De Matonge, son fief, au couloir Kimbuta, à la Tshangu, en passant par les très célèbres «place Kapela» et «Super Lemba», les albums de Papa Wemba résonnaient dans tous les baffles, donnant à ce dimanche post pascal une atmosphère d’une fête nationale.
«C’est un jour spécial pour la musique congolaise; car Papa Wemba n’était pas n’importe qui. Pour la bonne musique qu’il nous a offerte, pour le bon ambassadeur de la culture congolaise qu’il a été au niveau international, Papa Wemba mérite une reconnaissance nationale, voire africaine. C’est pourquoi je suis venu à Matonge, son fief, écouter ses chansons et danser au rythme de ses chansons. Papa Wemba est mort certes, mais il continuera à vivre à jamais dans nos cœurs», a déclaré Reagan Kale, dit Ricoco, un fanatique de Viva la Musica.
PAPA WEMBA FOREVER
A côté de la musique, des adeptes de la Sape (société des ambianceurs et des personnes élégantes), ont tenu à marquer cette journée, en exhibant des habits extravagants le long de certaines grandes artères de Kinshasa.
Sur les réseaux sociaux, le nom du «chef coutumier du village Molokaï» était sur toutes les lèvres. Nombreux sont des Kinois qui ont posté des publications en ligne rendant hommage à Papa Wemba. Des internautes ont rappelé à longueur de la journée, les prouesses de ce chanteur qui fût une véritable «bête de scène», à travers sa voix de Rossignol et ses allures vestimentaires hors du commun.
MATONGE EN ÉBULLITION
Rien qu’au quartier Matonge qui a vu grandir cet artiste musicien, plusieurs activités ont été organisées, au nombre desquelles un concert de musique du groupe Viva la Musica et un défilé de mode des sapeurs.
Sur le très célèbre couloir Madiakoko, dans ce même quartier, l’un des coins les plus chauds de la capitale congolaise, une ambiance électrique a caractérisé la soirée du dimanche 24 avril. Les fanatiques et les sapeurs ont pris d’assaut ce lieu, en dansant et usant d’autres formes d’exhibitionnisme en hommage à celui qu’ils appellent «le formateur des idoles» (foridoles).
Selon des sources concordantes, le programme des activités officielles en hommage au fondateur du groupe Viva la Musica s’entendent sur dix jours.
Pour la journée du dimanche, ce programme prévoyait, l’avant-midi, un recueillement sur la tombe du «roi de la sape» au cimetière Nécropole entre Ciel et Terre, dans la commune de la N’sele, à la partie Est de Kinshasa.
Une forte délégation a fait le déplacement pour le cimetière, accompagnée de chants, danses et exhibitions des habits de marque.
Dans la foule, des membres de la famille biologique, dont l’épouse de Papa Wemba, Marie-Rose, dite « Amazone« , des officiels, dont la ministre de la Culture Arts et Patrimoine, Cathy Katungu, ainsi que quelques artistes musiciens dont Félix Wazekwa, Asalfo, Reddy Amisi…
LA MAISON DE PAPA WEMBA TRANSFORMÉE EN MUSÉE DE LA RUMBA
Il a également été organisé, la même journée, juste après le cimetière, une visite dans l’ancienne résidence de Papa Wemba, à Ma Campagne, dans la commune de Ngaliema, récemment rachetée par le gouvernement congolais, pour en faire le musée de la Rumba congolaise.
La soirée a été marquée par une cérémonie de gala organisée à l’hôtel pullman, ex-grand hôtel de Kinshasa, où plusieurs artistes musiciens ont presté. Outre les musiciens, on a retrouvé plusieurs personnalités du monde politique dans la salle.
La date du 24 avril, date du décès de Papa Wemba, a été retenue par l’Union Africaine (UA) comme la journée internationale de la musique africaine. Celui que les mélomanes à Kinshasa appelaient affectueusement «vieux Bokoul» s’est écroulé sur scène en Côte d’Ivoire, le 24 avril 2016, alors qu’il participait à un festival initié par l’artiste musicien ivoirien Asalfo. Orly-Darel NGIAMBUKULU