Dans les zones contrôlées par le mouvement rebelle du M23 à Goma, une nouvelle administration s’installe progressivement. Si certains services semblent fonctionner, l’adhésion de la population reste largement forcée, selon des témoignages et des observations sur le terrain.


Une administration rebelle en action


Julien Katembo, nommé maire de Goma par le M23, supervise plusieurs initiatives visant à rétablir un semblant de normalité dans la ville. Parmi ces mesures, des travaux communautaires d’assainissement ont été instaurés, et le service de l’immigration délivre désormais des documents de voyage.


« Nous sommes en train de travailler progressivement pour faire asseoir la paix à Goma. Nous y allons doucement », affirme Julien Katembo. Son objectif affiché est de stabiliser une ville marquée par des années de combats entre l’armée congolaise et les rebelles, qui ont fait plus de 3 000 morts selon les Nations unies.


Des travaux forcés et des défis persistants


Fidèle, un chauffeur de taxi-moto, reconnaît une certaine amélioration de la sécurité sur les routes, bien que l’insécurité persiste dans certains quartiers. « Ce que nous avons remarqué ces derniers temps est différent de ce qui se passait auparavant. Mais le soir, il y a encore des cas d’insécurité dans nos quartiers », explique-t-il.


Chaque samedi matin, de 6h30 à 11h, les habitants sont réquisitionnés pour participer à des travaux communautaires de nettoyage. Si cette initiative contribue à l’assainissement de la ville, le volontariat semble relatif. Anne Mashagiro, responsable d’une avenue du quartier Katoyi, l’admet sans détour : « Il faut un peu de fouet pour qu’un enfant soit en ordre ! Il leur a été dit que tout le monde doit effectuer ces travaux, et tout le monde est mobilisé. Les nouvelles autorités ont décidé d’allonger les horaires, et nous devons respecter cela. »


Facilitation des déplacements, mais à quel prix ?


L’administration rebelle facilite également l’obtention de documents de voyage, permettant des déplacements plus aisés entre Goma et les pays voisins. Samuel Nyiransabimana, un habitué de la frontière rwandaise, se réjouit de cette nouvelle efficacité : « Avant, il fallait attendre une semaine pour obtenir un document. Aujourd’hui, avec dix dollars, il est délivré immédiatement à la frontière. »


Une gestion par la force ?


Cependant, derrière ces mesures apparemment pragmatiques se cache une réalité plus sombre. Des organisations de défense des droits humains dénoncent des pratiques coercitives. Selon plusieurs témoignages, des habitants réfractaires aux travaux communautaires auraient été battus par les soldats du M23.

Cette gestion par la contrainte soulève des questions sur la légitimité et la durabilité de l’administration rebelle. Si certaines mesures sont bien accueillies par une population fatiguée par des années de conflit, les méthodes employées pour les faire respecter suscitent l’indignation.

Un équilibre précaire


Entre pragmatisme et intimidation, le M23 tente de s’imposer comme une force administrative crédible à Goma. Cependant, cette stratégie reste fragile face aux tensions persistantes avec le gouvernement central de la RDC et aux défis humanitaires et sécuritaires qui continuent de frapper la région.

La question qui se pose désormais est de savoir si cette gestion rebelle pourra durer dans un contexte aussi volatile. Pour l’instant, la population de Goma semble prise en étau entre la nécessité de survivre au quotidien et le refus de se soumettre à une autorité imposée par la force.

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