La persistance des tueries en série dans le territoire de Beni (Nord-Kivu) a ravivé la polémique autour du vieux projet de balkanisation de la République. De passage à Beni, le cardinal Fridolin Ambongo y a remis une couche. A sa manière. Tout comme les FARDC qui ont rompu leur devoir de réserve en dénonçant haut et fort l’existence d’un projet de balkanisation du pays. En Conseil des ministres, le vendredi 10 janvier 2020, le chef de l’Etat Félix Tshisekedi a pris l’engagement de se battre jusqu’au bout pour faire échouer ce projet – en tout cas s’il en existe un.

Le Potentiel

Longtemps renvoyé dans les oubliettes, le projet de balkanisation de la République démocratique du Congo est revenu au devant de la scène. Pour cause, la persistance de l’instabilité dans la partie Est de la RDC, marquée principalement par la recrudescence des tueries dans le territoire meurtri de Beni, dans la province du Nord-Kivu.

Si, à l’officiel, le gouvernement indexe les rebelles ougandais de l’ADF, comme élément moteur des massacres de Beni, dans l’opinion publique, cette version des faits ne fait pas l’unanimité. Nombre d’observateurs pensent que l’insécurité entretenue dans l’Est de la RDC fait partie d’un plan qui rentre dans le cadre du vieux projet de balkanisation de la RDC.

De passage dernièrement à Beni, le cardinal Fridolin Ambongo n’a pas manqué de faire ce lien, appelant de ce fait à une mobilisation générale pour aider les FARDC à venir à bout de la pieuvre de l’Est. Même son de cloche dans les rangs des Forces armées de la RDC qui n’ont pas hésité à leur tour à faire le lien entre l’instabilité dans l’Est du pays et la mise en œuvre d’un plan de balkanisation de la RDC.

Qu’en est-il ?

La balkanisation de la RDC reste un sujet récurrent dans l’histoire politique de la RDC. Depuis la guerre, dite de libération, menée par les troupes de l’AFDL en 1996, l’ombre de la balkanisation plane sur la RDC.

24 ans après la rébellion appuyée par une coalition rwando-ougando-burundaise, la balkanisation de la RDC est toujours d’actualité. Il n’y a jamais eu de fumée sans feu, rappelle une vielle sagesse. Mythe ou réalité, dans l’opinion publique congolaise, tous sont unanimes à ce sujet.

« Le plan de balkanisation de la RDC ne relève pas du domaine du virtuel. Il est bien réel. Depuis les années 1990, il y a des gens, dont certains ont réussi à infiltrer les institutions ainsi que les services de défense et de sécurité de la RDC qui y travaillent. Jusque-là, le peuple congolais a mis en déroute ce plan. Il faut dire que les autres n’ont pas désarmé. Ils y croient toujours. L’instabilité de la partie de la RDC procède de la mise en œuvre de ce schéma », a indiqué à notre rédaction un analyste indépendant, spécialisé de la région des Grands Lacs.

La fermeté de Félix Tshisekedi

Au pouvoir depuis janvier 2019, Félix Tshisekedi est confronté au même problème que son prédécesseur, c’est-à-dire la paix fragile qui règne dans les provinces de l’Est. Il craint d’ailleurs que cette insécurité récurrente ne plombe son mandat.

A tout prendre, l’Est de la RDC est dans les priorités du président Félix Tshisekedi. A l’instar de toutes les voix qui s’élèvent dans le pays, Félix Tshisekedi ne minimise pas l’épineuse question de la balkanisation de la RDC. Aussi promet-il de ne ménager aucun effort pour faire échouer ce vieux projet. Il en a largement fait mention, le vendredi 10 janvier 2020, en Conseil des ministres qu’il a présidé à la Cité de l’Union africaine.

Le chef de l’Etat s’est félicité de prouesses des FARDC sur le terrain de Béni, avec la reprise de Madina, bastion des forces négatives ADF, par nos Forces Armées, avant de rassurer les membres du gouvernement et l’ensemble du peuple congolais de sa détermination à poursuivre les actions de pacification de tout l’Est du pays, notamment dans Beni, Butembo, l’Ituri, le Haut et Moyen Plateaux de Minembwe ainsi qu’à Uvira.

Pour ceux qui spéculent sur la balkanisation du pays, Félix Tshisekedi n’a pas fait dans la dentelle en faisant observer que « tant qu’il sera à la tête de l’Etat, la balkanisation n’aura pas lieu. Il a dit sa détermination de ne laisser partir aucun m² du territoire national tant qu’il présidera aux destinées de ce pays ». C’est tout dire.

Autrement dit, l’avenir de la RDC, dans ses frontières héritées de la conférence de Berlin de 1885, se joue dans sa partie Est. Félix Tshisekedi en est bien conscient.

Tapis dans l’ombre, les tireurs de ficelles dans la mise en œuvre du plan de balkanisation de la RDC n’ont pas encore dit leur dernier mot. Une chose est sûre : sur leur chemin lugubre, ils devront se mesurer au ferme engagement de Félix Tshisekedi de garantir l’intangibilité des frontières de la RDC.

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