Afin de lutter contre l'immigration illégale, le Royaume-Uni a annoncé que le Rwanda allait accueillir tous les migrants avant que leur dossier ne soit traité. Plusieurs ONG s'offusquent de cette décision.

Neuf mois de travail pour accoucher d'un accord aussi étonnant que controversé : le Premier ministre britannique Boris Johnson a annoncé qu'à partir de ce jeudi 14 avril le Rwanda allait accueillir tous les migrants illégaux arrivés au Royaume-Uni depuis le 1er janvier, et ce quelle que soit leur nationalité. Objectif affiché, réduire drastiquement le nombre de migrants, alors qu'en 2021 près de 28 500 personnes sont arrivées en territoire britannique par la Manche, contre 8 466 l'année précédente. Une augmentation sonnant comme un échec pour Boris Johnson, qui lors de son arrivée au pouvoir en juillet 2019 s'était engagé à réduire l'immigration illégale. A l'approche des élections locales de mai, le Premier ministre veut frapper les esprits.

Pourquoi choisir le Rwanda ?

En janvier dernier, une rumeur faisait part d'un accord éventuel avec le Ghana, mais celui-ci a rapidement démenti vouloir participer à cette politique. Trois mois plus tard, le Rwanda accepte, et par la voix de son ministre des Affaires étrangères se félicite de la collaboration à venir : "Le Rwanda se réjouit de ce partenariat avec le Royaume-Uni pour accueillir des demandeurs d'asile et des migrants, et de leur offrir des voies légales pour vivre", a-t-il déclaré, avant d'ajouter que son pays pourra accueillir "des dizaines de milliers de personnes dans les années à venir", et que celles-ci pourront "s'y installer définitivement si elles le souhaitent".

Dans cette affaire, le Rwanda va recevoir une enveloppe de 144 millions d'euros de la part de Londres. Aucune dépense à prévoir, donc, pour un pays dont plus de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté. Et une décision conforme à l'état d'esprit du président Paul Kagame qui, selon le spécialiste de l'Afrique Antoine Glaser, veut "faire en sorte que les Africains restent sur le continent pour le développer".

Y a-t-il des politiques similaires actuellement à l'oeuvre ?

La politique d'envoi de migrants illégaux sur des sols étrangers a déjà été pratiquée récemment, notamment par l'Australie, avec les programmes "Solution du Pacifique" entre 2001 et 2007 puis" Sovereign Borders" depuis 2013. Elles consistent à installer les migrants sur des îles du Pacifique, où ils vivent dans des camps de réfugiés ressemblant pour beaucoup à des centres de détention. En 2016, la Cour suprême de Papouasie-Nouvelle-Guinée a jugé illégale le centre australien de détention de migrants présent sur l'île de Manus, le déclarant contraire à la dignité humaine. L'Australie a promis de le démanteler mais pas de mettre fin à sa politique.

Pourquoi les ONG s'offusquent-elles de cette décision ?

Si Boris Johnson promet que le Rwanda est "désormais l'un des pays les plus sûrs au monde", le non-respect des droits fondamentaux des migrants est bien ce que redoutent les organisations non gouvernementales. Selon Amnesty international, en plus d'être "scandaleusement mal conçu", le plan britannique fait confiance à un pays " au bilan lamentable en matière de droits humains".

Disparitions forcées, arrestations de blogueurs et journalistes, morts suspectes en prison, l'ONG dresse sur son site la liste des inquiétudes pouvant naître de l'arrivée dans ce pays de milliers de personnes issues de cultures différentes : Irak, Syrie, Erythrée... De son côté, le Haut-Commissariat de l'ONU aux réfugiés a d'ores et déjà annoncé que si une telle loi était adoptée, elle contredirait la Convention de Genève pour les réfugiés.



L'Express

 

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