Moïse Moni Della, chef du parti Conservateur de la Nature et Démocrate (CONADE), a exposé sa vision pour résoudre la crise sécuritaire en République Démocratique du Congo (RDC). Dans un entretien accordé à Forum des As le 4 avril, au lendemain de sa rencontre avec le conseil spécial du chef de l’État, il a présenté un plan en trois paliers, incluant un dialogue national élargi, une médiation sous-régionale renforcée et une campagne de sensibilisation patriotique.
Alors que plusieurs figures de l’opposition ont décliné l’invitation du président Félix Tshisekedi à des consultations en vue d’un gouvernement d’union nationale, Moni Della a fait le choix de participer, affirmant agir par conviction plutôt que par calcul politique.
1. Un dialogue national véritablement inclusif
Pour Moni Della, les consultations en cours ne doivent être qu’une première étape vers un dialogue plus large, intégrant toutes les forces vives du pays. Il plaide pour une approche multipartite, impliquant non seulement la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC), mais aussi les communautés musulmanes, kimbanguistes et les églises de réveil.
« La mise en place d’un gouvernement d’union nationale ne doit pas être une fin en soi, mais un tremplin vers des assises plus larges. Toutes les sensibilités doivent être représentées pour garantir une paix durable », a-t-il déclaré.
2. Fusionner les initiatives de Luanda et de Nairobi
Le deuxième volet de son plan repose sur une coordination des efforts internationaux. Il estime que la résolution du conflit nécessite un accompagnement extérieur structuré.
« Les initiatives de Luanda et de Nairobi doivent converger. Sans une couverture internationale solide, aucun progrès ne sera possible. Le gouvernement issu de ces consultations devra travailler dans un état d’esprit de guerre, mais avec pour objectif ultime la paix », a-t-il expliqué.
3. Une campagne patriotique et une posture apaisée
Moni Della insiste sur la nécessité d’une campagne de sensibilisation inspirée de l’ère Laurent-Désiré Kabila, visant à renforcer l’unité nationale. Parallèlement, il appelle à une modération des discours envers le M23, saluant la qualification par Tshisekedi du groupe comme une « opposition armée », ce qui, selon lui, ouvre la voie à des négociations.
« La guerre se termine toujours autour d’une table. Nous devons créer un climat propice au dialogue tout en préparant la population à défendre la nation », a-t-il souligné.
Un engagement guidé par le patriotisme
Face aux critiques de certains opposants, Moni Della assume son choix de participer aux consultations, le présentant comme un acte de responsabilité.
« Quand la maison brûle, on ne discute pas de qui a allumé le feu. On appelle tous les enfants du pays pour l’éteindre. Je ne fais pas de la politique par opportunisme, mais par conviction », a-t-il martelé.
Fort d’une carrière politique marquée par l’opposition aux régimes autoritaires, il se dit prêt à servir dans un futur gouvernement d’union nationale, qu’il conçoit comme une « équipe de mission » composée des meilleurs éléments pour affronter la crise.
« Je suis un combattant de la démocratie et des droits humains depuis toujours. Aujourd’hui, la RDC a besoin de patriotes déterminés, pas de carriéristes », a-t-il conclu.