La rencontre surprise entre le président congolais Félix Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame, mardi 18 mars à Doha au Qatar, a suscité des réactions contrastées au sein de la classe politique congolaise. Jean-Claude Katende, président national de l’Association africaine pour la défense des droits de l’homme (Asadho), y voit une victoire diplomatique pour Kinshasa. Selon lui, l’engagement de Kagame en faveur d’un cessez-le-feu confirme que le Rwanda contrôle le mouvement rebelle AFC-M23 et que ses troupes sont présentes en RDC.
Une reconnaissance implicite de la présence rwandaise
Pour Jean-Claude Katende, la rencontre de Doha a révélé l’influence du Rwanda sur la rébellion du M23. « L’engagement du président Kagame pour le cessez-le-feu immédiat et sans condition montre que les troupes rwandaises sont au Congo et que c’est lui qui contrôle le M23 et l’AFC », a-t-il déclaré. Selon l’activiste, cette rencontre a permis à Kagame de reconnaître, aux yeux du monde, la présence de ses troupes sur le sol congolais, une accusation que Kinshasa porte depuis longtemps.
Katende a également salué le rôle de médiateur joué par l’émir du Qatar, Sheikh Tamim bin Hamad Al Thani, qui a facilité cette rencontre entre les deux présidents malgré leurs divergences. « Je félicite l’émir du Qatar pour sa diplomatie secrète qui a permis la rencontre entre les présidents Kagame et Tshisekedi. Je félicite aussi les deux présidents pour avoir accepté de se rencontrer au-delà de leurs divergences et rancœurs », a-t-il ajouté.
Une mise à nu de l’hypocrisie régionale
L’activiste a également critiqué la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC), qu’il accuse d’hypocrisie. Selon lui, ces organisations ont ignoré la demande du président Tshisekedi de discuter directement avec Kagame, préférant des approches indirectes. « La résolution de l’EAC et la SADC qui a ignoré la revendication du président Tshisekedi de parler directement avec le président Kagame est fondée. La présence du président Kagame à Doha le confirme. L’hypocrisie de ces organisations est mise à nu », a-t-il souligné.
Katende a appelé Kinshasa à rester vigilant, car, selon lui, avec Paul Kagame, un revirement de situation est toujours possible. Il a également exhorté le gouvernement congolais à continuer à travailler pour consolider cette avancée diplomatique.
L’opposition congolaise silencieuse
Jean-Claude Katende n’a pas manqué de critiquer l’opposition politique congolaise, qu’il juge confuse et silencieuse face à ce qu’il qualifie de « victoire diplomatique de Doha ». « Eux qui ont vite félicité le président angolais pour avoir initié une rencontre entre le M23/AFC, pourquoi ils ne saluent pas cette victoire de l’émir du Qatar qui pourrait être une étape cruciale vers la paix à l’Est du Congo ? », s’est-il interrogé.
Selon lui, le silence des leaders de l’opposition montre leur incapacité à reconnaître les avancées du gouvernement dans la résolution de la crise sécuritaire. Il a appelé les opposants à soutenir les efforts de paix plutôt que de rester dans une posture critique.
Un engagement en faveur du cessez-le-feu
Lors de la rencontre de Doha, les présidents Tshisekedi et Kagame ont réaffirmé leur engagement en faveur d’un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel, conformément à l’accord conclu lors du sommet conjoint EAC-SADC tenu à Dar es Salaam, en Tanzanie, le 8 février 2025. Cet engagement représente une étape importante vers la résolution du conflit dans l’est de la RDC, où les combats entre les FARDC, les groupes armés et les rebelles du M23 ont provoqué des déplacements massifs de populations et une crise humanitaire majeure.
Une lueur d’espoir pour la paix
La rencontre de Doha offre une lueur d’espoir pour les populations de l’est de la RDC, qui endurent depuis des années les conséquences dévastatrices du conflit. Cependant, pour que cette avancée diplomatique aboutisse à une paix durable, il sera essentiel que toutes les parties respectent leurs engagements et que la communauté internationale continue à soutenir les efforts de paix.
En attendant, les populations de l’est de la RDC, prises au piège de ce conflit, attendent toujours une issue qui leur apporterait enfin la stabilité et la sécurité dont elles ont tant besoin. La rencontre de Doha pourrait marquer le début d’un nouveau chapitre dans la quête de paix en RDC, mais son succès dépendra de la volonté politique des parties impliquées et de leur capacité à surmonter les divergences profondes qui alimentent le conflit.