Un vent violent souffle au sein de l’Union sacrée de la nation (USN). Il faut redouter que cette vision politique, portée par le chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, à la suite de la rupture de la coalition qu’il a formée avec son prédécesseur, Joseph Kabila, ne se termine en eau de boudin. Le blocage observer autour de la formation du Gouvernement Sama Lukonde a fait remonter à la surface les graves frustrations d’une Union sacrée qui se recherche encore.
Dans ses rangs, les tensions sont telles qu’il faut déjà craindre une implosion. Si faire basculer la majorité à l’Assemblée nationale aura été une partie de plaisir pour le Chef de l’Etat, la formation du Gouvernement USN passe pour un véritable casse-tête. C’est la survie de l’Union sacrée de la nation qui est en jeu.
L’Union sacrée de la nation prônée par le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, est au bord de l’implosion. Ne pas le voir revient à se cacher derrière son petit-doigt. Le laborieux processus de la mise en place du Gouvernement de l’après-divorce FCC et CACH démontre à suffisance que tout le monde ne sera pas content. Des frustrations sont signalées dans tous les camps.
D’ailleurs, des voix se font entendre pour protester contre ce processus piloté par le Chef de l’Etat et le Premier ministre nommé, Jean-Michel Sama Lukonde. Ce laborieux processus est considéré comme opaque par plusieurs partenaires de cette vision présidentielle, particulièrement Ensemble pour la République de Moïse Katumbi et le Mouvement de Libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba.
Ces deux formations disent ne rien comprendre du déroulement de ce processus au point que, selon des sources, jusqu’en ce moment, la liste des Katumbistes n’a jamais été transférée aux deux chefs de l’Exécutif national. D’ailleurs, Moïse Katumbi ne se précipite pas à entreprendre n’importe quelle démarche allant dans le sens de faire figurer ses partisans sur la liste du prochain Gouvernement. L’autre curiosité est sortie du côté de Kingakati.
Selon des proches de l’ancien président Joseph Kabila, Félix Tshisekedi lui aurait proposé de prendre dix postes ministériels. L’offre aurait été poliment rejetée. Intox ou réalité? Nul ne le sait à ce stade!
Est-il que tout indique que si le Gouvernement de l’Union sacrée sort, l’édifice court le risque de se lézarder ou carrément de s’écrouler. Des voix s’élèvent de plus en plus pour fustiger la gourmandise du parti présidentiel, UDPS.
Si les nouveaux alliés acceptent volontiers que le Chef de l’Etat puisse disposer d’un quota à sa discrétion, ils ne s’expliquent pas que l’UDPS puisse, à elle seule, prendre huit postes ministériels alors que la clé de répartition est de « huit (8) députés nationaux contre un (1) ministère »
La sortie retardée du Gouvernement de Sama Lukonde laisse encore un petit temps - un sursis - à l’Union sacrée de la nation qui semble avoir été condamnée dès sa naissance.
L’euphorie passée, des vieux démons sont en train de vouloir briser l’élan soutenu par la population de mettre un terme à l’influence de l’ancien président et de voir s’appliquer enfin la vision du Chef de l’Etat, tournée vers la requalification du bien-être de la population : « Le peuple d’abord ».
En sursis
A la sortie du Gouvernement Jean-Michel Sama Lukonde, l’implosion est inévitable, estiment maints observateurs. Un député USN, qui avait mouillé sa chemise pour faire basculer la majorité en faveur du Chef de l’Etat, s’est déclaré pessimiste.
Léon Nembalemba, député AFDC-A de Modeste Bahati, a déclaré publiquement qu’à la publication du Gouvernement, l’implosion serait inévitable.
Justin Bitakwira, l’un des premiers transfuges à avoir adhéré à l’USN, n’a pas non plus caché sa déception. Sur Top Congo, radio émettant depuis Kinshasa, Bitakwira n’a pas caché sa colère : « huit (8) députés pour un (1) ministère, c’est du Kabilisme et Shada-risme. En ne tenant compte que du poids politique, il faut savoir qu’il y a de vrais et faux députés. Certains n’étaient même pas candidats et d’autres pas élus, mais ils sont à l’Assemblée nationale ».
Fragile, la durée de vie de l’USN ne serait pas longue, se dit-on dans différents milieux politiques. La formation du Gouvernement serait simplement un sursis, pense-t-on.
Jean-Michel Sama Lukonde a été nommé depuis un mois. En un mois, il peine à constituer son équipe. Cala en dit long sur les difficultés rencontrées. La sentence est déjà connue : une vie courte. La durée de son Gouvernement dépendra donc des équilibres entre la part du Chef de l’Etat, celle de Moïse Katumbi, de Jean-Pierre Bemba et du contingent ex-FCC.
Des partisans de l’ex-président Joseph Kabila jurent par des bouleversements au sein de la nouvelle majorité, bien avant l’échéance électorale de 2023. Comme toujours, c’est au sein de l’Assemblée nationale que tout va se jouer. De la même manière que cette majorité a basculé, de la même manière aussi pourrait-elle changer de cap à tout moment.
Tout dépendra, encore une fois, des rapports de forces en présence.