Malgré les pressions internationales croissantes, la République démocratique du Congo (RDC) maintient sa position ferme de ne pas engager de négociations directes avec le groupe rebelle M23, accusé d’être soutenu par le Rwanda. Cette décision intervient dans un contexte où le conflit dans l’est du pays s’est intensifié, provoquant des milliers de morts et des déplacements massifs de populations.


Une position ferme face au M23 et au Rwanda


La Première ministre congolaise, Judith Suminwa Tuluka, a réaffirmé la position du gouvernement lors d’une interview accordée à la BBC. Elle a insisté sur le fait que la RDC ne négocierait pas directement avec le M23, mais plutôt avec le Rwanda, qu’elle considère comme l’agresseur principal. « Le fait est que l'agresseur de l'intégrité territoriale et de la souverainte de la République démocratique du Congo est le Rwanda », a-t-elle déclaré, citant un rapport d’experts de l’ONU qui accuse Kigali d’avoir déployé entre 3 000 et 4 000 soldats sur le territoire congolais pour soutenir le M23.


Le gouvernement congolais accuse le Rwanda de soutenir militairement et financièrement le M23, un groupe rebelle qui a réalisé d’importantes avancées dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu au cours des derniers mois. Ces accusations sont corroborées par des rapports internationaux, dont ceux des Nations unies, qui pointent du doigt l’implication directe du Rwanda dans le conflit.



Des pourparlers de paix dans l’impasse

Les tentatives de médiation, notamment celles menées par l’Angola, ont échoué en décembre dernier. Le Rwanda avait alors exigé que la RDC engage des discussions directes avec le M23, une demande rejetée par Kinshasa. Depuis, le M23 a renforcé son emprise sur plusieurs villes clés, dont Goma et Bukavu, exacerbant la crise humanitaire dans la région.

En février 2024, lors d’une médiation régionale impliquant l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe, les dirigeants ont appelé à un cessez-le-feu, au retrait des « forces armées étrangères non invitées » et à des négociations directes entre « les parties étatiques et non étatiques, y compris le M23 ». Cependant, la RDC reste inflexible sur sa position de ne pas dialoguer avec le groupe rebelle.



Pression internationale sur le Rwanda


La communauté internationale intensifie sa pression sur le Rwanda pour qu’il retire ses troupes du territoire congolais et cesse son soutien au M23. Les États-Unis ont imposé des sanctions au ministre rwandais de la Défense, James Kabarebe, tandis que la Commission européenne a suspendu ses consultations en matière de défense avec Kigali et réexamine un protocole d’accord sur les matières premières signé en 2023.


Le Royaume-Uni a également annoncé la suspension de son aide au Rwanda, à l’exception des fonds destinés aux groupes les plus vulnérables, tant que le pays ne retire pas ses troupes et ne s’engage pas sérieusement dans un processus de paix. Le Rwanda a qualifié ces mesures de « punitives » et a réaffirmé son droit à défendre sa sécurité nationale.


Exploitation illégale des ressources : une source de tension

La RDC accuse le Rwanda d’exploiter illégalement ses ressources minières dans l’est du pays, une accusation que Kigali rejette. Judith Suminwa Tuluka a salué les décisions de la Commission européenne, affirmant que « l'exploitation illégale des ressources est l'une des causes du conflit ». Cette question reste un point de friction majeur entre les deux pays, alimentant les tensions régionales.



La question des FDLR

Le Rwanda, de son côté, accuse la RDC de collaborer avec les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe rebelle composé en partie de combattants impliqués dans le génocide rwandais de 1994. La Première ministre congolaise a nié ces allégations, tout en affirmant que son gouvernement s’engageait à « neutraliser » les militants des FDLR présents sur son territoire.



Quelle issue pour le conflit ?

Interrogée sur les solutions possibles au conflit, Judith Suminwa Tuluka a répondu que la clé résidait dans le retrait des troupes rwandaises du territoire congolais et la cessation des violences du M23 contre les populations civiles. « Faire en sorte que les troupes rwandaises se retirent du territoire congolais et que le M23 cesse de tuer les populations congolaises », a-t-elle déclaré.



Conclusion : une crise aux multiples dimensions

Le conflit dans l’est de la RDC est une crise complexe, mêlant enjeux sécuritaires, politiques et économiques. Alors que la pression internationale sur le Rwanda s’intensifie, la RDC reste déterminée à ne pas négocier directement avec le M23, insistant sur le rôle central du Rwanda dans l’aggravation de la crise. La résolution du conflit passera par un retrait des forces rwandaises, une neutralisation des groupes armés et une coopération régionale renforcée pour rétablir la paix et la stabilité dans la région des Grands Lacs.

 

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