Kinshasa, 23 avril 2025 – Le procès emblématique du scandale Bukanga-Lonzo a connu un nouveau rebondissement ce mercredi, marqué par l’absence remarquée de l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo et des autres prévenus, ainsi que de leurs avocats. Une situation qui a provoqué la colère du procureur général près la Cour constitutionnelle, John Moke Mayele, dénonçant une "mascarade" et des manœuvres dilatoires.
"Les immunités ne sont pas synonymes d’impunité"
Dans un réquisitoire cinglant, le procureur a fustigé la stratégie de la défense, qui invoque les immunités parlementaires de Matata Ponyo (élu député national en 2023) pour justifier son absence.
"Le prévenu Matata était déjà sous le coup de poursuites quand il a acquis son statut de député. Il ne peut pas aujourd’hui, par des subterfuges et des affabulations, empêcher la Cour de travailler en brandissant une prétendue décision du Parlement", a-t-il martelé.
Un procès politique ? La Cour rejette l’argument
Matata Ponyo et ses soutiens affirment depuis le début que cette affaire est politiquement motivée. Une thèse balayée par le procureur :
"S’il s’agissait d’un procès politique, comment expliquer que cette même Cour lui ait permis de se présenter aux élections législatives et même à la présidentielle ? Comment expliquer qu’elle ait accepté de reporter le procès de six mois pour lui laisser faire campagne, une première dans l’histoire judiciaire congolaise ?"
"Matata se cache derrière ses immunités pour éviter les comptes"
John Moke Mayele a vivement critiqué l’attitude de l’ancien chef du gouvernement, l’accusant de fuir ses responsabilités :
"C’est un comportement inacceptable. Matata se moque de la justice. Il a été gestionnaire des deniers publics, il doit répondre de sa gestion et des infractions qui lui sont reprochées. On ne peut pas dilapider des millions de dollars dans le projet Bukanga-Lonzo et ensuite se cacher derrière des immunités pour éviter les comptes."
Rappel des faits
Le dossier Bukanga-Lonzo concerne un vaste projet agricole lancé sous Matata Ponyo (2014-2016), accusé d’avoir détourné plus de 200 millions de dollars. Malgré les promesses de modernisation agricole, le site est aujourd’hui à l’abandon, symbolisant pour beaucoup un gaspillage colossal des fonds publics.
Prochaines étapes
La Cour devrait statuer prochainement sur la levée des immunités parlementaires de Matata Ponyo. En cas d’acceptation, l’ancien PM pourrait être contraint de comparaître, sous peine de mandat d’arrêt.
Enjeux :
🔴 Crédibilité de la justice congolaise : Ce procès est perçu comme un test pour la lutte contre l’impunité des élites.
🔴 Impact politique : Matata, figure de l’opposition, pourrait voir son image durablement entachée.
🔴 Dédommagement des fonds publics : La RDC exigerait le remboursement des sommes détournées.