. Il oppose le FCC au CACH.

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