Alors que le conflit armé dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) s’intensifie, l’UNICEF tire la sonnette d’alarme : plus de 1,6 million d’enfants sont désormais déscolarisés dans les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri. Cette crise éducative, exacerbée par les violences et les déplacements massifs, menace l’avenir de toute une génération.
Une situation catastrophique
Depuis le début de l’année 2025, les affrontements entre groupes armés, dont le Mouvement du 23 mars (M23) soutenu par le Rwanda, et les Forces armées de la RDC (FARDC) ont entraîné la fermeture de plus de 2 500 écoles et espaces d’apprentissage. Ces établissements ont été endommagés, détruits ou transformés en abris pour les personnes déplacées. Résultat : 795 000 enfants supplémentaires se retrouvent privés d’éducation, portant le total à plus de 1,6 million d’enfants déscolarisés dans l’Est du pays.
Jean-François Basse, Représentant par intérim de l’UNICEF en RDC, alerte : « La situation est catastrophique pour ces enfants. L’éducation est ce qui leur permet de retrouver un semblant de vie normale, de se reconstruire et d’envisager l’avenir après ce conflit. »
Des déplacements massifs qui aggravent la crise
Avant même cette récente escalade, le système éducatif de l’Est de la RDC était déjà sous pression en raison des déplacements massifs de population. Plus de 6,5 millions de personnes, dont 2,6 millions d’enfants, ont été contraintes de fuir leur foyer. Les camps de déplacés, déjà surpeuplés, ne parviennent plus à répondre aux besoins éducatifs des enfants.
Même à Goma, où les écoles ont rouvert leurs portes le 10 février, très peu d’élèves ont repris les cours. Les parents, craignant pour la sécurité de leurs enfants, préfèrent les garder à la maison. « Nous craignons énormément que ces enfants déplacés à plusieurs reprises ne retournent jamais à l’école », déplore Jean-François Basse.
L’école, un refuge essentiel en temps de crise
En période de conflit, l’école joue un rôle crucial. Elle offre non seulement un espace sécurisé pour les enfants, les protégeant du recrutement par des groupes armés ou des violences sexuelles, mais elle leur permet également d’accéder à un soutien psychosocial essentiel pour surmonter les traumatismes.
Pour répondre à cette urgence, l’UNICEF et ses partenaires mettent en place des espaces d’apprentissage temporaires, distribuent du matériel scolaire et des kits d’hygiène, et envisagent des programmes d’éducation par radio et d’apprentissage accéléré pour atteindre les enfants les plus marginalisés.
Par ailleurs, face à la présence de mines et de munitions non explosées autour de Goma, y compris près des écoles, l’UNICEF mène des campagnes de sensibilisation aux dangers des engins explosifs.
Un appel à l’action internationale
Dans le cadre de son appel humanitaire global, l’UNICEF sollicite 52 millions de dollars pour répondre aux besoins éducatifs urgents de 480 000 enfants. L’organisation appelle également toutes les parties au conflit à respecter les établissements scolaires et les infrastructures civiles, conformément au droit international, et à cesser immédiatement toute utilisation des écoles à des fins militaires.
« Investir dans l’éducation, c’est investir dans l’avenir de la RDC », insiste Jean-François Basse. « Sans éducation, ces enfants risquent de devenir une génération perdue, privée des outils nécessaires pour reconstruire leur pays et leur vie. »
Alors que la violence continue de ravager l’Est de la RDC, la communauté internationale doit agir rapidement pour protéger les enfants et leur droit à l’éducation. Sans une intervention urgente, les conséquences de cette crise éducative se feront sentir pendant des décennies.
Restez informés pour suivre les développements de cette crise humanitaire et les efforts déployés pour sauver l’avenir des enfants de la RDC.
