L’Assemblée Nationale a clôturé sa session de septembre le dimanche 15 décembre 2013. C’est l’heure des comptes, pour maints analystes politiques intéressés à la chronique de l’actualité du pays. Particulièrement ciblé, le groupe parlementaire UDPS et Alliés a tiré, finalement, son épingle du jeu. Le groupe n’a pas éclaté, comme certains alchimistes de la cacophonie, l’auraient peut-être souhaité. Bien au contraire, il en est sorti ragaillardi. Nombre de ses Députés qui avaient signé une lettre de contestation du bureau sont rentrés dans les rangs. Ainsi, le groupe UDPS et Alliés ressoude-t-il son unité autour de ses principes fondamentaux. Il est l’un des plus stables de l’opposition au sein de l’Assemblée Nationale.
Tout au long de deux dernières sessions, le groupe parlementaire de l’UDPS et Alliés, le premier de l’opposition congolaise, a traversé de nombreuses épreuves. Le 1er juin 2013, à la veille de la clôture de la session de mars, l’Assemblée nationale avait alors connu une chaude journée avec la question du changement d’appellation du principal groupe d’opposition. Ce qui aurait dû, en temps normal, n’être qu’une démarche banale, a plutôt suscité des chaudes empoignades entre la majorité des membres de ce groupe et un groupe de quatre députés – Serge Mayamba, Emery Okundji, Albert-Fabrice Pwela et Martin Fayulu. Au regard des explications des uns et des autres, la chambre basse a dû trancher en faveur de la majorité conduite par le président du groupe, l’honorable Samy Badibanda Ntita. Depuis lors, l’eau a coulé sous les ponts et le vent est passé.
Courses aux postes ?
Jusqu’à la convocation des Concertations nationales par le Chef de l’Etat. Le groupe se réunit et adopte le rejet de toute participation à ce forum. Ce qui est confirmé par une déclaration rendue publique le 5 octobre 2013. Mais, Serge Mayamba ressort alors du bois et fait feu de tout bois. A la tête d’un groupe de 5 élus, il participe aux Concertations, mais ne peut se prévaloir de représenter un groupe qui s’est prononcé par un vote démocratique. Au lendemain du discours du Chef de l’Etat devant le Congrès, c‘est la crise : alléchés par la formation d’un gouvernement de cohésion nationale, un autre groupe d’élus s’en va rejoindre Serge Mayamba et décrète la déchéance du bureau dirigé par Samy Badibanga Ntita. Au comptage, pas de quoi ameuter la foule : l’écrasante majorité est restée ferme sur les principes qui animent ce groupe. Au point que les frondeurs sont demeurés à ce jour une frange minoritaire agissant de manière isolée. D’autant qu’au dernières nouvelles, de nombreux frondeurs ont regagné les rangs, à l’exemple des députés Vasco Mbuyi, Adrien Phoba et bien d’autres. En ce moment où se clôture la session budgétaire de septembre, les Députés UDPS et Alliés prennent leurs vacances tranquillement, sans la moindre inquiétude.
Assez curieusement, malgré ces épreuves, maints analystes notent que l’UDPS et Alliés reste le groupe parlementaire d’opposition le plus stable. Ne serai-ce que parce qu’il est le seul à n’avoir changé de président. En effet, au début de la législature, l’UNC et Alliés s’était donné comme président le député Claudel Lubaya, élu de Kananga. Accusé par ses collègues du Kivu (plus nombreux dans les bataillons kamerhistes) d’avoir fait campagne pour Etienne Tshisekedi, il a été viré et remplacé par Justin Bitakwira, élu d’Uvira. Lubaya ronge tranquillement sa colère depuis lors. Au MLC et Alliés, le président du groupe parlementaire, le Député Jean-Lucien Busa, a carrément été radié du parti et a été remplacé par Me Alex Lenga. Au groupe des Libéraux, la trop longue absence du président Antipas Mbusa Nyamwisi a poussé ses colistiers à le remplacer par le patriarche Anatole Matusila Malungeni ne Kongo.
Principes fondamentaux
Bien plus, ce n’est pas toujours l’entente partout. Ainsi, à l’UNC, on a vu le président du groupe parlementaire Justin Bitakwira féliciter le Chef de l’Etat, pour la victoire des FARDC sur le M23, avant de se faire descendre les bretelles par son secrétaire général Jean-Bertrand Ewanga. Au groupe des Libéraux, c’est la guerre entre ceux qui veulent entrer au gouvernement (José Makila, Anatole Matusila) et ceux qui s’y opposent (Lusenge et les élus RCD/K-ML). Des tiraillements qui sont, finalement, logiques dans une vie démocratique normale. Une réalité où, in fine, prédomine le respect les principes fondamentaux acceptés de tous. Sur ce point, le groupe UDPS et Alliés est resté fidèle à ses fondamentaux : il demeure un groupe d’opposition, opposé aussi bien aux Concertations nationales qu’à leurs recommandations et rejette toute participation au gouvernement de cohésion nationale.
La Pros.