Avec le boulevard Lumumba coupé et des tarifs explosifs (jusqu'à 200$), les pirogues et bateaux deviennent les rois d'une capitale en crise
Kinshasa, 7 avril 2025 – Les inondations historiques des 4-5 avril ont brutalement réhabilité le transport fluvial à Kinshasa. Après l'engloutissement du pont Ndjili – unique accès aux quartiers populaires –, pirogues et bateaux improvisés sont devenus les seules alternatives pour des milliers de Kinois. Un retour aux sources qui pose autant de solutions urgentes que de questions brûlantes sur l'avenir de la mobilité dans la mégapole.
L'ONATRA en mode crise : Bateaux à 20
Face à l'urgence, l'Office National des Transports (ONATRA) a réactivé la ligne fluviale Beach Ngobila – Kinkole, permettant d'accéder à l'aéroport de Ndjili via Tshangu. Mais le chaos a engendré une flambée des prix :
Tarif officiel : 20 (canot rapide).
Réalité sur le terrain : Jusqu'à 200$ selon nos enquêtes, exploitant la détresse des voyageurs.
« Nous avons payé 200$ par personne. C’est une extorsion, mais notre vol ne pouvait attendre », témoigne une passagère à Kinkole. L'ONATRA dénonce ces abus, mais peut-elle contrôler les acteurs informels ?
Bilan humain et économique : La double peine
23 morts, 46 blessés, 180 familles sinistrées (hébergées à l'Institut Lumumba, Tata Raphaël...).
Impact économique : Blocage des marchandises, salariés absents, surcoût des transports.
Urbanisme anarchique : La racine du mal
Les experts sont unanimes :
Constructions sauvages dans les lits des rivières (Ndjili, Tshangu).
Canaux bouchés par les déchets et l'absence d'entretien.
Changement climatique : Pluies plus intenses et fréquentes.
« Kinshasa paie 20 ans de laisser-faire. Les inondations ne sont pas une fatalité, mais le résultat de mauvais choix », assène un urbaniste.
Le fluvial, avenir de Kinshasa ? 3 scénarios
1️⃣ Solution transitoire : Retour à la normale après réparation des routes.
2️⃣ Alternative durable : Intégration officielle avec tarifs régulés et quais sécurisés.
3️⃣ Mixité innovante : Réseau fluvial complémentaire au métro (toujours en chantier).
Obstacles majeurs :
Sécurité (naufrages fréquents).
Corruption (monopoles informels).
Investissements lourds (ports, bateaux).
Ce qu’attendent les Kinois
Transparence sur les tarifs et acteurs autorisés.
Désengorgement des axes inondables (démolitions annoncées ?).
Plan climat pour anticiper les prochaines intempéries.