Le 13 mars 2025, la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) a annoncé la fin du mandat de sa mission militaire en République démocratique du Congo (RDC), marquant le début d’un retrait progressif de ses troupes. Cette décision, prise lors d’un sommet virtuel, intervient dans un contexte de dégradation sécuritaire persistante dans l’est du pays, où le groupe rebelle M23, soutenu par le Rwanda selon Kinshasa et plusieurs rapports internationaux, continue d’étendre son contrôle. Si certains y voient un échec diplomatique, d’autres, comme le président sud-africain Cyril Ramaphosa, considèrent ce retrait comme une étape nécessaire vers une paix durable.
Un retrait aux interprétations contrastées
La décision de la SADC de mettre fin à sa mission militaire en RDC a suscité des réactions contrastées. Pour certains analystes, ce retrait est perçu comme un aveu d’échec, tant sur le plan militaire que diplomatique. La mission, déployée pour soutenir les forces congolaises face à l’avancée du M23, n’a pas réussi à inverser la dynamique du conflit, laissant les rebelles contrôler des villes stratégiques comme Goma et Bukavu, et bloquer les axes humanitaires essentiels.
Cependant, Cyril Ramaphosa, président sud-africain et figure influente au sein de la SADC, défend une vision différente. Dans une déclaration publiée sur son compte X (anciennement Twitter) le 17 mars, il a insisté sur le fait que ce retrait doit être interprété comme une « mesure de confiance » visant à favoriser une transition vers un processus de paix durable. Selon lui, il ne s’agit pas d’un abandon, mais d’une réorientation des efforts vers des solutions politiques et diplomatiques.
Un appel à un dialogue inclusif
Ramaphosa a également souligné la nécessité d’un retrait de toutes les forces étrangères non invitées présentes sur le sol congolais, en référence implicite aux accusations portées contre le Rwanda. Il a appelé à un dialogue inclusif impliquant la RDC, le Rwanda et le M23, afin de trouver une solution politique viable et durable. Cette approche vise à résoudre les causes profondes du conflit, tout en garantissant la stabilité régionale.
Lors du sommet, la SADC a exprimé sa « grave préoccupation » face à la détérioration de la situation sécuritaire dans l’est de la RDC. L’organisation a rendu hommage à ses troupes sud-africaines, malawiennes et tanzaniennes tombées au combat, tout en appelant au respect du droit international humanitaire et à la protection des civils, souvent pris en étau entre les forces en présence.
Un engagement renouvelé en faveur de la paix
Les États membres de la SADC ont réitéré leur engagement à soutenir la RDC dans la défense de son intégrité territoriale et à promouvoir une solution diplomatique au conflit. Ils ont également plaidé pour une meilleure coordination entre les initiatives de paix régionales, notamment les processus de Luanda et de Nairobi, tout en saluant l’adoption par le Conseil de sécurité des Nations unies de la résolution 2773, qui appelle à une résolution durable du conflit.
Cette décision de la SADC marque un tournant dans la gestion de la crise en RDC. Alors que les troupes de la mission commencent à se retirer, la RDC entre dans une nouvelle phase de négociations et de processus de paix, sous la pression croissante de la communauté internationale. Cependant, les défis restent immenses, notamment en ce qui concerne la mise en œuvre d’un cessez-le-feu permanent et la garantie d’un dialogue inclusif avec toutes les parties prenantes.
Une transition vers la paix ou un vide sécuritaire ?
Si le retrait de la SADC est présenté comme une transition vers des solutions politiques, certains craignent qu’il ne laisse un vide sécuritaire susceptible d’être exploité par les groupes armés. La situation humanitaire dans l’est de la RDC reste critique, avec des milliers de déplacés et des besoins croissants en aide d’urgence.
Pour que cette transition réussisse, il sera essentiel que la communauté internationale, les acteurs régionaux et les parties prenantes locales travaillent de concert. La RDC, quant à elle, devra renforcer ses capacités militaires et sécuritaires tout en poursuivant les efforts de dialogue pour parvenir à une paix durable.
En attendant, la décision de la SADC rappelle que la résolution des conflits ne peut reposer uniquement sur des solutions militaires. Elle souligne également l’importance de la diplomatie et de la coopération régionale pour relever les défis complexes auxquels fait face l’est de la RDC. Reste à voir si cette transition ouvrira la voie à une paix véritable ou si elle marquera un nouveau chapitre d’incertitude pour une région déjà meurtrie par des décennies de violence.