On dit souvent qu’en politique une semaine est une longue période. Si tel est le cas, une année doit être une vie.Il y a un an, 11 pays africains signaient l’Accord-cadre pour ramener la paix en République démocratique du Congo (RDC), mettant ainsi un terme à un cycle de conflits sanglants dans ce pays. Le dernier en date était la rébellion du M23 qui avait replongé la RDC dans le chaos et menacé d’être le foyer d’un nouveau conflit élargi dans la région.




Pour la première fois depuis bien des années, les populations de l’Est de la RDC et plus particulièrement les femmes et les enfants ont un infime espoir de pouvoir vivre et travailler sans la peur permanente d’un conflit, de violences sexuelles ou de viols. Depuis le début, j’ai appelé cet Accord, l’Accord-cadre de l’Espoir. Pour répondre à cette attente d’espoir, cet Accord doit amener un changement significatif dans la sécurité et la vie de ces populations.
Un certain nombre de choses se sont passées au cours de ces 12 derniers mois qui font que l’espoir d’une paix durable n’est plus seulement un rêve naïf d’idéaliste mais une réalité qui nous est presque accessible.
Je dis "presque" parce que ramener la paix et la sécurité dans des parties du monde qui n’ont connu que le conflit pendant plusieurs décennies n’est pas chose facile. Il y a toujours un risque permanent de retomber dans le gouffre comme l’ont démontré les récents évènements tragiques au Soudan du Sud et en République centrafricaine.

Les progrès enregistrés depuis que ces 11 pays - République démocratique du Congo, Rwanda, Burundi, République Centrafricaine, Angola, Ouganda, Soudan du Sud, Afrique du Sud, Tanzanie et République du Congo - ont signé cet accord sont indéniables. Ces progrès sont basés sur des engagements spécifiques et fondamentaux pour la paix dans la région, entre autres, celui de ne pas interférer dans les affaires internes des autres pays et, de ne pas tolérer ou apporter un soutien aux groupes armés. Comme l’a dit le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-Moon, le 24 février 2013 lors de la signature de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération en République du Congo et dans la région, cela n’est qu’une première étape. Pour réaliser ces objectifs, des engagements durables sont requis de la part de l’ensemble des parties concernées.
Au cours des 12 mois depuis la signature de l’Accord-cadre, nous avons été témoins de preuves de cet engagement de la part des pays de la région et du continent en général. Le mouvement rebelle du M23 a été défait et le Gouvernement de la RDC a conclu un processus de paix avec les rebelles. Un mécanisme régional de suivi de l’Accord-cadre a également été établi avec le soutien d’un Comité d’Appui Technique constitué de responsables de haut rang représentant les Chefs d’Etat et de Gouvernement de la région.
Au regard des échecs de précédents accords dans la région, les signataires avaient compris qu’il était nécessaire d’établir des indicateurs régionaux et un plan d’action détaillé pour la mise en œuvre des engagements spécifiques. Le plan d’action a été adopté au cours du dernier Sommet de l’Union Africaine à Addis-Abeba en janvier 2014 lorsque le Kenya et la République du Soudan ont également accepté de rejoindre le processus de l’Accord-cadre. Cela avait été précédé par l’adoption d’indicateurs internationaux complémentaires par les bailleurs partenaires en soutien aux objectifs de l’Accord-cadre. Ce partenariat entre pays donateurs et pays de la région est nécessaire pour traduire l’Accord-cadre en mesures concrètes sur le terrain.
Au cours de l’année écoulée, nous avons vu un accroissement graduel de la confiance et du consensus dans la région et observé une volonté accrue des dirigeants de la région de trouver une solution aux problèmes auxquels la RDC et la région sont confrontés à travers l’instrument qu’est l’Accord-cadre, lui-même fondé sur des mécanismes régionaux existants tel que le Pacte de 2006 sur la sécurité, la stabilité et le développement pour la région des Grands Lacs. Ces efforts d’appropriation de la région sont louables.
Le Président Yoweri Museveni de l’Ouganda a fourni des efforts inlassables pour faciliter le dialogue de Kampala entre le Gouvernement de la RDC et le M23 et, le Président de la RDC, Joseph Kabila a démontré son autorité de Chef d’Etat en reconnaissant qu’en dépit de la défaite militaire du M23, toute solution durable nécessite une solution globale et s’est engagé à œuvrer dans ce sens.
De plus, le tout premier sommet conjoint entre la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRCGL) et la Communauté des Etats d’Afrique Australe (SADC) a donné un signal très positif que les pays d’Afrique australe tels que l’Angola, la Zambie et le Zimbabwe qui entretiennent des liens historiques avec la RDC entendent suivre l’Accord-cadre et bâtir sur les synergies des deux blocs pour aboutir à une paix durable dans la région.
Cela n’a pas toujours été le cas dans le passé. Par conséquent, nous avons de bonnes raisons d’espérer que nous ouvrons un nouveau chapitre dans la recherche de la paix dans la région.
Un autre signe positif de l’engagement des pays dela région est la détermination de la présidence en exercice de la CIRGL, le Président José Eduardo dos Santos de l’Angola de promouvoir les objectifs de l’Accord-cadre à travers le dialogue entre le Rwanda, l’Ouganda, la RDC, l’Angola et l’Afrique du Sud sur les " forces négatives " ou groupes armés illégaux ainsi que sur les problèmes plus larges de sécurité. J’ai souligné, lors de ma visite en Angola, la semaine passée, qu’en qualité d’Envoyée Spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour la région des Grands Lacs, je suis prête à faire tout ce qui est en mon pouvoir pour travailler avec le Président dos Santos et faire avancer cet agenda. Une équipe d’Envoyés spéciaux pour la RDC et la région incluant le Représentant spécial de l’Union Africaine, travaillent également dans un esprit très collaboratif pour soutenir ces efforts.

IL N’Y A PAS DE TEMPS A PERDRE CAR BEAUCOUP RESTE A FAIRE.
Tout d’abord nous devons nous assurer de la mise en œuvre des déclarations du Gouvernement de la RDC et du M23 qui ont formellement mis fin à la rébellion selon les dispositions du processus de Kampala. Un processus de désarmement et de démobilisation complet doit être mis en place et les anciens combattants du M23 présents en Ouganda et au Rwanda doivent être rapatriés pour rétablir la confiance et réaliser des progrès.
Les aspects économiques et sociaux de l’Accord-cadre doivent être accélérés également. La paix ne peut pas s’établir sans évidence probante sur le terrain que des emplois et les affaires peuvent se développer. Il était important qu’en janvier dernier, en marge du sommet de l’Union Africaine, les représentants de gouvernements au sein du mécanisme régional de suivi aient non seulement adopté le plan d’action mais également approuvé l’organisation d’un forum d’investissement du secteur privé pour la région prévu plus tard cette année.
Les progrès seraient limités si le potentiel énorme et les valeurs des femmes et de la jeunesse n’étaient pas pris en compte dans la recherche de solutions durables et la mise en œuvre de l’Accord-cadre. 

J’étais ravie de prendre part au lancement de la Plateforme des femmes pour l’Accord-cadre pour la paix , la sécurité et la coopération à Addis-Abeba le 28 janvier en collaboration avec le Fond Global pour les Femmes et d’autres organismes de promotion des droits de la femme et de lutte contre les abus sexuels dans la région.
La Plateforme des femmes répond à la prise de conscience croissante que l’égalité des genres et la responsabilisation des femmes sont des éléments à part entière pour la paix, la sécurité, la gouvernance et le développement durable dans la région. A travers cette initiative, les groupes de femmes pourront jouer un rôle actif dans la mise en œuvre de l’Accord-cadre. Je suis également ravie de constater le lancement récent par la CIRGL du centre régional de formation à Kampala, en Ouganda pour former le personnel de sécurité dans la région sur les violences sexuelles et basées sur le genre.
Alors que nous nous acheminons vers la seconde année de l’Accord-cadre, il est temps de prendre en compte l’énergie productive des organisations de la société civile et les initiatives des communautés à la base pour attribuer les responsabilités dans la mise en œuvre de l’Accord-cadre et un meilleur futur pour tous.
Les objectifs de paix et de sécurité dans les Grands Lacs, presqu’un rêve encore il y a un an, sont maintenant à notre portée. Les signes sont assez positifs. Les générations futures ne nous pardonneront pas si nous laissons cette occasion nous échapper.

Le direct
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