Sur le plan politique, les analystes s’attendent à ce que la majorité parlementaire nouvellement formée autour du président Félix Tshisekedi soit en mesure de garantir une bonne mise en œuvre des réformes. Voilà qui rassurerait les analystes concernant le volet « gouvernance » dans son appréciation du pays.

Moody’s émet une appréciation « positive » à l’égard de la RD Congo. Certes, les risques demeurent, mais le pays semble s’orienter vers une gouvernance stable, les réformes avancent, et son secteur minier est bien orienté.

Tout comme pour une copie d’élève, les commentaires d’analystes financiers valent mieux que leur note finale. Si Moody’s a maintenu son « rating » relatif à la dette long terme de la RD Congo à « Caa1 », elle a indiqué relever de « stable » à « positive » son appréciation. Ce qui signifie que l’agence américaine pourrait relever sa note – guère brillante – d’ici quelques mois.

Le pays, détaillent les analystes, offre des perspectives économiques solides, tirées par le secteur minier et le potentiel d’amélioration de la résilience économique. Les réformes structurelles, engagées par le gouvernement dans le cadre du programme du FMI, commencent à porter leurs fruits.

Ce regain d’optimisme reflète également l’augmentation des réserves officielles en devises, qui devraient continuer à s’accumuler au cours des prochaines années. Cela est de nature à réduire l’exposition aux baisses des prix des matières premières et aux épisodes graves de volatilité macroéconomique qui y sont associés.

Bien sûr, la notation reste faible, au regard de la grille de l’agence et de ses consœurs. Elle reflète des niveaux de richesse particulièrement bas, des institutions très faibles. Et donc, une capacité d’absorption des chocs économiques encore faible ainsi qu’un risque politique élevé, contre une dette publique faible et abordable. Malgré une forte reprise économique portée par le secteur minier, les finances publiques restent vulnérables à la volatilité des prix des matières premières.

Moody’s s’attend à ce que le secteur extractif de la RD Congo continue de jouer un rôle central dans l’économie en tant que principale source de croissance à l’avenir dans un contexte de forte demande mondiale pour les principales exportations du pays, à savoir le cuivre et le cobalt.

Cela fait suite à la solide performance de l’année dernière, la production du secteur minier augmentant de 9,7%, au sein du PIB, ce qui a plus que compensé la contraction de 1,3% du reste de l’économie à la suite du choc du coronavirus. La production de cuivre a atteint un niveau record à près de 1,6 million de tonnes en 2020 contre 1,1 million en 2017.

Une bonne gestion des recettes



Avec la mine de Kamoa-Kakula – le plus grand projet de mine de cuivre du continent déjà en avance sur le calendrier –, la production de cuivre de la RD Congo devrait dépasser 2,5 millions de tonnes au cours de la prochaine décennie.

Dans ce contexte, Moody’s s’attend à ce que la croissance du PIB réel de la RD Congo dépasse les 6% en moyenne sur la période 2021-2025. En outre, l’engagement des autorités à mettre en œuvre les réformes structurelles incluses dans le programme triennal de 1,5 milliard de dollars du FMI soutiendra davantage la croissance et contribuera à renforcer la résilience économique dans son ensemble.

Un domaine d’intérêt est la mobilisation des recettes intérieures, qui est une contrainte de crédit clé pour la RD Congo ; le gouvernement est généralement contraint de limiter les dépenses pour éviter tout dérapage budgétaire qui, autrement, alimenterait l’inflation.

Le programme contient un ensemble de réformes pour atteindre cet objectif, notamment la modernisation de l’administration, une TVA fixe pour en accroître l’efficacité et la portée, la rationalisation des charges non fiscales et parafiscales à tous les niveaux de gouvernement.

Sans oublier la rationalisation des dépenses fiscales estimées, jusque-là, à 20 % des recettes. Parmi les autres objectifs figurent la maîtrise des dépenses publiques, le renforcement du cadre de la politique monétaire et du niveau des réserves de change et l’amélioration de l’environnement des affaires.

En outre, l’imposition de contrôles budgétaires relativement stricts a permis d’éviter des dérapages budgétaires importants pendant près de deux décennies et s’est traduite par un fardeau de la dette publique très faible et abordable, inférieur à 15 % du PIB. « Par conséquent, la probabilité de défaut du gouvernement reste assez faible bien que l’économie reste intrinsèquement vulnérable aux chocs », juge Moody’s.

Par Serges David

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