Ce come-back, marqué par des apparitions publiques mystérieuses et des tournées dans plusieurs régions du pays, intervient dans un contexte politique et sécuritaire tendu, ravivant les tensions et les spéculations sur ses intentions réelles. Alors que le président Félix Tshisekedi tente de constituer un gouvernement d’union nationale pour faire face à la crise sécuritaire dans l’est du pays, le retour de Kabila brouille les cartes et relance les débats sur l’avenir politique de la RDC.


Un retour stratégique dans un contexte tendu

Joseph Kabila, qui a dirigé la RDC de 2001 à 2019, était resté largement en retrait de la scène politique depuis la passation de pouvoir à Félix Tshisekedi. Cependant, ses récentes apparitions publiques et ses déplacements dans plusieurs provinces ont relancé les discussions sur son rôle dans la politique congolaise. Considéré par Kinshasa comme « l’autorité morale » du groupe rebelle AFC/M23, Kabila est perçu comme une figure clé dans les équilibres politiques du pays.

Son retour intervient à un moment critique : le président Tshisekedi cherche à former un gouvernement inclusif pour faire face à la crise sécuritaire dans l’est de la RDC, où le groupe rebelle M23, soutenu par le Rwanda selon les autorités congolaises, continue de menacer la stabilité du pays. Cependant, le come-back de Kabila complique les efforts de Tshisekedi pour rassembler les forces politiques autour d’un projet commun.


Les blessures du passé : l’échec de la coalition FCC-CACH

Le retour de Kabila ravive les souvenirs de l’échec cuisant de la coalition FCC-CACH (Front commun pour le Congo - Cap pour le changement), formée en 2019 entre les partisans de Kabila et ceux de Tshisekedi. Cette alliance, censée incarner une transition harmonieuse après les élections de 2018, s’est rapidement effritée en raison de dissensions sur la répartition des postes et des accusations de mauvaise foi. Le limogeage progressif des proches de Kabila des institutions a creusé un fossé entre les deux camps, laissant des rancœurs durables.

Aujourd’hui, malgré les appels à l’union nationale lancés par Tshisekedi, les partisans de Kabila restent méfiants. Un cadre du FCC, sous couvert d’anonymat, a déclaré : « Nous ne sommes pas prêts à renouveler l’expérience d’une alliance avec Tshisekedi. Les promesses non tenues et les trahisons ont érodé toute confiance. » Cette méfiance mutuelle complique les efforts pour former un gouvernement inclusif capable de faire face aux défis sécuritaires et politiques du pays.


Kabila, un stratège en quête de légitimité ?

Le retour de Kabila est perçu par beaucoup comme une manœuvre stratégique. Proche de l’ancien chef de l’État, un cadre du FCC a confié : « Kabila écoute, observe, mais ne s’engage pas. Il sait que sa seule présence déstabilise le pouvoir en place. » Cette prudence contraste avec l’urgence affichée par Kinshasa, qui cherche à élargir sa base politique pour contrer l’offensive du M23.

Kabila conserve un réseau influent, notamment au sein de l’armée, de l’appareil sécuritaire et dans certaines provinces clés. Ses récentes tournées sont interprétées comme des tentatives de réaffirmer son influence et de tester sa capacité à mobiliser ses partisans. Pour certains observateurs, il s’agit d’une stratégie de long terme visant à repositionner Kabila comme une figure incontournable de la politique congolaise.


Les défis de Tshisekedi : naviguer entre ouverture et autorité

Le président Tshisekedi se trouve dans une position délicate. D’un côté, il doit faire face à la crise sécuritaire dans l’est du pays, où le M23 continue de menacer la stabilité régionale. De l’autre, il doit gérer le retour de Kabila, qui complique ses efforts pour former un gouvernement d’union nationale. Les appels à l’apaisement et à l’inclusion lancés par Tshisekedi se heurtent à la méfiance des partisans de Kabila, qui exigent des « garanties incontestables » avant de s’engager dans une nouvelle alliance.

Pour ses détracteurs, Kabila incarne un « obstacle à l’unité » nationale. Pour ses partisans, il reste un « recours » dans un pays en quête de stabilité. Cette polarisation rend difficile toute tentative de réconciliation politique, alors que la RDC traverse une période critique de son histoire.


Quel avenir pour le dialogue politique ?

Le retour de Joseph Kabila pose la question de l’avenir du dialogue politique en RDC. Alors que Kinshasa tente de rallier toutes les forces vives pour faire face à la crise dans l’est du pays, le silence de Kabila devient un sujet d’irritation. Est-ce une manœuvre de pression, un prélude à une nouvelle alliance, ou simplement l’ultime chant du cygne d’un ancien chef d’État en quête de légitimité ?

La réponse à cette question dépendra en grande partie de l’évolution de la situation sécuritaire et politique dans les mois à venir. Une chose est sûre : le retour de Kabila ajoute une nouvelle dimension à la complexité de la crise congolaise, où le passé et le présent ne cessent de s’entrechoquer. Dans cette partie d’échecs politique, chaque mouvement est scruté, et l’avenir de la RDC reste incertain.

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