La République démocratique du Congo (RDC), dotée d'immenses richesses naturelles, est paradoxalement l'une des économies les plus dépendantes des importations alimentaires en Afrique. Chaque année, le pays importe des produits agroalimentaires pour plus de 3 milliards USD, malgré ses vastes terres arables et son climat favorable.
Un paradoxe économique criant
Avec 80 millions d'hectares de terres arables, dont seulement 10 % sont exploités, la RDC dispose d'un potentiel agricole parmi les plus importants au monde. Pourtant, elle ne parvient pas à assurer son autosuffisance alimentaire.
Les chiffres clés :
- Importations agroalimentaires : 3 milliards USD par an.
- Principaux fournisseurs :
- Chine : 5,06 milliards USD d’importations totales.
- Afrique du Sud : 1,7 milliard USD.
- Zambie : 1,51 milliard USD.
- Émirats Arabes Unis et Inde : 734 et 680 millions USD respectivement.
Un secteur minier dominant mais peu transformateur
Malgré sa dépendance alimentaire, la RDC affiche une balance commerciale globalement positive, soutenue par des exportations massives de matières premières :
- Exportations totales (2022) : 28,2 milliards USD.
- Produits dominants :
- Cuivre raffiné : 16,3 milliards USD.
- Cobalt : 5,99 milliards USD.
- Pétrole brut : 916 millions USD.
- Partenaires clés : Chine (15,6 milliards USD), Singapour (1,36 milliard USD), Émirats Arabes Unis (1,3 milliard USD).
Les causes du déclin agricole
- Manque d’investissements : Peu de ressources allouées aux infrastructures rurales, à la mécanisation et à la transformation agro-industrielle.
- Effondrement des cultures pérennes : Le cacao, le café et l’huile de palme, autrefois sources de devises, ont vu leur production chuter drastiquement.
- Instabilité politique et économique : Freine les initiatives privées et publiques dans le secteur agricole.
Vers une diversification économique
Lors de la 46e édition de la Foire internationale de Kinshasa (FICKIN), Julien Paluku, ministre du Commerce extérieur, a appelé à une relance du secteur agricole pour réduire la dépendance alimentaire :
- Relancer les cultures pérennes : Exploiter le cacao, le café et l'huile de palme comme leviers économiques.
- Investir dans les infrastructures rurales : Faciliter l’accès aux marchés et améliorer la productivité agricole.
- Encourager la transformation locale : Créer des chaînes de valeur pour les produits agricoles et miniers afin d’ajouter de la valeur sur place.
- Mobiliser le secteur privé : Attirer des investissements dans l’agro-industrie.
Opportunités à saisir
La récente reprise des prix des matières premières offre une chance unique pour la RDC :
- Renforcer les exportations agricoles et minières.
- Rééquilibrer les comptes commerciaux en diminuant les importations alimentaires.
Conclusion
Avec des ressources naturelles abondantes et une balance commerciale globalement positive, la RDC a les moyens de surmonter ce paradoxe économique. Une stratégie combinant diversification économique et développement agricole pourrait permettre au pays de devenir une puissance agro-industrielle tout en consolidant son rôle dans les marchés mondiaux des matières premières.
