Loin de s’apaiser, la lutte entre partenaires de la coalition au pouvoir – les kabilistes du FCC, les tshisekedistes de l’UDPS et les pro-Kamerhe de l’UNC – pour le contrôle des institutions s’aiguise dangereusement. La reddition des comptes de l’Etat, tombée au milieu de la dispute, vient pourtant remettre certaines pendules à l’heure.

La dispute a pour origine une lettre de l’Inspection générale des Finances, datée du 6 novembre dernier, signalant au président Félix Tshisekedi, avec copie au ministre des Finances, le non-paiement de rémunérations du personnel de l’Etat alors que les dépenses augmentent de manière inquiétante tandis que les recettes demeurent constantes depuis trois mois.

Le ministre des Finances, José Sele Yalaghuli (FCC), réagit vivement, assurant que les trois-quarts de la paie des fonctionnaires et agents est versée chaque mois, le reste le mois suivant, et que la situation sera apurée le 15 novembre.

« Sans l’UDPS »…

Mardi dernier, le 10 novembre, le secrétaire général (dont la légalité de la nomination est contestée) de l’UDPS, Augustin Kabuya, dans un discours devant ses troupes au siège du parti lance que « sans l’UDPS, ils (NDLR: les kabilistes) auraient subi le sort des mobutistes le 17 mai 1997 », jour de la chute du régime, rapporte Ouragan FM, média proche du FCC. Une reconnaissance inattendue que c’est bien l’UDPS qui a repêché les kabilistes, que leur impopularité éclatante aurait noyés si les élections de 2018 avaient été régulières.









Kabuya avait aussi déclaré que c’était le ministre FCC des Finances qui bloquait le paiement des agents de l’Etat, en complicité avec sa coalition politique, pour dresser les fonctionnaires, la police et l’armée contre le président Tshisekedi. Il avait ajouté des mots compris par tous comme des menaces personnelles à l’encontre de M. Sele Yalaghuli puisqu’ils ont été condamnés par le ministre congolais des Droits Humains, André Lite, mais aussi par le Bureau de l’Onu pour les Droits de l’Homme. Plainte a été déposée par l’offensé auprès de la justice congolaise, décision que M. Kabuya a accueillie en qualifiant son adversaire de « farceur », selon la presse congolaise.

Ses propos ont également été réprouvés par l’état-major de l’armée, dont le porte-parole a appelé « les opérateurs politiques de tous bords à s’abstenir d’épiloguer sur les Forces armées », évoquant une campagne pour « démoraliser » les troupes afin de les pousser à la révolte.

Dépassements astronomiques

C’est dans cette atmosphère tendue qu’est arrivée la reddition des comptes 2019 devant le parlement. Selon les informations reçues par La Libre Afrique.be, les dépassements de budget sont astronomiques et… bien partagés, comme le montrent les dix plus mauvais élèves, quoiqu’en disent les parlementaires FCC interrogés par divers médias.

On note ainsi que le plus gros dépassement est enregistré au ministère des Sports et Loisirs, détenu par le FCC: 739%. La seconde place est occupée par le Secrétariat général du gouvernement (dirigé par un fonctionnaire en principe apolitique), avec 567% de dépassement. Le Secrétariat général du gouvernement avait été accusé en août 2019 par l’ACAJ (Association congolaise pour l’accès à la Justice) de versements illicites  d’émoluments à d’anciens ministres.

Suit la CENI (Commission électorale nationale indépendante), créature des kabilistes, avec 477% de dépassement de son budget alloué. En quatrième place arrive le ministère des Finances (FCC), avec 463%. Puis le premier ministère UDPS épinglé, les Affaires étrangères, avec 445% de dépassement. Le Budget (UNC de Vital Kamerhe) a dépassé son budget de 364% et les PTT (UDPS) de 344%. En huitième place, on épingle la Présidence (UDPS), avec un dépassement de 305% de son budget alloué. La Primature (FCC) dépasse de 270% et la Défense (FCC) de 216%.

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