Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), plus de 110.000 déplacés, qui avaient initialement trouvé refuge à Goma, fuient à nouveau vers des villages du Nord-Kivu, notamment dans les territoires de Masisi, Rutshuru et Nyiragongo.

« Nos collègues de la RDC nous disent ce matin que des milliers de personnes quittent les sites pour personnes déplacées à l’intérieur et autour de Goma et se déplacent vers des zones où il n’y a pas de combats », a déclaré Jens Laerke, porte-parole de l’OCHA, lors d’un point de presse à Genève.

Ultimatum du M23 et crise humanitaire

Ces mouvements de population interviennent alors que le M23, avec le soutien de l'armée rwandaise, a sommé les déplacés d'évacuer les sites de Bulengo et du 8e CEPAC, situés à l’ouest de Goma, dans un délai de 72 heures. Cet ultimatum devait arriver à expiration le mardi 11 février 2025.

« Nous suivons de très près cette question des retours pour nous assurer qu'il s'agisse bien de retours volontaires », a indiqué Bruno Lemarquis, responsable des opérations humanitaires de l’ONU en RDC.

D’après lui, à la fin du mois de décembre 2024, la province du Nord-Kivu comptait 2,8 millions de personnes déplacées, dont 700.000 réfugiées dans des sites à la périphérie de Goma.

Inquiétudes sur le démantèlement des sites

Ces développements suscitent une grande préoccupation au sein des partenaires humanitaires. « Le M23 a publié un communiqué expliquant qu’il soutenait et encourageait pleinement les retours volontaires, mais qu’il ne contraignait personne à rentrer sans garanties de sécurité solides », a affirmé Jens Laerke.

Toutefois, l’OCHA rappelle que tous les retours doivent être volontaires et se faire dans des conditions de sécurité, d’information et de dignité, conformément au droit international humanitaire.

Les agences humanitaires sont également alarmées par « le démantèlement continu mais non planifié des sites pour personnes déplacées internes ». Cette situation entraîne la destruction d’infrastructures essentielles, notamment les installations en eau, les centres de santé et les structures de traitement du choléra.

Risque de propagation du choléra

Sur le terrain, les acteurs humanitaires du secteur de la santé sont également préoccupés par l’avancée du choléra à Goma et dans les zones périphériques. Entre le 3 et le 9 février, une augmentation significative des cas a été observée dans l’aire de santé de Buhimba, avec 70 nouveaux cas recensés près du site de Bulengo.

Au moins 80 % des cas de choléra signalés dans la province du Nord-Kivu proviennent des sites de déplacés, ce qui complique la réponse sanitaire. Le démantèlement de nombreux sites aggrave la situation en dispersant les malades et en suspendant les activités de surveillance épidémiologique.

Précarité grandissante des déplacés

Le Programme alimentaire mondial (PAM) souligne que, sans moyens de subsistance, la plupart des déplacés restants dans les sites « dépendent de la mendicité et n’ont pas d’autre source de revenus ».

L’organisation note une augmentation alarmante de la malnutrition et de l’insécurité alimentaire. Avant la crise, en décembre 2024, 13 % des ménages avaient une mauvaise consommation alimentaire. En février 2025, ce chiffre est passé à 71 %.

De plus, la crise a fortement perturbé les marchés, provoquant une flambée des prix des produits de base. L’huile de palme a augmenté de 45 %, la farine de maïs de 67 % et le riz de 17 %.

Un avenir incertain

Face à ces défis, les humanitaires appellent à une mobilisation accrue pour fournir une assistance aux déplacés et prévenir une catastrophe humanitaire. « Nous devons agir rapidement pour garantir un minimum de dignité et de sécurité à ces populations déjà très vulnérables », alerte Bruno Lemarquis.

Tandis que les combats se poursuivent et que les déplacés continuent d’affluer, la communauté internationale est appelée à intensifier ses efforts pour trouver une solution durable à cette crise. En attendant, les déplacés de Goma restent livrés à eux-mêmes, confrontés à un avenir incertain.

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