Dans une analyse approfondie de la situation en République démocratique du Congo (RDC), Moïse Moni Della, observateur politique et analyste, souligne le rôle clé de l’argent dans les conflits qui secouent l’est du pays. Selon lui, la guerre dans cette région est avant tout une affaire de « gros sous », malgré les justifications sécuritaires et politiques avancées par le Rwanda. Il met en avant le rôle central de l’émir du Qatar, qui aurait réussi à relancer le dialogue entre les présidents congolais et rwandais, là où d’autres médiateurs internationaux ont échoué.
L’argent, moteur des conflits
Moni Della cite Napoléon Bonaparte et Georges Marchais pour rappeler que l’argent est un élément central en politique. « L’argent est roi, l’argent corrompt, l’argent tue », dit-il, ajoutant que l’argent « enivre, commande, dirige, trompe, influence, colonise, hypnotise ». Selon lui, la guerre dans l’est de la RDC est largement motivée par des enjeux financiers, notamment la rupture d’un contrat entre la RDC et une société rwandaise dans laquelle l’émir du Qatar est actionnaire. Ce contrat, qui prévoyait l’exploitation de l’or et d’autres ressources minières, aurait été rompu de manière brutale, poussant le Rwanda à soutenir le M23 pour faire pression sur Kinshasa.
Le rôle de l’émir du Qatar
L’analyste explique que l’émir du Qatar, grâce à ses ressources financières considérables, a réussi à organiser une rencontre entre les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame. Cette médiation, selon Moni Della, a permis de relancer un partenariat entre les deux pays, malgré les tensions persistantes. « Si les retombées de la rencontre du Qatar, c’est la paix à l’Est, le président Félix Tshisekedi avait raison de snober le M23/AFC », affirme-t-il. Cependant, il critique également le président congolais pour avoir choisi de négocier avec un intermédiaire humain plutôt que de chercher une solution divine.
Un dialogue national nécessaire
Moni Della plaide pour un dialogue interne en RDC, sous l’égide des confessions religieuses (CENCO et ECC) et avec le soutien de la communauté internationale. Il estime qu’un front intérieur doit être constitué pour renforcer la cohésion nationale et permettre au président Tshisekedi de terminer son mandat en 2028, conformément à la Constitution. Il soutient également l’idée d’une conférence internationale, comme l’a suggéré le Prix Nobel de la paix, le Dr Denis Mukwege, pour résoudre les problèmes complexes du pays.
Une convergence d’intérêts
L’analyste souligne que le M23/AFC et le Rwanda ont désormais des intérêts convergents, notamment grâce à l’intégration du M23 dans l’Alliance Fleuve Congo (AFC), un mouvement politico-militaire aux revendications nationales. Cette alliance, selon lui, a permis de « congoliser » le conflit, tout en maintenant des liens étroits avec le Rwanda.
Conclusion : La paix passe par le dialogue et la coopération
Moïse Moni Della conclut en insistant sur la nécessité d’un dialogue inclusif et d’une coopération régionale pour résoudre les conflits en RDC. Si l’émir du Qatar a joué un rôle clé en relançant les discussions entre Kinshasa et Kigali, la solution durable passe par une réconciliation interne et une collaboration renforcée entre les acteurs congolais et internationaux. La paix dans l’est de la RDC ne pourra être atteinte que par une approche multidimensionnelle, alliant dialogue, justice et développement économique.