Grâce aux fonds du Gouvernement japonais, les élèves de l’Ecole primaire Ngerero, à Bweremana, localité située à 45 km de Goma, ont repris les cours dans des salles de classe désormais réhabilitées. Contraints jadis de cohabiter avec des soldats et des déplacés, ils étudient désormais dans un milieu assaini et sécurisé, dépouillé d’explosifs, d’armes et munitions qui mettaient en danger leurs vies.





Nous sommes en octobre 2013. Le Nord-Kivu, riche province de la République démocratique du Congo, située à la lisière du Rwanda et de l’Ouganda, est à feu et à sang. De nombreux groupes armés plongent la population de plusieurs localités dans la terreur. Tout aux alentours de la ville de Goma, le chef-lieu de la province, les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) affrontent l’armée régulière.
Pourchassés, des militaires des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) se replient dans les villages environnants, emportant avec eux armes et munitions, ainsi que les membres de leurs familles. C’est dans ce contexte que l’Ecole primaire Ngerero de Bweremana, à 45 km de Goma, sera prise d’assaut. Difficile alors pour les élèves d’étudier en toute quiétude et dans de bonnes conditions, obligés de cohabiter avec les soldats, leurs proches et plusieurs déplacés dans des salles de classes transformées en dortoirs.

UNE ECOLE SINISTREE
Jeune écolière de 10 ans, Baraka Batachoka fréquente l’EP Ngerero depuis 2009. Elle se rappelle encore l’état désastreux de cet établissement scolaire où elle a fait ses débuts. « Quand j’ai été inscrite ici en 1ère année primaire en 2009, raconte-t-elle, notre école n’était constituée que d’un long bâtiment sans compartiment, recouvert juste des bâches. Juste un tableau en bois suffisait pour séparer les classes, de la 1ère à la 6ème année. Quand l’instituteur enseignait dans une classe, on l’entendait de l’autre bout du bâtiment ».
« Faute de bancs, commente Baraka Batachoka, on s’asseyait sur le sol dépouillé de pavement, ou carrément sur des pierres destinées à la fondation. Quand il pleuvait, l’eau des pluies entrait dans nos classes, mouillait nos cahiers… et les enseignants étaient contraints d’interrompre les cours. On allait alors nous abriter, nous les écoliers et nos enseignants, dans le bâtiment voisin construit en briques, dans les salles des élèves de l’école secondaire qui, à leur tour, ne pouvaient continuer d’étudier ».
« Et quand les déplacés sont arrivés, fuyant la guerre déclenchée par des Maï-Maï, et après eux nos militaires et leurs familles venant de Goma, on était contraint de partager nos classes, explique la jeune écolière. Le soir, ils préparaient la nourriture avec du bois de chauffage dans nos classes. Ensuite, ils mangeaient et dormaient dans le bâtiment. Souvent le matin, on retrouvait dans nos classes des excréments sur les murs et bien des déchets sur le sol ».

OUF DE SOULAGEMENT
Aujourd’hui, Baraka Batachoka et tous les écoliers de l’EP Ngerero sont heureux de voir les autorités du pays et des bienfaiteurs japonais penser à l’amélioration des conditions d’étude dans cette école de campagne. « Désormais, soupire-t-elle, nous nous asseyons sur des pupitres en bois dans des salles cloisonnées, au sein d’un bâtiment totalement recouvert de murs en bois. Nous avons par ailleurs bénéficié d’un don des cahiers, des livres et des cartables offerts par l’Unicef ».
Marié et père de quatre enfants, Munguiko Risasi supervise l’Ep Ngerero depuis sa création en 2009. A 38 ans, il est fier de voir enfin le Gouvernement congolais s’occuper de cet établissement scolaire sinistré qui ne bénéficiait jamais de l’attention des autorités lorsqu’on organisait des campagnes pour la promotion de la scolarité.
« C’est au cours de cette année scolaire 2013-2014 que notre Gouvernement a songé à octroyer à nos élèves des fournitures scolaires, grâce aux fonds du Gouvernement japonais, affirme le Directeur de l’EP Ngerero. Dans cet établissement qui comprend 505 écoliers, 184 élèves de 1ère et de 2ème année primaire ont bénéficié chacun d’un don constitué d’une ardoise, d’une touche, de deux stylos, d’un cahier de caligraphie, d’un cahier de dessin, de deux cahiers de 48 pages, d’un sac pour la conservation des objets classiques ».

DES PROJETS PORTEURS
« Ce don représente environ 2,5 dollars Us par élève bénéficiaire, explique John Kissa, le point focal du ministère de l’Enseignement primaire, secondaire et professionnel (EPSP) auprès de l’Unicef au Nord-Kivu. Il s’inscrit dans le cadre du projet ‘‘Back to school’’ financé par le Gouvernement japonais en vue d’appuyer la rentrée scolaire au bénéfice de plusieurs enfants congolais ».
Ce projet, précise John Kissa, est structuré en deux volets. Le premier consiste à sensibiliser les parents pour envoyer leurs enfants à l’école. Le deuxième vise à appuyer les écoliers en fournitures scolaires et leur permettre de démarrer les cours munis de leurs objets classiques.
Au projet ‘‘Back to school’’ succède un autre projet visant la réhabilitation du bâtiment scolaire de l’EP Ngerero comme réponse à la situation d’urgence connue par cette école détruite par des déplacés de guerre et des familles des militaires, cibles des Maï-Maï de Raïa Mutomboki, des FDLR rwandais et des rebelles du M23. Trois mois durant, cette école a eu de la peine à fonctionner, indique John Kissa.

GESTION COMMUNAUTAIRE DES FONDS
A la demande de l’Unicef, le Gouvernement japonais a octroyé un fonds remis à l’EPSP qui l’a confié à l’école. Les autorités scolaires ont, à leur tour, mobilisé la communauté scolaire pour identifier les besoins urgents, évaluer les coûts des travaux et veiller à l’exécution des travaux.
« On avait évalué le devis à 5.000 dollars pour rebâtir le bâtiment en matériaux durables, mais l’Unicef nous a demandé de réduire les frais à 2.000 dollars Us, relate le Directeur Munguiko Risasi. Nous avons alors adapté les travaux au montant disponible. La communauté scolaire, constituée des représentants des parents, des élèves, des enseignants, s’est impliquée dans l’achat des 60 pupitres et de la construction du bureau du directeur d’école et de sept classes pour les écoliers ».
Avec cette implication de toutes les couches impliquées, la gestion en toute transparence des ressources mobilisées par le Gouvernement japonais redonne espoir et sourire à une population sinistrée qui s’estimait oubliée de la communauté tant nationale qu’internationale. Yves KALIKAT
Le direct
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