L’évocation, à Londres par le président de la République, d’une éventuelle «dissolution de l’Assemblée nationale en cas de crise persistante entre les institutions» continue d’alimenter la polémique. En témoigne, entre autres réactions, le réquisitoire de la présidente de l’Assemblée nationale 72 heures après. En somme, le décryptage des propos de Jeannine Mabunda exhume, sans l’ombre d’un doute, le scénario d’une crise institutionnelle programmée, mais qui, pour être résorbée, devra longtemps compter des victimes dans tous les camps politiques. Sans épargner la société civile.

Le Potentiel

«Coup sur coup», tel est le cri de guerre des partisans du Parti du peuple pour la reconstruction et le développement (PPRD), parti leader du Front commun pour le Congo (FCC), en coalition de pouvoir avec le CACH de Tshisekedi et Kamerhe.

Mettant à exécution la devise guerrière du parti auquel elle doit d’occuper le perchoir de l’Assemblée nationale, Jeannine Mabunda a fait une sortie médiatique considérée par maints observateurs comme «manquant d’élégance» et «politiquement incorrecte».

Quant à sa réaction, elle a été qualifiée de «disproportionnelle». Car, estime un juriste, la présidente de l’Assemblée nationale s’est affichée en donneur de leçons au président de la République, ou en présidente de la Cour constitutionnelle.

Constitution manipulée

En étalant les atouts dont dispose le FCC, et qui lui assureraient une victoire numérique en cas de tentative de la dissolution de l’Assemblée nationale, le speaker de l’Assemblée n’a fait qu’offusquer l’entourage du chef de l’État.

Dans ce cas de figure, Tshisekedi n’obtiendrait jamais le contreseing du Premier ministre pour déstabiliser le FCC. Sauf que, en cas de force majeure, il peut recourir à la majorité populaire. Donc à la rue. Que de dégâts !

L’histoire rappelle que le président Joseph Kasavubu y a recouru en 1960. Joseph-Désiré Mobutu en 1967. Laurent-Désiré Kabila en mai 1997. Mais ce que ne révèle pas Jeannine Mabunda, c’est que les extrémistes de Joseph Kabila ont savamment manipulé et verrouillé le texte de la Constitution pour se fabriquer un pouvoir sans fin !

Il ne semble pas facile de refermer la brèche ouverte par la présidente de la chambre basse du Parlement. Certes, Mabunda ne s’est pas exprimée en son nom. Dans sa position, elle n’a fait qu’obéir au mot d’ordre. C’est, paraît-il, de bonne guerre.

N’empêche que souffler sur des braises pour avoir un feu doux de cuisson peut accidentellement conduire à l’incendie, surtout si l’on ne s’entoure pas de précautions par rapport à l’environnement.

Porte-parole improvisée de sa famille politique, Jeannine Mabunda a, comme la poignée d’extrémistes du PPRD, feint d’ignorer le «si» conditionnel que le président de la République a employé dans son propos qui fait polémique aujourd’hui.

Collaboration protocolaire

Les mots ayant leur poids et les locuteurs leurs intentions, la sortie de la présidente de la chambre basse du Parlement n’est pas le fait du hasard. Tous les analystes s’accordent sur cette évidence. Et la conséquence ? C’est bel et bien le début d’une crise larvée, prélude à une crise institutionnelle longue et persistante.

Que J. Mabunda vante la majorité parlementaire de sa famille politique pour contrecarrer les réformes attendues par le Peuple de la RD Congo, cela participe de la cécité politique des acteurs locaux. Qui lui dit que les «337 députés FCC contre 48 UDPS et alliés», selon elle, sont capables de tenir tête à des dizaines de millions des Congolais frustrés par les 18 ans du régime Kabila ?

Non, le Peuple congolais n’a jamais réclamé ni cherché à vivre une crise institutionnelle. Son combat contre le régime du PPRD, c’est de recouvrer la dignité humaine, de voir ses conditions de vie améliorées, d’évoluer dans un pays où règnent la paix et la justice, un pays en communion avec les autres pays du monde.

Précédé par beaucoup d’autres faits et gestes «intolérables et inacceptables» quand on est en coalition gouvernementale, l’épisode actuel marque la fin d’une époque.

Il y a de moins en moins de chance pour la survie de la coalition CACH-FCC. Dans les jours à venir, si les extrémistes de deux bords ne sont pas maîtrisés, la collaboration entre les institutions revêtira des formes purement protocolaires. La faute à qui ? Qu’on le veuille ou non, la crise institutionnelle est solennellement annoncée.
LIENS COMMERCIAUX

[VIDEOS][carouselslide][animated][20]

[Musique][vertical][animated][30]

 
Top