Oui, moi Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, je ne finirais pas mon premier mandat en 2023 sans avoir consacré officiellement le caractère fédéraliste de la RDC transpirant dans une Constitution restée muette sur la matière !

Une Constitution appelée à être révisée dans la perspective de cette échéance électorale.

J’userais comme argument l’état des lieux de la Nation à partir des territoires.

Point n’est besoin d’une itinérance dans chacune de ces entités pour s’en rendre compte. Déjà, c’est techniquement impossible de les visiter tous puisque 24 mois représentent 96 semaines à peine. Même si le Chef de l’Etat devra visiter chaque semaine un territoire, il n’en verra que 96. Les 49 autres vont râler.

Pour l’instant, ce dont on est déjà sûr, c’est que tous les territoires se ressemblent.

Sous la colonisation, les six provinces du Congo-Belge (Kivu, Katanga, Kasaï, Léopoldville, Equateur et Orientale) étaient administrées en entités fédérées

La veille de l’indépendance en 1960, la bataille fut rude entre tenants du fédéralisme et partisans de l’unitarisme.

Joseph Kasa-Vubu s’était résigné au fédéralisme prôné par Moïse Tshombe et Albert Kalonji (chefs des sécessions katangaise et sud-Kasaïenne en 1960) alors qu’il s’était prononcé pour la Confédération. Patrice-Emery Lumumba, sous l’ombre duquel évoluait un certain Joseph Mobutu, fut un unitariste pur et dur.

L’histoire rapporte que les difficultés de gouvernance apparues sous la 1ère République (1960-1965) avaient convaincu les acteurs politiques de l’époque, réunis en 1964 à la Conférence constitutionnelle de Luluabourg (Kananga), de se prononcer pour le fédéralisme, option bloquée par le coup d’Etat de novembre mené 1965 contre – ironie du sort – les fédéralistes Kasa-Vubu et Tshombe.

Lors de la Conférence nationale souveraine (Cns) en 1991-1992, l’échec patent de la 2ème République plaida pour le fédéralisme.

La “ révolution afdélienne “ sous Laurent-Désiré Kabila en 1996 et 1997 maintint le pays dans l’unitarisme.

Joseph Kabila, à son avènement en 2001, décida de ne pas…décider, le pays hérité de son prédécesseur ayant trois administrations parallèles et concurrentes : celles sous contrôle du Gouvernement, du Rcd et du Mlc.

Quand le Congo se dote par référendum de 2005 de la Constitution “ issue ” de Sun City, il sera constaté l’absence d’une forme précise de l’Etat.

En effet, à son article 1, la loi fondamentale déclare : » La République Démocratique du Congo est, dans ses frontières du 30 juin 1960, un Etat de droit, indépendant, souverain, uni et indivisible, social, démocratique et laïc”.

Nulle part, dans ses 229 articles, n’est définie de façon concrète la forme de l’Etat.

Pourtant, deux pays européens de référence pour les Congolais sont clairs quand il s’agit de la forme de l’Etat : la Belgique et la France.

La Constitution de la Belgique dispose à l’article 1 : » La Belgique est un Etat fédéral qui se compose des communautés et des régions ». Celle de la France à l’article 1 : » La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée ».

Or, la Constitution de la RDC est plus proche du fédéralisme que de l’unitarisme.

D’ailleurs, les provinces – toutes dans tous les cas – aspirent au fédéralisme pendant que le Pouvoir central fonctionne à l’unitarisme. D’où l’antinomie qui caractérise la gouvernance institutionnelle au pays.

Par quoi alors se justifie le titre ? Simplement par l’impératif d’amener la population à s’approprier le Programme des 145 territoires, comme elle l’a fait avec la création des nouvelles provinces.

Qu’on ne se leurre pas à ce sujet : il est quasiment impossible à ce jour de procéder à la remise en question de ce découpage opéré en 2015. De la même manière, il sera impossible de remettre en cause l’option du fédéralisme que Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo pourrait imposer aux Congolais, élections ou pas, référendum ou pas.

Aussi, de tous les chantiers à l’engager, celui du fédéralisme est et sera historique. Il a déjà son fondement dans la rétention, à la source, des 40 %, des recettes budgétaires prévues à l’article 175 de la Constitution.

En 3 ans, tout le monde aura eu le temps de s’en rendre compte : l’unitarisme supposé rendre fort le Pouvoir central a plutôt sérieusement affaibli les provinces parce que Kinshasa – incarnation dudit Pouvoir avec sa fameuse » République de la Gombe- s’empare quasiment du gros des recettes budgétaires au point de ne laisser que des miettes aux provinces qui, d’ailleurs, perçoivent péniblement la rétrocession leur due.

Alors, Félix, le seul, le bon et le vrai cadeau à faire aux Congolais avec mandat actuel est l’avènement du fédéralisme…

Fait du hasard ou non : le Kasaï – à l’instar du Katanga et du Kongo Central (ex-Léopoldville) – a toujours eu une vocation fédéraliste aujourd’hui ancrée dans l’esprit des Kivutiens et des Orientaux. Au Grand Équateur et au Grand Bandundu, on y aspire.

En 62 ans bientôt d’indépendance, l’instauration de cette forme de l’Etat a toujours été bloquée par les unitaristes qui se caractérisent par un curieux don d’ubiquité.

Des unitaristes mangent à tous les râteliers.

Ils développent toujours le discours nationaliste, patriotique.

Mais, dans les actes, ils réduisent leur » nation » et » patrie » à la famille d’abord !

Omer Nsongo die Lema

@die_lema

E-mail: omernsongo@gmail.com

Facebook: Omer Nsongo

Whatsapp: +243 0993833277

(Extrait enrichi et actualisé de LPDA 128 du mardi 15 février 2022)

 

LIENS COMMERCIAUX

                                                    MAGAZINE HESHIMA                                                      HESHIMA MAGAZINE BIMESTRIEL № 35 , AOUT 2022 / PRIX 10 $


 

Passez votre commande au N°+243 851 134 444, www.heshimardc.net 

Prix 10$

Point de vente : Psaro, City Market, Monishop, Memling.

Le magazine qui bat au rythme de l’actualité.

 
Top