Même si les autorités du pays n’ont pu rien faire en termes d’organisation pour rendre hommage à King Kester Emeneya, il faut retenir que les proches de l’artiste et les notables de la commune de Bandalungwa ont, néanmoins, réussi à accommoder un événement de taille, à l’occasion du 7ème anniversaire de sa triste disparition. Le festival Muntu wa Zamani (FESMUZA 2) est l’unique rencontre qui a réuni plus de 3000 personnes du 13 au 14 février 2021, à l’espace Béni le visionnaire, à Kinshasa pour célébrer le patron de Victoria Eleison.

Football, comédie et musique sont les activités qui ont marqué cette commémoration avec les fanatiques et quelques musiciens ayant évolué dans le groupe Victoria Dream Team Dream Band.

Cette organisation, renseigne-t-on, a été initiée par le journaliste Basile Sombo en partenariat avec JPN Production et Solidarité Bandalungwa (SOLBA) sous la houlette de quelques personnalités et mécènes culturelles. On a salué surtout la participation musclée de Docta Dekana, un des fidèles et proches d’Emeneya, qui n’hésite pas de mettre la main dans la patte lorsqu’il s’agit du clan Victoria et son gourou.

Une ambiance bon enfant a caractérisé cet événement dont l’idéal était d’immortaliser et de pérenniser le nom de ce grand artiste qui a contribué énormément à la promotion de la musique congolaise dans le monde.

Rappelons que King Kester Emeneya Nkua Mambu est décédé le 13 février 2014, à l’hôpital Marie Lannlongue, à Plessis-Robinson en France de suite d’un infarctus. Que l’on hésite à rattacher à sa lourde opération de cœur de 2012.

Sept ans après sa mort tragique, le journal La Prospérité  retrace la vie et le parcours musical de cette icône de la chanson congolaise. Il y a beaucoup de choses à dire sur sa personne dont certaines ne sont pas à exposer sur  la place publique.

De Kikwit à Lubumbashi et Kinshasa, en passant par Paris, Bruxelles jusqu’à Luanda, des témoignages recueillis renseignent que Kester Emeneya vivait sans se poser des questions sur sa vie d’hier et d’aujourd’hui, même après sa mort.

Concernant sa vie dans la société, l’artiste se considérait comme tout être humain. Très modéré ! Il aimait la femme et pensait à constituer une famille stable et aisée, digne de son rang. Le King de la musique congolaise avait surtout le souci de construire une bonne société.

L’homme propose, Dieu dispose, dit-on. Hélas ! L’artiste n’a pu concrétiser tous  ses rêves. Conséquence, il s’est remarié plusieurs fois à cause de divorces à répétitions. De son vivant, Emeneya aurait connu trois divorces dans sa vie de couple. ‘‘Cela est dû à l’infidélité et à la trahison conjugale  des femmes dont certaines auraient même franchi le rubicond, en sortant avec d’autres musiciens congolais et amis de l’homme’’, dénonçait de son vivant le King dans les médias de la place.

Par contre, l’illustre chanteur affirmait avoir trouvé la paix grâce à sa dernière épouse nommée Florence Mbadu, ancienne animatrice à la Télévision Kin Malebo. C’est entre les mains de cette jolie dame vivant à Paris que Kwangolo Zonso a rendu l’âme. Selon une source proche de sa famille, King Kester aurait  laissé 11 enfants issus de quatre femmes. Ce sont de grands garçons et  grandes filles résidant, tous, en Europe. Parmi les enfants, il y a Yanick Mabiala, franco-congolais, qui est un soldat dans l’armée française.

Jean Mubiala Emeneya a laissé une progéniture non négligeable, pouvant assurer et défendre son image de génération en génération.

Pour tout dire, la star laisse ainsi une veuve, plusieurs enfants et une œuvre abondante.

Ses Œuvres immortelles*

Du point de vue artistique, le leader et fondateur du groupe Victoria Eleison n’est pas mort. Son nom et ses œuvres anthologiques resteront gravés dans la  mémoire du commun des mortels et continueront, surtout, à peindre la société congolaise, grâce à la richesse infinie et à la  profondeur de ses idées.

L’homme de patinage artistique a été une véritable idole pour toute personne qui a été à ses côtés, même pour 5 minutes seulement.

Meilleure voix lourde, King Kester revendiquait sans cesse sa place parmi les meilleurs musiciens du pays. Le chanteur s’en est allé en pleine lumière. Comme il le voulait.

Pour Kester, vivre voulait dire chanter, offrir du plaisir et bain de foules. Même après sa disparition, sa voix ne pourra se taire. Elle continue à irriguer les  cœurs brisés avec les «Milena»,  «Amena»,  «Ndako ya ndele», «Dembela», «Teint de bronze», «Dikando», «Ngonda», «La Runda», «Fleur d’été», «Ngabelo», «Sabola Milimu mawa», «Okosi ngai mfumu» et autre «Kimpiatu». Son départ avec la chanson «Amena » chantée avec Pépé Kallé et Papa Wemba, a changé sa vie.  Pour beaucoup, elle a mis tout le monde d’accord sur son talent.

De disque en disques, il a conquis son identité et fait asseoir sa renommée sur la scène tant africaine qu’internationale. Ses œuvres avaient de l’âme ; elles parlaient au cœur.

Qui est EMENEYA ?

Né à Kikwit le 23 novembre 1956, Emeneya était l’un des chanteurs les plus talentueux de ces trente dernières années. Auteur-compositeur prolixe, il s’était placé au-dessus de la mêlée en imposant sa classe et en faisant preuve d’une constance remarquable.

Certes, son ascension a été spectaculaire. Mais, elle n’a pas étonné ceux qui ont suivi ses débuts dans Viva-la-Musica de Papa Wemba.

Emeneya a, en effet,  largement contribué à l’épanouissement de cet orchestre à travers des œuvres d’anthologie. Ancien chanteur des orchestres African danse, Les Anges Noirs, Shama-Shama de Mopero Wa Maloba (qu’il a enrôlé à son tour dans Victoria Eleison), Isifi Melodia d’Evoloko Atshuamo et des Kasapards, King Kester manifesta assez tôt ses affinités avec la musique.

A 15 ans, il composait déjà des chansons romantiques pour ses amis. Il se partageait alors entre les études et la musique.

En 1977, il interrompit ses études universitaires au campus de Lubumbashi pour se consacrer uniquement à sa passion : la musique.

Emeneya Mubiala chantait alors comme son idole Tabu Ley Rochereau. Toutefois, Gina Efonge était son modèle et il voulait le rejoindre dans l’orchestre Libanko.

Sur conseil  de son ami Misha Mulongo, il choisit,  finalement,  d’évoluer aux côtés de Wemba. Ce dernier, qui avait la nostalgie de la voix de Bozi Boziana, lui a donné la chance, sans la moindre hésitation.

On retiendra que Viva-la-Musica fut assurément un beau tremplin.  Lorsque Papa Wemba hypothèque l’avenir de Viva-la-Musica pour convoler en justes noces  avec l’Afrisa International de Tabu Ley, Kester s’empare du bâton de commandement et donne une autre marque de maturité à Viva. A la surprise de tous, il réussit l’exploit de sécher les larmes de Molokaï.

Au fil des mois, son image se crée, son talent transpire et s’impose. Bourreau du travail, Emeneya devient un chanteur en or qui brille dans tous les concerts.

Au retour de Wemba désenchanté par son mentor qui lui a remis un chèque en bois, Emeneya et son compagnon Bipoli na fulu se décident de créer l’orchestre Victoria Eleison, le 24 décembre 1982. Aussitôt, le groupe subit, dès sa création, un féroce embargo décrété par les partisans de Papa Wemba. Mais,  le veto produit l’effet boomerang. Le public choisit, en effet,  le camp des dissidents.

Tout Kinshasa soutient avec allégresse Emeneya surnommé Jésus et son groupe. Et Victoria fut la cuvée en 1983 !

Grâce au soutien de Verkys Kiamuangana et au sponsoring de la Bralima-Primus, Kester baptisé le ‘‘Grand pétrolier’’ a réussi une carrière gigantesque. Et, l’on imagine combien ses fans ont nagé dans le bonheur, en écoutant son succulent répertoire avec des tubes tels que «Kimpiatu», «Okosi nga mfumu», «Abissyna», «Willo Mondo», «Sans Préavis », « Ngabelo», «Surmenage », « Mboka mboka », «Longue histoire », «Le jour le plus long» et autres. Le public a aimé toutes ses chansons.

Plusieurs fois élu «Meilleure vedette de l’année», Jean Mubiala Emeneya a mis tout le monde dans sa poche. C’est incontestablement avec «Nzinzi» et «Everybody» que le chanteur est sorti du ghetto et tutoyé le succès international. Cerise sur le gâteau aura été le plaisir de chanter avec la chanteuse Abeti Masikini au Zénith de Paris. Il s’est produit sur les cinq continents.

Ses plus célèbres tournées se déroulent au Japon en 1991 et en Amérique du Nord. Il avait le courage de se réinventer.

Pour son comeback à Paris en 2001, il a réussi l’exploit de remplir les deux mythiques salles parisiennes Zénith et Olympia, sans un album sur le marché.

Kester avait un vocabulaire charmant et fonctionnait à l’affection. Il se passionnait pour la politique et pensait que sans la corruption, la RDC serait une grande puissance économique. Ressassant sans cesse l’idée d’être de gauche, il appréciait Antoine Gizenga et Patrice Lumumba.

Toujours en mode vigilance, la star avait le tribalisme et le racisme en horreur. Le King de la musique congolaise a marqué aussi sa génération par son look, sa démarche et son amour à la sape. Les jeunes Kinois se souviendront également de lui à travers le “Langila”, le lingala codé qui déroute les non-initiés. Et,  contrairement aux apparences, Emeneya était un grand supporter de Papa Wemba et avait  beaucoup d’estimes envers Koffi Olomidé, son ami.

Au crépuscule de sa vie, le patron de Victoria était en studio pour  enregistrer un nouvel album «This is me» dont les travaux étaient presque sur le point d’être achevés. Malheureusement, la sortie de ce disque à titre posthume est devenue une affaire de carreau cassé. C’est-à-dire un dossier classé.

Toutefois, Kester Emeneya a brillamment rempli sa mission temporelle. Les Congolais ne l’oublieront jamais. Car, ses œuvres le défendront pour toujours.


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