L’annonce par le président Félix Tshisekedi de la formation d’un gouvernement d’union nationale élargi à l’opposition a suscité des réactions vives et critiques de la part des leaders de l’opposition congolaise. Pour ces derniers, cette proposition est non seulement inappropriée dans le contexte actuel de crise multiforme que traverse la RDC, mais elle est également perçue comme une manœuvre politique visant à consolider le pouvoir du chef de l’État plutôt qu’à résoudre les problèmes du pays.
Une proposition jugée déconnectée des réalités
Prince Epenge, porte-parole de la coalition Lamuka emmenée par Martin Fayulu, a exprimé son indignation face à cette initiative. Sur Top Congo FM, il a déclaré : « Proposer un gouvernement d’union nationale aujourd’hui, c’est se moquer des Congolais, c’est cracher sur les enfants de Goma qui meurent, les enfants du Nord et Sud-Kivu que M. Félix Tshisekedi a abandonnés ». Pour lui, cette proposition est une diversion qui ignore les crises profondes auxquelles le pays est confronté.
Trois crises majeures en RDC
Prince Epenge a rappelé que la RDC fait face à trois crises majeures :
La crise sécuritaire : avec l’agression rwandaise et l’avancée des rebelles du M23 dans l’Est, qui provoquent des massacres et des déplacements massifs de populations.
La crise politique : marquée par l’illégitimité des institutions actuelles, selon l’opposition, qui dénonce une fraude électorale lors des dernières élections.
La crise sociale : caractérisée par une pauvreté endémique, un chômage massif et un manque d’accès aux services de base.
« Comment M. Félix Tshisekedi pense-t-il que ces trois crises graves peuvent être résolues par un simple débauchage des opposants ? », s’interroge-t-il. Pour lui, un gouvernement d’union nationale ne servirait qu’à « consolider la gloire personnelle de M. Félix Tshisekedi ».
Le dialogue comme seule solution
Prince Epenge insiste sur la nécessité d’un dialogue inclusif, prôné par les Églises catholique et protestante, pour résoudre les crises en RDC. « C’est la solution, la seule d’ailleurs, pour résoudre les trois crises graves auxquelles fait face la RDC », affirme-t-il. Il met en garde contre les conséquences dramatiques de l’inaction : « Le drame va continuer, et ce qui arrivera demain, certainement Félix Tshisekedi en sera comptable devant le peuple. »
Une opposition unie dans le rejet
Delly Sessanga, leader du mouvement Sursaut national, rejoint cette critique. Pour lui, la proposition d’un gouvernement d’union nationale est une réponse inadéquate à la gravité de la situation. « Nous sommes en face d’un problème qui met en mal le tissu social et qui, éventuellement, pourrait hypothéquer l’avenir de la nation. Et on pense vraiment aujourd’hui que la solution serait d’élargir ou d’ouvrir la porte du gouvernement à l’opposition pour mettre fin à la guerre ? », déplore-t-il.
Alain Bolodjwa, membre du parti Levons-nous et bâtissons, va plus loin en affirmant que la solution passe par le départ de Félix Tshisekedi. « Une analyse profonde des raisons de l’échec conduirait au départ de M. Félix Tshisekedi », conclut-il.
Une réponse jugée pitoyable
Hervé Diakese, porte-parole d’Ensemble pour la République de Moïse Katumbi, a également réagi avec virulence sur le réseau social X. Il accuse Tshisekedi de se préoccuper uniquement de sauver son pouvoir, issu selon lui d’une « tricherie en récidive ». « Au lieu de faire face aux causes profondes de la crise, dont il est l’un des grands responsables, tant par son illégitimité avérée que par son incurie managériale, il pense qu’un réaménagement technique de son union sacrée tiendra lieu d’union nationale », assène-t-il.
Diakese dénonce une « piteuse réponse à une crise d’une rare gravité qui menace la survie de notre nation ». Il critique également la gestion sécuritaire du régime, préférant selon lui recourir à des mercenaires et des milices plutôt qu’à moderniser l’armée nationale. « Ce régime est une grande impuissance », conclut-il.
Conclusion
L’opposition congolaise, unie dans sa critique, rejette catégoriquement la proposition d’un gouvernement d’union nationale, la jugeant déconnectée des réalités et des urgences du pays. Pour ces leaders, la solution passe par un dialogue inclusif, une remise en question du leadership actuel et une réponse structurelle aux crises sécuritaire, politique et sociale. Sans une réforme profonde et une volonté politique réelle, la RDC risque de sombrer davantage dans le chaos, avec des conséquences désastreuses pour sa population et son avenir.