La République démocratique du Congo (RDC), dotée de ressources minières et agricoles immenses, fait face à un dilemme stratégique : continuer à privilégier un secteur minier dominé par les exportations brutes ou investir massivement dans une agriculture sous-exploitée mais prometteuse.
Le paradoxe économique de la RDC
Lors de la Foire internationale de Kinshasa (FICKIN), Julien Paluku, ministre du Commerce extérieur, a illustré ce paradoxe. Malgré des investissements conséquents dans le secteur minier, la RDC ne capte que 3 % de la valeur marchande des minéraux qu’elle exporte. Par exemple :
- Le cobalt, dont la tonne vaut 24 050 USD, reste dominé par les exportations brutes.
- Le cuivre (8 824 USD/tonne) est dépassé par des produits agricoles comme le cacao, valorisé à 11 590 USD/tonne.
En revanche, le secteur agricole, avec ses 80 millions d’hectares de terres arables, n’exploite actuellement que 10 % de son potentiel.
Un choix stratégique crucial
Le ministre a posé une question clé : "Doit-on continuer à privilégier les mines ou basculer vers l’agriculture pour un développement durable ?"
Les défis
- Manque d’infrastructures : Routes et réseaux ferroviaires insuffisants pour relier les zones rurales aux marchés.
- Problèmes énergétiques : L’agro-industrie et la transformation minière nécessitent des capacités énergétiques élevées.
- Faible diversification économique : Une économie encore trop dépendante des exportations brutes.
Les opportunités
- Transformation locale : Ajouter de la valeur aux produits agricoles et miniers pour augmenter les revenus.
- Création d’emplois : L’agriculture et l’industrie agroalimentaire offrent un fort potentiel d’emploi dans un pays où le chômage reste élevé.
- Positionnement stratégique : Répondre aux besoins croissants du marché mondial en produits agricoles et transformés.
Un appel à l’action collective
Julien Paluku a insisté sur la nécessité d’un effort concerté :
- Gouvernement : Définir des politiques claires pour favoriser l’agro-industrie et la transformation minière.
- Universités : Former des experts dans les domaines agricoles et industriels.
- Secteur privé : Investir dans les infrastructures et la transformation locale.
- Producteurs locaux : Améliorer les pratiques agricoles et adopter des innovations technologiques.
Vers une nouvelle trajectoire économique
La diversification économique est indispensable pour la RDC. Julien Paluku a conclu : "La RDC doit maximiser ses ressources pour devenir un acteur incontournable sur les marchés internationaux."
Le choix entre mines et agriculture, ou plutôt la complémentarité des deux, déterminera le rôle futur de la RDC dans l’économie mondiale et sa capacité à améliorer durablement les conditions de vie de ses citoyens.