Le site congoactu.net l’avait annoncé le 5 août, scooprdc l’a repris ce week-end et 24News lundi: l’ancien patron de la redoutée Agence nationale de renseignement (ANR) sous Joseph Kabila aurait été révoqué en raison de sa participation à la manifestation du 23 juillet dernier organisée par le Front commun pour le Congo (FCC, kabiliste) afin de  « soutenir la Constituton » et dénoncer les « dérives dictatoriales » du président Félix Tshisekedi. Un membre de l’ANR est tenu à la neutralité politique.

Kalev Mutond, 62 ans, a dirigé l’ANR de 2011 à 2019. Il avait été limogé de son poste en mars 2019 à la suite de l’accession à la Présidence de Félix Tshisekedi, en janvier 2019, conformément à un accord de partage de pouvoir entre ce dernier et son prédécesseur, Joseph Kabila, à l’issue d’élections dont les résultats détaillés n’ont jamais été publiés.

Considéré comme très proche de Joseph Kabila, il était resté dans le cadre de l’ANR, avec le statut de directeur, tandis que son adjoint, Inzun Kakiak, le remplaçait à la tête de l’agence.

Vêtu aux couleurs du FCC

En février dernier, Kalev Mutond avait été interpellé à l’aéroport de Ndjili (Kinshasa) au retour d’un voyage à l’étranger et accusé de détenir illégalement un passeport diplomatique; il le détenait en tant que « conseiller du Premier ministre » Sylvestre Ilunga (FCC), mais ce dernier n’ayant pas encore nommé son cabinet, ce passeport était apparu abusif aux nouvelles autorités et il lui avait été confisqué. Une interdiction de quitter le pays avait été jointe à cette mesure.

Le 23 juillet dernier, celui qui s’était fait craindre durant des années pour sa férocité dans la répression des manifestations d’opposants s’était retrouvé avec les dirigeants du FCC, vêtu d’une chemise, d’une casquette et d’une écharpe aux couleurs de cette coalition politique, à la tête d’une manifestation contre le président de la République, Félix Tshisekedi, accusé de « dérives dictatoriales » après qu’il eut procédé à une série de nominations à l’armée sans le contreseing du Premier ministre (FCC) mais avec celui du ministre de l’Intérieur, issu de l’UDPS (tshisekediste).

Suppression  d’une garde policière

 

Ce manquement à la neutralité exigée aurait valu à Kalev Mutond d’être révoqué la semaine dernière, ce qui lui fait perdre les divers avantages liés à son statut, selon scooprdc. Ce media ajoute qu’il aurait dû, pour y échapper, « formuler une demande de mise en disponibilité pour se désengager momentanément » de l’ANR.

La manifestation du 23 juillet n’est cependant pas la première expression publique de parti pris politique de Kalev Mutond. En mai 2019, après son remplacement à la tête de l’ANR, il avait ainsi mis en garde les « anciens camarades dans le pré-carré du président Jospeh Kabila » qui « s’attaquent à Joseph Kabila », assurant « je ne resterai pas les bras croisés ».

Quoi qu’il en soit, le site 24News a annoncé ce lundi que le ministre de l’Intérieur, Gilbert Kankonde (UDPS), a ordonné dimanche le retrait de 30 policiers commis à la sécurité de Kalev Mutond. Il aurait toutefois accédé à la demande de ce dernier de lui fournir 12 hommes en remplacement, à la condition qu’il paie ces hommes 1200 dollars par mois chacun.

Sanctions américaines et européennes

Kalev Mutond est l’objet, depuis décembre 2016, de sanctions des Etats-Unis pour son rôle dans la répression des manifestants qui protestaient contre la décision de Joseph Kabila de ne pas tenir les élections dues en décembre 2016. Ce dernier avait réussi à se maintenir, sous divers prétextes, deux ans de plus à la tête de l’Etat.

En mai 2017, l’Union européenne avait, elle aussi, adopté des sanctions contre le patron de l’ANR, pour les mêmes raisons.

Tout comme l’ex-ministre de la Justice de Kabila, Alexis Thambwxé, aujourd’hui président du Sénat, Kalev Mutond fait en outre l’objet de poursuites aux Etats-Unis, par Darryl Lewis, qui fut conseiller sécurité de l’ex-gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi – rival politique de Joseph Kabila. L’Américain avait été arrêté d’avril à juin 2016  au Congo et, selon ses accusations, « torturé » en détention. La Cour suprême des Etats-Unis a refusé, le 29 juin dernier, d’examiner le recours des deux Congolais contre la décision d’une cour d’appel américaine rejetant leur immunité comme motif de se soustraire aux poursuites de Darryl Lewis. Cette cour d’appel a estimé que l’immunité ne s’applique pas en cas de poursuites à titre individuel et en matière civile. Le choix de la Cour suprême permet l’ouverture d’un procès.

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