Après avoir momentanément marqué une parenthèse dans l’affaire de l’assassinat de Lumumba, en ouvrant ses colonnes à d’autres dossiers ficelés il y a plus de 20 ans par la «Commission des crimes et assassinats» de la CNS (Conférence Nationale Souveraine), Le Phare revient à la charge. Fidèle à sa ligne de conduite fondée sur la lecture correcte et sans complaisance de l’histoire nationale, le quotidien de l’avenue Lukusa laisse parler les documents. Dans le témoignage sous examen émanant du chef d’Antenne de la CIA en 1960 à Léopoldville (Kinshasa), la thèse du complot international ourdi contre Patrice Emery Lumumba est évidente. La volonté de grandes puissances d’empêcher le jeune Etat congolais de se contruire en vue de faire le bonheur de ses filles et fils ne fait l’ombre d’aucun doute. Le décor de 1960, avec des Congolais incapables de gérer leurs ambitions politiques et agissant sous la dictée de leurs parrains des blocs Ouest et Est, fait penser à celui du Congo du 3ème millénaire, prisonnier des mêmes maîtres.

L’histoire semble se répéter 50 ans après, avec des troupes onusiennes qui dépassent la barre de 20.000 hommes mais qui peinent à protéger les civils et à rétablir une paix durable dans les zones troublées de l’Est. Pendant que les malentendus se multiplient entre Congolais quant à la vision de l’avenir du pays, les mouvements rebelles et groupes armés soutenus par des pays voisins créent et recréent des «Républiquettes» qui plantent le décor de la balkanisation. Le passé ne semble pas instruire les Congolais, visiblement décidés à ne pas baliser la voie de la réconciliation nationale. Comment réaliser la «cohésion nationale» dans un contexte où les uns revendiquent la direction unilatérale des affaires publiques au nom de leur triomphe électoral et les autres continuent à leur contester la légitimité institutionnelle ? Est-il possible de s’entendre quand certains autres, fatigués de ne pas être écoutés, ont choisi le langage des armes ? Comme en 1960, le démon de la division a repris son travail de sape au sein de la maison «Congo», pour un nouveau feuilleton de marche à reculons sur tous les plans.

Cependant, le 18 septembre à midi, M. Tshombe, sur une initiative du représentant de l’ONU, O’Brien, avait ordonné un cessez-le-feu, mais les mercenaires ne respectèrent pas cet ordre. Comme l’écrira lui-même le secrétaire général, Tshombe, à quelques heures de sa mort : « Les efforts pour établir un cessez-le-feu ont échoué pour des raisons que nous ne connaissons pas, mais qui qui semblent trouver leur origine dans l’opposition de certains responsables des opérations militaires au Katanga. Il semble que les milieux diplomatiques britanniques, favorables au régime de M. Tshombe, eussent été extrêmement mécontents de constater que la force était utilisée par I’ONUC soit pour réduire la sécession katangaise… soit pour se défendre. Les événements qui précédèrent immédiatement le départ de M. Hammarskjöld pour N’Dola, en apportèrent d’ailleurs la confirmation. Selon M. Gavshon, c’est après que M. Tshombe eut rendu visite à M. Dunnett, consul britannique à Élisabethville, que les combats reprirent. Le soir même du 13 septembre, I’ambassadeur de Grande-Bretagne à Léopoldville, sir Riches, demanda des explications au secrétaire général sur les événements qui se déroulaient à Elisabethville et il lui signifia clairement que le Gouvernement britannique n’admettait pas le recours à la force contre le Katanga. Monsieur H. était extrêmement perplexe, surtout si I’on admet la thèse selon laquelle il n’était pour rien dans cette situation. De toute façon, même si cette hypothèse est vraie, il demeurait responsable des opérations subies ou entreprises et à ce titre il ne pouvait pas désavouer ses subordonnés, le Dr Linner et M. O’Brien.

Les mêmes observations furent faites à Dag Hammarskjöld le 16 septembre par Lord Landsdowne, sous-secrétaire d’État parlementaire pour les affaires étrangères, envoyé spécialement par le Gouvernement britannique pour s’entretenir avec le secrétaire général. Ce dernier avait été, à maintes reprises, pris à partie par l’Union soviétique. La France lui avait fait connaître son « attitude de réserve » à l’égard de sa politique au Congo. La Grande-Bretagne menaçait de l’abandonner : « M. Hammarskjöld adressa immédiatement un télégramme à Moïse Tshombe pour lui proposer une rencontre, après un cessez-le-feu de part et d’autre, (en vue de s’approcher d’une solution du conflit actuel ». Lord Landsdowne servit lui-même d’intermédiaire pour proposer N’Dola, à la frontière de la Rhodésie du Nord et du Katanga, à deux cents kilomètres d’Élisabethville, comme lieu de rencontre.

Tandis que les combats persistaient les 16 et 12 septembre 1961, M. Tshombe répondit au secrétaire général : il acceptait bien le principe d’un cessez-le-feu immédiat et il marquait son accord pour rencontrer M. Hammarskjöld à N’Dola, mais il demandait que les troupes de l’ONU soient consignées dans leurs camps et que l’ONU cesse les mouvements de troupes et l’envoi de renforts par terre et par air. Le secrétaire général fit répondre qu’il jugeait les dernières conditions inacceptables, celles-ci « devant évidemment faire l’objet de discussions au cours de I’entrevue ».

Cependant, n’ayant pas reçu de réponse à ce cernier message, ayant appris que M. Tshombe avait déjà pris ses dispositions pour se rendre avec son groupe à N’Dola, le secrétaire général décida de se rendre à N’Dola. II quitta Léopoldville par la voie des airs, le 17 septembre 1961, vers dix-sept heures.



2. La mort de Dag Hammarskjöld



A 0 h. 10, le Douglas DC-6 B mis à la disposition du secrétaire général survolait I’aéroport de N’Dola (t). M. Tshombe était déjà arrivé et attendait M. Hammarskjöld en compagnie de Lord Alport, haut-commissaire britannique pour la Fédération d’Afrique centrale. Lord Landsdowne, sous-secrétaire d’Etat

Au Foreign Office, qui avait contribué à la rencontre Hammarskjöld-Tshombe, avait quitté Léopoldville une heure avant le secrétaire général pour être, lui aussi, au rendez-vous. Comme Lord Landsdowne le déclarera lui-même à la commission chargée de l’enquête sur les circonstances de la mort du secrétaire général, sa présence à N’Dola s’expliquait par la raison d’assurer au plus haut fonctionnaire des Nations Unies le bénéfice de certains services et de I’aider à prendre les dispositions nécessaires en territoire britannique : « Il a donc accepté ma suggestion, mais, après mûre réflexion, il a jugé plus sage, pour des raisons d’ordre politique sur lesquelles je ne crois pas nécessaire de m’étendre ici, que je ne fasse pas ce voyage avec lui. Il a donc suggéré que je me rende à N’Dola dans un autre avion, fourni par les Nations Unies, et que je parte avant lui.

La dernière communication entre I’aéroport de N’Dola et I’avion du secrétaire général eut lieu au moment où celui-ci survolait l’aéroport. A ce moment-là, I’avion semble avoir viré au-dessus de l’aire d’approche prescrite, pour s’écraser quelques minutes plus tard à peu près la fin du virage, au moment où il revenait vers l’Est. L’avion s’abattit à environ 9 miles et demi à I’ouest de I’aéroport de N’Dola, en pleine brousse.

Lord Alport, présent sur I’aéroport, a déclaré à la Commission d’enquête : u Lorsque trente minutes ou plus se furent écoulées, j’ai pensé que quelque chose s’était peut-être produit à Elisabethville ou que M. Hammarskjöld avait reçu de Léopoldville ou de New York un message qui lui avait fait décider de différer sa rencontre avec M. Tshombé et de se rendre ailleurs. Il ne m’a pas paru étrange que M. Hammarskjöld n’ait pas fait connaître ses intentions à N’Dola, d’abord parce que l’avion avait fait preuve de circonspection dans ses contacts radio avec la tour de contrôle de N’DoIa, et ensuite parce que je pensais que M. Hammarskjöld tiendrait, s’il avait effectivement changé ses plans, à pouvoir se préoccuper lui-même de la publicité qui serait inévitablement faite ensuite à l’événement.

Il semble en effet que le secrétaire général, pour une raison qu’on ne connaîtra sans doute jamais, ait décidé de ne pas atterrir N’Dola. Le sergent Harold Julien, seul survivant de la catastrophe, et qui mourut 48 heures après avoir eté découvert par une mission de sauvetage envoyée par les autorités rhodésiennes,

arrivée sur les lieux 16 heures après l’accident, déclara en effet: « Lorsque I’avion est arrivé au-dessus de N’Dola, M. Hammarskjöld a tout à coup décidé de se rendre ailleurs. L’avion a changé de direction et, peu après, une explosion s’est produite à bord, suivie d’autres moins fortes », Cette explosion, aux dires du sergent Julien, se serait produite au-dessus de I’aéroport.

Le 18 septembre 1961, à New York, Tavarés de Sa, sous-secrétaire des Nations Unies chargé de I’information, annonçait officiellement la mort de M. Hammarskjöld. Réunie en séance pleinière, I’Assemblée générale de l’ONU rendit hommage le 28 septembre à celui que le président de l’Assemblée, M. Mongi

Slim, désigna comme « messager de la paix, mort en cherchant à sauver le monde de la mort ». Le 13 octobre, sur recommandation du Bureau, I’Assemblée générale décidait d’ajouter à l’ordre du jour de sa seizième session une question intitulée « Enquête internationale sur les conditions et les circonstances de la mort tragique de M. Dag Hammarskjöld et des personnes qui l’accompagnait». Le 26 octobre 1961, examinant cette question, l’Assemblée générale adoptait une résolution 1628 (XVI) décidant qu’une enquête de caractère international serait immédiatement entreprise sous les auspices de l’ONU par une Commission «Composée de cinq personnalité éminentes». Celles-ci furent nomées par l’Assemblée le 8 décembre 1961. La Commission d’enquête rhodésiens, qui de leur côté, et parallèlement, avaient fourni un travail d’approche, la Commission d’enquête onusienne adresait son rapport au président de l’Assemblée générale le 24 avril 1962 : celui-ci fut publié le 2 mai 1962. Le 26 octobre 1962, l’Assemblée générale prenait acte du rapport de la Commission par la résolution 1759 (XVII).

Le rapport n’apporta aucune lumière sur les circonstances de la mort du secrétaire général. Après avoir examiné toutes les causes possibles de la chute de l’avion (sabotage ou malveillance à bord, attaque ou malveillance de l’extérieur– on pouvait penser à l’unique Fouga Magister de l’armée katangaise – défaillance du matériel, défaillance humaine), la Commission conclut qu’ « elle n’a trouvé de preuve à l’appui d’aucune des théories qui ont été avancées mais n’a pas non plus été en mesure d’exclure les causes possibles qu’elle a envisagées». Elle regrettait le retard (16 heures) apporté aux opérations de recherches et de sauvetage de la part des autorités rhodésiennes, car, et c’est la conclusion du rapport, « si les intéressés avaient fait preuve de toute la diligence que l’on aurait pu attendre d’eux en cette occasion, on aurait peut-être découvert plus tôt l’avion écrasé au sol, et sensiblement augmenté les chances de survie du sergent Julien. Si celui-ci avait survécu, non seulement une vie aurait été sauvée, mais aussi l’on aurait peut-être su, de la bouche d’un témoin direct, quelque chose des circonstances de cette tragédie.

Ainsi un voile noir devait obscurcir à jamais les circonstances de la disparition de M. Hammarskjöld, qui avait dit lui-même un jour : « The man does not count, the institution does » « l’homme ne compte pas, c’est l’institution qui compte ».

Des points non éclaircis, pourtant, demeuraient, à la lecture du rapport : pourquoi les autorités rhodésiennes ont-elles tant tardé à se rendre sur le lieu de l’accident ? Pourquoi l’un des pilotes de la Compagnie suédoise Transair a-t-il déclaré que le mécanicien de l’attaché militaire américain, qui survola les lieux peu après la catastrophe, se serait vu saisir les photographies qu’il aurait prises, par ces mêmes autorités rhodésiennes ? L’auteur de cette révélation dut lui-même attendre toute la journée du 19 septembre à l’aéroport de N’Dola : « Il est évident que l’on ne voulait pas que je me rende sur les lieux de l’accident. ». Il est troublant que le président Kennedy ait reconnu avoir reçu des informations détaillées sur la mort du secrétaire général, dont il ne pouvait divulguer la teneur.

Pourquoi des balles ont-elles été retrouvées dans le corps de deux passagers suédois ? La Commission d’enquête conclut que « la présence de ces balles était en fait due à ce que des cartouches en contact étroit avec les corps avaient explosé pendant l’incendie ». Or des experts consultés ont déclaré : « Il est exclu que des balles dont l’explosion est provoquée par une incendie puissent pénétrer dans un corps humain ». Ces balles pouvaient-elles avoir été tirées par un passager clandestin ? Le rapport de la Commission est singulièrement ambigu et discret sur la présence possible d’un dix-septième passager clandestin : « La Commission prend note de la nouvelle, de caractère sensationnel, publiée par certains journaux dans plusieurs pays, en janvier 1962, à savoir qu’un dix-septième passager serait monté à bord de l’avion à Léopoldville pour s’en emparer par un acte de piraterie. Selon cette nouvelle, l’appareil s’est écrasé au sol lorsque ce passager a tenté de s’en rendre maître. Bien que la nouvelle fût de toute évidence du domaine des rumeurs, la Commission a soigneusement cherché à voir si elle était vraie. M. Linner et d’autres personnes qui ont vu l’appareil décoller de Léopoldville ont déclaré, au cours de leur déposition, qu’ils connaissaient toutes les personnes qui étaient montées à bord ou qu’elles leur avaient été présentées. De plus, le Dr Ross a jugé extrêmement peu probable qu’il se fût trouvé un dix-septième corps dans l’épave et la police, qui ignorait combien de personnes se trouvaient à bord, a examiné les lieux pour voir su un occupant de l’avion s’était éloigné dans la brousse mais sans trouver aucun indice en ce sens ».

Il n’est cependant pas inutile de noter que la Commission déclare qu’aucune garde n’avait été montée spécialement auprès de l’avion avant son départ de Léopoldville. De plus, les secours ne sont parvenus auprès du lieu de l’accident que seize heures après celui-ci : le corps du dix-septième passager (hypothétique) eût donc pu être enlevé dans cet intervalle.

Un témoignage officieux de poids fut apporté en 1963 par M. Jacques Duchemin, qui fut sous-secrétaire d’Etat à la guerre du « gouvernement katangais », dans un ouvrage, déjà cité, intitulé « Notre guerre au Katanga ». Celui-ci prétend que Tshombe aurait ambitionné de faire prisonnier Monsieur H. afin de s’en servir comme otage pour pouvoir ainsi définitivement assurer la sécession du Katanga. A cet effet, un mercenaire belge du nom de Robert Gheysel se serait introduit dans l’avion du secrétaire général, et au moment où celui-ci se préparait à atterrir à N’Dola, aurait abandonné au pilote de faire demi-tour vers le Katanga. Une bagarre s’en serait suivie, ce qui expliquerait la présence de balles dans les corps de deux militaires suédois. L’avion désemparé, se serait écrasé.

M. O’Brien, quant à lui, ne met pas en doute que Dag Hammarskjöld ait été assassiné par des mercenaires de Tshombe, non pas sur ordre de celui-ci, mais sur celui du « ministre de l’Intérieur » Munongo, qui avait pris une part active à la mort de Lumumba.

Quoi qu’il en soit, il ne peut y avoir que des suppositions gratuites, puisqu’aussi bien le seul survivant du sinistre, le sergent Julien, a été dans l’incapacité physique d’en dire plus que ce qui est relaté au rapport de la Commission d’enquête des Nations Unies. La mort de Dag Hammarskjöld n’allait pas empêcher l’Organisation de continuer à poursuivre son œuvre d’édification d’un Congo uni et pacifié. M. U’Thant allait faire montre de la même volonté que son prédécesseur d’y parvenir.



3. Le cessez-le-feu



Alors que les combats se déroulaient encore le 19 septembre 1961, le chef des opérations civiles, Mahmoud Khiari, s’envolait pour N’Dola afin de rencontrer M. Tshombe. M. Khiari continuait la mission entreprise par M. Hammarskjöld. Le 20 septembre, les entretiens aboutissaient à un accord provisoire sur le cessez-le-feu qui devait entrer en vigueur le 21 septembre 1961. Aux termes de cet accord, aucun mouvement de troupes pour le renforcement d’une garnison ou d’une position n’était permis. Les prisonniers devaient être échangés de part et d’autre. Une Commission mixte de quatre membres devait contrôler l’application de cet accord, et, en général, rechercher les moyens de faire reposer les rapports entre les Nations Unies et les autorités katangaises sur une base de compréhension mutuelle. Cet accord ne devait devenir définitif qu’après son approbation par le secrétaire général.

Le 24 septembre était notifiée à M. Tshombe l’approbation donnée à l’accord par le siège des Nations Unies : l’accord devenait ainsi définitif. Cet accord, strictement militaire, exigeait un protocole d’exécution, notamment en ce qui concerne les modalités d’échange de prisonniers. Ce protocole fut signé à Elisabethville le 13 octobre par M. Khiari et M. Tshombe, étant entendu qu’il deviendrait définitif après approbation par le secrétariat à New York. Le texte de l’approbation du siège fut transmis à M. Tshombe le 23 octobre 1961. Cependant l’approbation était assortie de deux conditions expresses : la conclusion de l’accord n’affectait en rien les résolutions du Conseil de sécurité, y compris celle du 21 février 1961, et de l’Assemblée générale ; à ce titre, l’approbation n’impliquait aucune dérogation à l’unité, l’intégrité territoriale ou l’indépendance du Congo.µ

Les prisonniers furent rapidement échangés, le Katanga en relâchant 190 (y compris les Irlandais capturés à Jadothville) et l’ONUC 240 (gendarmes et para-commandos).

L’accord sur le cessez-le-feu du 20 septembre et le protocole du 13 octobre 1961 suscitèrent l’opposition du gouvernement soviétique et celle du gouvernement de Léopoldville : selon eux, la signature des deux actes revenait à consacrer le séparatisme katangais. L’argument n’était pas fondé : le secrétaire général, en donnant son approbation, avait pris soin de noter que l’application des résolutions du Conseil de sécurité, y compris celle du 21 février 1961, et de l’Assemblée générale, n’était en rien affectée, pas plus que le principe de l’unité et de l’intégrité territoriale du Congo. Le cessez-le-feu n’avait en somme qu’un caractère, « conservatoire ». Au surplus, M. Sture Linner, chef de l’Opération des Nations Unies au Congo, souligna bien que l’accord sur le cessez-le-feu n’engageait en rien le gouvernement central et n’affectait absolument pas l’autorité et les pouvoirs de ce gouvernement.

Le gouvernement belge informa le secrétaire général, le 7 novembre 1961, qu’il avait l’intention de retirer les passeports des « nationaux belges qui continueraient de servir dans l’armée katangaise ». De toute façon, les Belges, entre temps, avaient été remplacés par des mercenaires d’autres nationalités, spécialement français et sud-africains. Fin novembre 1961, Conor Cruise O’Brien quittait le Katanga pour n’y plus revenir. De même que l’ONU avait dû rappeler M. Dayal en mai pour obtenir la collaboration de M. Kasavubu, le rappel de M. O’Brien semble avoir servi de « monnaie d’échange » pour inciter Moïse Tshombe à respecter les accords qu’il venait de passer avec l’ONU. Le problème posé par l’existence de la sécession katangaise n’était pas encore résolu pour autant. Celle-ci avait coûté la vie à M. Hammarskjöld. Le Conseil de sécurité allait adopter une résolution de fond, la dernière qui serait votée à propos du drame congolais, dont le ton extrêmement violent et la précision des termes employés allaient contraster heureusement avec ceux des précédents résolutions qui avaient suscité des gloses et des interprétations contradictoires et laissé le secrétaire général seul juge du sens qu’il fallait leur attribuer.
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