L’omniprésent directeur de cabinet du président congolais gît derrière les barreaux de la Prison centrale de Makala, depuis mercredi dans la soirée. Il était entendu par le parquet sur son rôle dans la gestion des millions de dollars alloués au programme des 100 jours d’urgence de Félix Tshisekedi. « Un tonnerre » pour les médias, une « humiliation mieux un acharnement » pour les cadres de son parti Union pour la nation congolaise(UNC), « un acte fondateur de la nouvelle politique pénale » répond un député national pro-justice, « une affaire judiciaire politisée » assènent les opposants des bords extrêmes, du silence assourdissant des ténors de deux principaux partis au pouvoir : l’UDPS du président Tshisekedi et le PPRD de son prédécesseur Joseph Kabila… Vital Kamerhe serait-il victime d’un nouvel ordre politique instauré par la coalition au pouvoir FCC-CACH dont les principaux acteurs et défenseurs sont connus, Félix Tshisekedi l’actuel président de la République et son prédécesseur Joseph Kabila Kabange ?

Juillet 2019, sept mois après la prise des fonctions de Félix Tshisekedi, le Front commun pour le Congo (FCC) et le Cap pour le changement (CACH) se sont attelés à mettre sur écrit ce que doit être désormais la gestion du pays, la vie politique sous la cinquième présidence. Les médias ont été conviés à la signature de l’accord, présenté à grande pompe. L’opinion ne sera jamais mise au parfum du contenu, mais seuls les naïfs passeront outre de la valeur politique dudit document. La réalité reste le fait que le mystérieux texte régule l’actuelle vie politique.

L’inédite première passation pacifique du pouvoir au sommet de l’État congolais a instauré un nouvel ordre politique, qui ouvre la porte à un profond bouleversement dont les victimes passeront l’une après l’autre… Les deux forces dirigeantes se sont mises d’accord sur la domination d’une justice aux allures indépendantes, sur l’amélioration des conditions sociales d’une population miséreuse… sur « la sanction juste et justifiée », s’il faut reprendre un des procureurs nommés par le président Tshisekedi.

Cet ordre discuté dans les détails durant des mois, peut être compris en reprenant certains passages du premier discours sur l’état de la nation du président congolais devant les deux chambres du Parlement réunies en congrès, décembre dernier.

« Je suis au courant de la persistance des pratiques de corruption et de l’existence des réseaux de prédation et de fraudes massives qui occasionnent des détournements et des manques à gagner au Trésor public (…)

Je serai intraitable dans la lutte contre la corruption. C’est l’un des moyens de regagner la confiance de notre peuple d’abord, et celle de nos partenaires ensuite (…)

Je tiens à ce que tout le monde, les riches comme les pauvres, puissent avoir un accès équitable à la justice. C’est ce qu’on appelle la justice pour tous, une justice fondée sur le respect de la dignité humaine ». Rideau.

« Le pacificateur », un des surnoms de Kamerhe, risque en effet jusqu’à 20 ans de prison dans cette affaire, s’il est reconnu coupable. Des sources judiciaires assurent que s’il était auditionné, c’est parce qu’il est « non seulement l’ordonnateur des dépenses de la présidence, mais aussi parce que, jusqu’en septembre 2019, c’est lui qui contrôlait d’une main de fer les finances de ce programme », et que tout au long de l’entretien avec les juges, il n’a pas fourni des preuves suffisantes et n’a pas convaincu.

Faut-il croire en l’écriture par la justice congolaise « d’une nouvelle page dans le cadre de la lutte contre l’impunité, principalement des crimes économiques », tel que l’affirme l’activiste Georges Kapiamba, ou à un scénario digne d’un casting hollywoodien, un simple bluff ?

Alors que très souvent absent lors des rencontres entre Tshisekedi et Kabila, l’opinion était surprise lors de la dernière, de voir le directeur de cabinet Vital Kamerhe rendre public le compte-rendu – ces phrases joliment tracées pour la consommation médiatique – de la réunion de ces deux hautes personnalités de la coalition au pouvoir. Le soir en question, fut-ce le début des schèmes ésotériques ? « C’est de la haute politique », répond un analyste proche de l’UNC. Ce n’est pourtant pas ce que comprend l’opinion, qui accueille favorablement l’interpellation, la détention préventive de VK.

Tony-Antoine Dibendila
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