Le deuxième round du procès opposant le ministère public congolais à Vital Kamerhe a été beaucoup plus intéressant que le premier round. En regardant le film du procès, j’ai vu un Vital Kamerhe sûr de lui comme d’habitude, combattif, mais pas nécessairement porté à en découdre, comme il y a trois semaines. La « surdose » d’arrogance du premier face-à-face a laissé place à une petite dose de retenue qui, de temps à autre, a laissé libre cours à une certaine impudence.

Dans mon précédent billet, j’avais souligné que « Vital Kamerhe et son équipe vont articuler leur stratégie en fonction des signaux que le pouvoir va envoyer. » C’est ce qui a semblé se dessiner au regard du procès de ce 25 mai. À la nuance près que l’équipe de la défense a articulé sa stratégie en fonction de la posture affichée par la poursuite. Donc le ministère public.

En analysant la posture et le discours de Vital Kamerhe, on constate que le directeur de cabinet ne répond pas directement aux questions qui lui sont posées, se contentant d’épiloguer sur des points qui n’ont pas nécessairement de rapport direct avec celles-ci. On appelle ça la «stratégie de l’esquive».

Ce qui est particulièrement intéressant dans le procès de ce lundi, c’est que Vital Kamerhe répondait aux questions sans vraiment s’adresser à la Cour. En fait, toute la stratégie argumentative du dircab était tournée vers le public. Il savait que le procès était filmé, que les Congolais le suivaient avec attention. Conscient d’avoir été crucifié sur la place publique avant même le début du procès, Vital s’est employé à démontrer qu’il est victime d’un acharnement injustifié. Et sur ce point, force est de reconnaître que son argumentation sur les raisons de sa détention à la prison de Makala a fait mouche.

En effet, quand Vital Kamerhe pose la question de savoir pourquoi il est toujours détenu à la prison centrale, le ministère public botte en touche. Aux yeux du public, le dircab marque un point. Quand, face à une équipe de l’accusation mal préparée, le même dircab épilogue longuement avec assurance sans nécessairement répondre aux questions qui lui sont posées, il marque un autre point aux yeux des Congolais, lesquels sont mystifiés par son verbe et l’assurance qu’il affiche. Enchainer des mots savants qui ne veulent rien dire avec autorité impressionne toujours les masses populaires. Je suis persuadé que la plupart des Congolais, qui ont suivi le procès de ce lundi, ont été «mystifiés» par un Kamerhe, qui s'est amusé à «convoquer» les caméras de la RTNC pour filmer les «preuves» qu’il présentait. En voyant cela, le Congolais qui est devant son écran se dit une seule chose : « Ahh alakisi ba epreves na ye hein. Aza na ye innocent, batika ye kaka... »

En outre, la stratégie de défense de Vital Kamerhe a comporté deux volets communicationnels : l’un destiné à faire comprendre aux Congolais qu’il est innocent et que son procès est politique, l’autre destiné à faire comprendre aux tenants du pouvoir qu’il ne tombera pas seul, au cas où...

Dans l’ensemble, le directeur de cabinet de Félix Tshisekedi s’est bien défendu, exposant au passage les lacunes du ministère public. À vrai dire, il a eu en face de lui des gens très mal préparés. Les procureurs se sont montrés tellement déterminés à avoir la tête de Vital Kamerhe qu’ils ont été très peu regardants dans leur manière de traiter le dossier. À travers leurs interventions, on peut bien voir qu’ils n’ont pas la maîtrise de certaines notions relatives au fonctionnement des institutions de la République. Et à chaque fois que l’occasion s'est présentée, Kamerhe n'a pas manqué de le leur faire savoir, à la manière d’un professeur qui corrige ses élèves.










Mais attention ! La poursuite n’a pas encore dit son dernier mot. À voir comment l’équipe Kamerhe s’est agitée lorsque le ministère public a annoncé la convocation à la barre de l’épouse du dircab (Amida Shatur) et de sa fille, on peut d'ores et déjà dire que ça promet...

Pour le reste, j’ai été très frappé par le caractère médiocre du procès. On a l’impression d’assister à un maboke, où des hommes en toges noires jouent leur partition... souvent de manière assez bizarre. On se croirait dans une République bananière...
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